Salut à toi l’inconnu tabassé le jeudi 19 août 2010 à Mérignac, Gironde, quartier d’Arlac, au niveau des 61-63 rue Aristide Briand
Soirée d’été, fin de dîner, à pas plus d’un quart d’heure de 21h, crissements de pneus :
pas d’affolement, une nouvelle démonstration de virilité au démarrage du feu
BOUM ! d’un choc : merde ils ont cartonné, et depuis la fenêtre de la cuisine, une caisse sans prétention, plutôt dans le vert foncé, l’avant enfoncé, en travers de la rue A.Briand direction Arlac
En sens inverse direction Bordeaux, une voiture police nationale, intacte, d’où sort un flic décidé, tonfa ou autre en main : Affolement la police est déjà là ! fin d’une course poursuite ?
Merde pas d’appareil photos sous la main !
Direction balcon de la chambre, 4ème étage, vue imprenable sur quartier résidentiel insensible
L’autre flic attrape du matos à l’arrière de la voiture ou y enfourne quelqu’un, je ne sais pas (pour mon ami cette scène est très claire : le matos en question c’est une bombe de gaz lacrymo et il l’utilise directe en gazant dans la voiture côté conducteur)
Tension, un gars à côté de la caisse emboutie, tendu de désespoir pour sa cause, pas trop décidé à se rendre…(probablement gazé, shoote dans un enjoliveur), pas d’arrestation immédiate
L’encerclement commence, une voiture de police est arrivée en renfort, police nationale, on est qu’à 3mn du commissariat central à vol de véhicule prioritaire
Un break de la BAC déboule et de 6 contre 1, ça devrait aller pour une arrestation réglementaire (mon ami doute, BAC maintenant ou plus tard…)
Le voisinage assiste, quelques personnes sur le trottoir à une quarantaine de mètres, quelques autres aux balcons et fenêtres, c’est les vacances
Le mec se décide à se rendre, lève les bras et se dirige vers la première voiture de police sous la pression d’un cercle d’uniformes qui se resserre mais il est encore libre de se déplacer
Quasi arrivé à la voiture, sur le point d’être saisi, il se baisse ramasser un gros truc (un enjoliveur m’affirmera mon ami) et se met à frotter le pare brise de la voiture de flics (à taper dessus insistera mon ami)
Derniers bruits en guise de cris: il vient de sonner la charge de la meute
Perte de sang froid face à un mec au sang chaud, mon sang ne fait qu’un tour mais bon sens ARRETEZ j’hurle dans ma tête, angoissée d’impuissance
Ça va vite très vite, ça frappe fort très fort, il est déjà à terre en train de se taire sous les coups près de sa voiture
Mais très vite plus de scène en direct, elle se déplace dans le jardin d’une maison derrière des arbres à l’abri de mon regard
« Laissez-le » gueule entre autres un voisin à plusieurs reprises pour prendre sa défense
« Lâchez le ! lâchez le ! » je reprends en écho
Mais que fait la police ? mais que faire ? descendre ? noter…noter les détails pour témoigner
21H10 : 2 véhicules de police,1 voiture de la BAC, leurs occupants tiennent méchamment compagnie à un homme seul : je flippe pour lui, je crains le pire, ça dure, j’ai envie de descendre mais le temps d’y être…
Le ciel s’assombrit, le voisinage assiste mais n’assiste pas
Un flic chemise claire sort rapidement, crache sur le trottoir, plié en 2 tentant de reprendre sa respiration…un long chemin pour reprendre son souffle, pas assez d’air dans le jardin ou besoin de mise en scène pour d’éventuels braves gens témoins… ?
Et toi l’inconnu as-tu réussi à respirer plus fort que le poumon de tes bourreaux ?
Merde comment vas-tu l’inconnu ?
5 flics tenues bleues marines foncées, 2 chemises claires,
pourquoi j’ai noté ça, police partout
21H21 : arrivée du camion rouge du 18, ses lumières éblouissantes clignotent dans la nuit qui tombe mais sans sirène, justice nulle part
21H30 : ouf ! te voilà debout, menotté, encadré qui entre dans le camion de secours, t’es vivant. Bienvenu l’inconnu
Portes entre-ouvertes du 18, tu t’écroules à côté du lit brancard
Un fourgon de police arrive masquant la scène, encore du renfort mais aucun réconfort
5 flics, 2 à 3 ambulanciers échangent autour du 18
21H34 : plus rien à gratter la BAC repart
Les témoins s’essoufflent et rentrent peu à peu, il fait presque noir.
T’es toujours dans l’ambulance plus exactement dans le camion de secours du 18, rouge aux bandes jaunes fluo
8 commères et leur compère refont la scène à 30,40 mètres
21H40 : des flics retournent dans le jardin
21H42 : je t’ai pas vu descendre l’inconnu, tu repars avec les secours, le fourgon de police suit.
Je suis vénère, escalade gratuite de violence, t’es peut-être coupable mais sûrement pas d’être devenu victime.
Rapport de force déséquilibré et pas de paix pour autant
Je respire quand même, t’es à l’abri des coups pour un moment
Restent 2 voitures et l’épave, tous feux éteints, pas de triangle ni de lumière pour signaliser l’encombrement de la chaussée, une moto a failli se faire surprendre
21H47 : ramassage de débris sur la route, une voiture de police part, celle partie prenante dès le début. Plusieurs voitures se croisent, et toujours pas de signalisation, la nuit est pourtant vraiment tombée
21H51 : l’heure de la dépanneuse pour embarquer la voiture emboutie
21H57 : la dépanneuse se met enfin en place après palabres, charge de la voiture, uniquement sous les feux des lampadaires. Quelques minutes plus tard, plus rien. FIN
Mon témoignage avec quelques doutes
Nos certitudes : surréaction, sureffectif et surenchère de violences
Vous avez provoqué la police ? Vous repartirez avec les pompiers
Pourquoi n’avez vous pas réussi à vous élever au dessus des provocations d’un seul homme ne présentant aucun danger ?
Pourquoi n’avez-vous pas trouvé en vous les forces de l’ordre ?
Pourquoi avez-vous céder aux sirènes de cette haine ordinaire qui nous détruit tous ?
Les gardiens de la paix ne sont-ils que les garants de nos peurs ?
Et à qui profitent nos peurs ?
PAS DE JUSTICE PAS DE PAIX
Salut à toi l’Inconnu, victime d’abus policiers
Nb : Si ce témoignage peut être utile à te rendre justice, même si tu t’avères le dernier des crétins, il sera le tiens. Contacte le CLAP : collectif.clap33@gmail.com