Depuis Reporterre, le 7 mars 2015
Sivens : la Zad est expulsée, l’histoire n’est pas finie
La Zad du Testet a été évacuée vendredi 6 mars. Près de cinq-cents gendarmes, deux hélicoptères et un drone ont été déployés pour expulser une quarantaine de zadistes. Reportage photo et video.
- Lisle-sur-Tarn (Tarn), reportage
Le jour se lève sur la zad du Testet, vendredi 6 mars 2015. Barat, l’entrée est de la zone, est bloquée par une quinzaine de fourgons de gendarmerie. Sur place, les occupants sont déjà sur le pont. Tous savent que l’expulsion n’est plus qu’une question d’heures. Deux camions ont été autorisés à entrer sur zone pour mettre en sécurité une partie des animaux. Poules, brebis, cochons, chèvres, bouc : l’arche de Noé prend le large. A la Maison des druides, dans la forêt, une dizaine de personnes discutent de la situation : ce lieu fait partie des parcelles non expulsables pour l’instant. Pourtant, « à sept heures ce matin, les flics sont passés et nous ont demandé de partir »
En contrebas, ça s’active : on range et met à l’abri des affaires personnelles et du matériel dans les véhicules stationnés sur la route traversante. A partir de 10h, l’helicoptère de gendarmerie tournoie au dessus de la zad. Au sol, les talkies walkies sont en surchauffe. Le compte à rebours a commencé. Moins de deux heures plus tard, l’évacuation commence par la Maison des druides : les gendarmes montent cueillir les quatre personnes encore présentes.
De part et d’autre de la route qui traverse la zad, il reste deux pôles de résistance, séparés l’un de l’autre d’environ un kilomètre et demi. D’un côté, le lieu où est mort Rémi Fraisse, de l’autre, la Métairie. Vers 12h30, peu après le déploiement massif de policiers autour de la Métairie, une épaisse fumée noire s’échappe d’une cabane en feu. On ne saura pas qui, des policiers ou des zadistes, est à l’origine de l’incendie. Alors que le feu crépite, les interpellations commencent.
Trois opposants se postent sur le toit de la Métairie avant d’être délogés, comme le reste des occupants présents à cet endroit.
- A la Métairie -
Au bout de la route, le dernier pôle de résistance donne lieu à un dispositif policier démesuré. Toute la zone est quadrillée par des centaines de gendarmes qui encerclent une trentaine de zadistes.
Quatre personnes sont installées en haut du Mirador, une plate forme emblématique qui surplombe le lieu de l’assassinat de Rémi Fraisse. A l’endroit où le jeune homme est tombé, se trouve un mémorial réalisé en son souvenir.
C’est précisément là que se sont réunis la trentaine d’opposants restant.
Ils sont assis, très calmes, serrés les uns contre les autres, et chantent alors qu’autour d’eux la nasse se resserre inexorablement. « Rémi, Rémi, on t’oublie pas. »
Il est environ 14 h : les deux hélicoptères qui balaient la zone sont rejoints par un drone qui tournoie comme une guêpe. Si aucune grenade n’est lancée, les interpellations n’en sont pas moins musclées : sur chaque zadiste fondent cinq ou six gendarmes.
Les jeunes sont molestés, écrasés au sol, trainés. Une fille hurle alors que les gendarmes l’ont à moitié déshabillée en essayant de la maitriser.
- Voir la vidéo :
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