Transmis par wsol
Un article de Olivier LABOURET
Médecin Psychiatre, Union Syndicale de la Psychiatrie, Collectif contre la Nuit Sécuritaire, Conseil Scientifique d’Attac
La nouvelle frontière de la nuit sécuritaire : l’enfermement à domicile. Où la psychiatrie pourrait bien parachever l’ordre total que l’hystérie contemporaine, progressivement, impose.
L’État français néolibéral, après une campagne médiatique sécuritaire commandée avec acharnement par celui qui l’incarne, compte réformer la loi de 1990 sur les soins sans consentement.
Contrairement à l’analyse qui en est faite par de nombreux confrères psychiatres, le danger principal de ce projet de loi ne réside pas dans la multiplication des hospitalisations à la demande de l’autorité publique, qui signerait le retour du grand renfermement asilaire. L’internement coûte cher, et le personnel soignant comme les places manquent : que la surpopulation devienne la règle à l’hôpital comme c’est le cas en prison, est une hypothèse improbable - on n’a pas encore trouvé par quel mécanisme schizophrénique faire rentrer deux patients dans une seule chambre d’isolement…
Non, la conséquence la plus redoutable de cette loi (si elle est adoptée) va être la généralisation des soins sans consentement en ambulatoire[1], et la société de contrôle panoptique qu’elle annonce et va entraîner irrémédiablement dans son sillage… Ce que cette loi présage, ce n’est en effet ni plus ni moins que le grand renfermement… à domicile !
Tels sont les symptômes avant-coureurs de cette évolution sociale tout à la fois psychologique et politique, d’un enfermement chez soi et en soi croissant, compatible avec la poursuite d’objectifs économiques nécessitant un parfait conformisme des masses à l’ordre public dominant :
- L’inviolabilité du domicile n’existe plus depuis la loi Perben II de 2004 : la police peut rentrer chez n’importe qui à toute heure du jour et de la nuit. Cette intrusion est redoublée par la toute récente loi LOPPSI II, qui permet désormais l’espionnage par la police de toutes les communications électroniques privées.
- Le chef de l’État français lui-même, dans un discours qui a fait date, a promis l’aide technique de la géolocalisation pour surveiller les dangereux schizophrènes (c’est devenu un pléonasme pour le bon peuple). L’assignation à domicile (ou à proximité) par bracelet électronique est déjà largement étendue depuis 1997 comme peine substitutive à l’enfermement carcéral.
- L’hospitalisation à domicile psychiatrique a été expérimentée et s’est développée dans de nombreux départements depuis 2004[2].
- Il appartient aux médecins de prononcer les arrêts de travail, comportant des heures fixes de présence quotidienne obligatoire à domicile[3]. Cette disposition vise à faciliter les contrôles, notamment à l’initiative des employeurs[4], pour lutter contre la fraude aux arrêts de travail abusifs. Il est particulièrement intéressant de constater comme le recours banalisé à la caution scientiste de la médecine permet ainsi d’enfreindre la liberté d’aller et de venir, droit pourtant constitutionnel[5] !
- Rappelons comment la propagande testée en 2008 autour de la grippe A, a répandu l’idée d’un confinement généralisé de la population, et planifié un état d’exception où les droits du travail et de la justice pourraient être bafoués du jour au lendemain.
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http://www.parisseveille.info/l-avenir-radieux-de-la-flichiatrie,2518.html