Témoignage de A. recueilli à notre permanence le 16 décembre 2019
« Le mardi 10 décembre je participais à la manifestation contre la réforme des retraites.
Autour de moi c'est plutôt cortège jeunes/étudiants/gilets jaunes bien dynamique.
Arrivés au niveau du croisement Cours Victor Hugo/rue Sainte Catherine aux alentours de 13h30/14h, une centaine de personnes environ investissent la rue saint Catherine, je les suis.
On est très vite arrêté par une ligne/colonne (je sais pas comment on dit) de policiers au niveau du Decathlon.
On reste comme ça pendant un bon quart d'heure sans que rien ne se passe (ni jet d'objets ni rien qui puisse représenter une quelconque menace) avant de faire demi-tours pour reprendre le gros du cortège Cours Victor Hugo, dans le calme.
En remontant la rue, j’aperçois une personne (une fille) sur ma gauche, elle était très proche de moi, en train de se faire attraper par un policier de la B.A.C.
Je ne m’était pas aperçu que la B.A.C était, en fait, juste derrière nous.
Par réflexe je la saisis aussi et la tire pour qu'elle ne soit pas arrêtée.
Là, le policier de la B.A.C brandit sa matraque et m’assène trois ou quatre coups très très violents, j'ai juste le temps de mettre mon bras gauche pour me protéger la tête. Tout est allé très vite.
J'ai tellement mal que je lâche prise sur la personne que je tentais de tirer, et je sens qu'on me tire aussi en arrière. Je fais quelques pas pour m'éloigner un peu et je commence à sentir des lacrymos.
Alors que tout le monde était calme la B.A.C a encore réussi a mettre la panique.
Deux dames viennent m'aider et un commerçant nous fait signe, pour qu’on puisse se mettre a l’abri dans son commerce.
On attend que ça se calme.
Au bout de quelques minutes, on ressort du commerce.
Je croise des Medics, (je ne sais plus si c’était avant ou après les lacrymo et être rentrer dans le commerce).
Ils inspectent mon bras : on est d'accord, vaux mieux que j'aille voire ça à l'hosto.
Je décide de quitter la manifestation et je me rends aux urgences de l’hôpital St André.
Je passe une radio, le médecin urgentiste constate une fracture nette du cubitus.
Je suis opérée à l’hôpital Pellegrin où je suis transférée car il y a un service d’orthopédie : on m'ouvre le bras et on me pose deux plaques et des vises pour ressouder l'os que je dois garder un an. La plaie est refermée avec une quinzaine d’agrafes.
Le médecin indique sur le certificat médical une I.T.T (interruption temporaire de travail) de 21 jours.
J'ai noté une grande agressivité de la part des policiers alors même que ni moi ni la jeune fille ne représentaient ni un quelconque danger, ni une quelconque menace.
Que me serait-il arrivé si ces coups violents avaient été portés sur mon visage ou ma tête ?
Je pense à tout ceux et celles qui n'ont plus l'occasion de se poser cette question.
Je tiens aussi absolument à saluer et remercier les personnelles des services hospitaliers des hôpitaux de St André et de Pellegrins, agents-es de propretés, médecins, infirmiers-eres, aides soignant-tes, brancardier-eres, radiologues...qui avec le peu de moyens qu'ils et elles ont, font tout, je dis bien tout, pour faire leur travail correctement et soulager les douleurs. MERCI. »