Transmis le 8 juin 2013
Le procès de Villiers le bel une belle Mascarade !
Le 6 et 7 juin 2013, s'est tenu le procès de Franck Viallet. Le policier, poursuivi pour homicides involontaires comparaissait au Tribunal de Pontoise.
Le 25 novembre 2007, à Villiers le Bel, M.Viallet, le conducteur d'une fourgonnette de police avait percuté la moto de deux jeunes, Moushin et Lakamy, entrainant la mort des deux adolescents. Franck Viallet est accusé de n'avoir pas respecté la limite de vitesse autorisée au moment de la collision (selon un rapport d'expertise, le véhicule de police roulait à près de 64 km/h au lieu des 50 km/h autorisés). Ouverture du procès : le ton est donné.
Assise dans la salle, j'écoute la présidente qui demande à ce policier de revenir sur les faits, sourire aux lèvres, elle veut savoir si M.Viallet se souvient des détails de la collision. Elle dit comprendre la difficulté à souvenir de "faits qui remontent à très longtemps".
A ma grande stupeur, je fait la comparaison (ayant assisté a d'autres procès ou des jeunes sont jugés pour vol ou usage de stup) avec la différence de ton: nous ne sommes pas tous égaux face a la justice. Je note également la présence des syndicats de policiers ainsi que des collègues venus en nombre soutenir ce policier.
C'est au tour de L'avocat du policier.
Il s'adresse aux familles des victimes. Voici ses propos : "Je m'incline devant la douleur des familles en mon nom et celui de mon client, qui depuis ce 25 novembre 2007, ne dort plus. Sa vie n'est plus la même, il ne dort pas la nuit etc....". Ou comment inverser les rôles: a croire que M.Viallet est devenu la victime ! L'avocat continue en précisant " que si ces collègues sont venus le soutenir c'est pas par esprit corporatif mais par amitié". CQFD.
Une proposition d'indemnisation est faite aux familles et il s'agit de savoir si elles peuvent l'obtenir. Il revient sur la responsabilité des jeunes : non respect du code de la route, ils ne portaient pas de casques....Pour lui, la seule erreur du policier a été de ne pas savoir a quelle allure il allait au moment du choc. En gros il s'agirait d'un simple accident de la circulation, comme il peut y en avoir tous les jours !
Il précise enfin, "que bien entendu, les familles peuvent obtenir une indemnisation, même si responsabilité est clairement établie! : "vous savez, continue-t-il, vos enfants s'ils étaient resté en vie, seraient devant la Cour. Ils n'auraient pas droit à une indemnisation mais du fait qu'ils sont morts, et que la famille n'a pas fait trop fait de bruit et que vous avez été digne jusqu'à la fin, on va quand même vous indemniser ! Stupéfaction, je suis choquée, écœurée, envie de vomir.
Je repense au procès du policier qui a abattu mon frère d'une balle dans le dos. Je ressort de là, déterminée à ce qu'on m'entende au nom de toutes ces familles de victimes qui continuent à croire que la justice condamnera un jour ces policiers meurtriers qui se sentent "Au dessus des lois". Alors que la justice continue à relaxer, donner des permis de tuer en toute impunité. Une justice ferme et sans pitié avec le citoyen lambda et une justice complaisante avec ces policiers "bien sous tous rapport".
Une colère me pousse à me mettre en bas des marches du palais de justice de Pontoise où je brandis cette banderole. Il yest écrit: " Que justice soit faite, Non aux flics voyous". Un attroupement de CRS se forme devant moi, des journalistes filment, des lycéens viennent me poser des questions. Un geste symbolique, pour transmettre ce message a cette justice qui se dit impartial. Moi qui avait cru comprendre au congrès de l'union syndicale de la magistrature qui avait eu lieu au mois d'octobre dernier, que "l'indépendance de la justice c'est maintenant". Utopie ou réalité? L'avenir nous le dira.
Amal Bentounsi
Collectif " urgence notre police assassine"
http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/