Le 11 décembre 2019
Alors que mercredi dernier, le haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés a exhorté la Grèce à améliorer les conditions de vie dans les camps, un groupe de travail onusien a réitéré ce vendredi ses inquiétudes à la suite d’une enquête réalisée dans des centres de migrants.
Un groupe de travail onusien sur la détention arbitraire s’est dit " « préoccupé » " ce vendredi après le vote récent d’une loi durcissant l’octroi d’asile en Grèce, ce qui risque, selon les experts, de "compromettre le principe d’exception de la détention pour les demandeurs d’asile".
Il a en outre appelé la Grèce à "mettre immédiatement fin aux « pushbacks » (renvois illégaux à la frontière) des migrants à Evros", à la frontière terrestre avec la Turquie.
« Des procédures plus restrictives »
Selon ce groupe, les migrants, en arrivant à Evros, "sont détenus dans des conditions très misérables" et sont "retournés en Turquie voisine sans avoir le temps de demander une protection internationale en Grèce".
Ces experts ont également dénoncé la détention "sans justification" de mineurs non accompagnés et d’autres enfants "en raison de procédures erronées", a relevé Leigh Toomey, membre de ce groupe lors d’une conférence de presse à Athènes.
La nouvelle loi sur l’asile risque "d’introduire des procédures plus restrictives qui pourraient compromettre le principe légal selon lequel la détention des demandeurs d’asile est exceptionnelle", a indiqué également Sètondji Roland Adjovi, autre membre du groupe.
Parer la recrudescence des flux migratoires
Le gouvernement conservateur grec de Kyriakos Mitsotakis a récemment adopté des mesures plus strictes pour les migrants allant du durcissement de l’octroi d’asile à un projet de centres fermés sur les îles, en passant par la privation de l’accès aux services de santé.
Le groupe onusien s’est dit inquiet "du prolongement de la période maximale de détention […] qui peut atteindre 36 mois […], ce qui tend à montrer que la détention de migrants et demandeurs d’asile devient plutôt la règle et non pas l’exception", a déploré Sètondji Roland Adjovi.
Il a appelé le gouvernement à garantir que les futurs centres d’accueil prévus sur les cinq îles de la mer Egée pour remplacer les camps insalubres et surpeuplés actuels, "seront ouverts pour ne pas encourager des pratiques de détention des demandeurs d’asile".
Les experts ont souligné que la détention doit être une mesure exceptionnelle de dernier ressort appliquée au cas par cas et pour une période la plus courte possible.
Privation des libertés
Le groupe a réalisé une enquête dans des centres de migrants et des commissariats au cours de laquelle ils ont identifié "des problèmes sérieux qui peuvent entraîner la privation arbitraire de liberté".
Parmi ces problèmes figurent surtout "la détention injustifiée des mineurs non accompagnés", "les retards pris dans l’enregistrement des demandeurs d’asile", "la détention dans des centres inappropriés", le manque d’aide juridique ou d’interprétariat, a indiqué Antonio Guevara Bermudez, un autre membre de ce groupe.
Les experts se sont dits "particulièrement préoccupés" par "la restriction géographique" imposée aux demandeurs d’asile sur les îles, où ils sont cantonnés le temps de la procédure d’asile en vertu d’une déclaration de 2016 entre l’Union européenne et la Turquie.
Selon cette déclaration visant à réduire le flux migratoire, le transfert des demandeurs d’asile des îles grecques vers la Grèce continentale n’est prévu que pour des personnes "vulnérables".
commenter cet article …