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18 avril 2019 4 18 /04 /avril /2019 15:15

Le 15 avril 2019

La Quadrature du Net publie et analyse les documents obtenus auprès de la mairie de Saint-Etienne sur son projet de « Safe City ».

Micros couplés à la vidéosurveillance, drones automatisés, application de dénonciation citoyenne… Ils révèlent la ville sous-surveillance telle que fantasmée par son maire, Gaël Perdriau.

Au début du mois de mars, nous apprenions que la mairie de Saint-Étienne prévoyait d’installer, au titre d’une expérimentation, plusieurs dizaines de microphones dans un quartier de la ville afin d’en capter les « bruits suspects » et d’aider à l’intervention plus rapide des services de police.

Cette expérimentation ressemblant fortement aux projets de Smart Cities sécuritaires que nous dénonçons depuis plus d’un an, nous avons aussitôt fait une demande de communication des documents administratifs, nous adressant non seulement à la ville mais aussi la CNIL qui avait été abondamment citée dans les articles de presse.

Il y a une semaine, nous avons eu les réponses à nos demandes.

Tandis que la CNIL nous indique n’avoir rien à nous transmettre, la ville de Saint-Étienne nous a communiqué plus de deux cent pages de rapports, compte-rendus de réunions, courriers électroniques que nous publions ici (après un peu de caviardage pour protéger les données personnelles – voir la liste à la fin de l’article).

Ces documents permettent bien de dévoiler la « Safe City » telle que fantasmée par le maire Les Républicain de la ville, Gaël Perdriau : capteurs sonores couplés à la vidéosurveillance, drones automatisés, application type « Reporty » … le tout sous couvert de « tranquillité urbaine », d’ « attractivité du territoire » et surtout d’ « innovation technologique ».

Lire la suite :
https://www.laquadrature.net/2019/04/15/mouchards-et-drone-a-saint-etienne-le-maire-veut-etouffer-le-debat/

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2 avril 2019 2 02 /04 /avril /2019 12:36

Le 11 janvier 2019

Alors qu’à travers la France les forces de l’ordre s’agitent férocement pour défendre le régime, S. dort en détention provisoire depuis le 27 mars 2018 à la maison d’arrêt de Limoges.

Accusé d’avoir incendié des véhicules de la gendarmerie à la caserne Jourdan de Limoges, il est retenu pour quelques traces d’ADN frauduleusement obtenues.

Seul élément à charge dans un dossier lourd de milliers de pages qui justifie pourtant de le garder à l’ombre. Y restera-t-il jusqu’à la fin de l’enquête, qui devrait durer plusieurs mois encore ?

Mise à jour le 11 janvier : la demande de liberté est refusée malgré le soutien d’une trentaine de personnes dans la salle.
En mots et en actes

A l’heure où la France s’embrase, la répression policière et judiciaire s’abat sur le mouvement des gilets jaunes et associé·e·s. Dans la rue, la police fait son boulot. Par tous les moyens, maintenir un ordre inique et contesté : arrestations préventives, gaz en masse, tabassages, grenades par milliers ; les blessures physiques ou psychologiques s’accumulent. À Marseille une femme de quatre-vingts ans est morte après s’être pris une lacrymo dans la tête, dans son appartement au quatrième étage, tandis qu’à Toulouse, une autre personne a passé une dizaine de jours dans le coma suite à un tir de flash-ball. Dans les tribunaux, les peines s’entassent : prison ferme, travail d’intérêt général (TIG), interdictions de manifestation. La terreur instillée dans la rue se poursuit dans les palais de justice.

Il semble bien que la marche de l’époque ne convienne plus à nombre d’entre nous, au point de prendre le risque de la mutilation policière ou de l’enfermement pour le crier haut et fort, en mots et en actes.

Sous certains aspects cela n’est pas sans rappeler le printemps 2016 et ses mobilisations contre la loi Travail. Après des mois de mobilisations et des centaines de blessé·e·s, les forces de l’ordre s’indignent qu’on puisse les haïr, et se regroupent place de la République pour dénoncer la haine antiflics. Point trop n’en faut.

Un contre-rassemblement est appelé, lequel, parti en cortège sur le quai de Valmy, croise la route des pandores. Ni une ni deux, la voiture part en fumée, sous les crépitements des flashs des journalistes alors présents en nombre.

Dans la foulée, une enquête est ouverte pour « tentative d’homicide », qui sera ensuite requalifiée en « participation à un attroupement violent ».

Au terme de quelques mois d’investigations dans ce qu’on nomme alors « l’affaire du quai de Valmy », plusieurs personnes sont arrêtées et certaines d’entre elles placées en détention provisoire en attente du procès, qui aura lieu en septembre 2017.

Solidarité

Au cours de la période allant des arrestations au procès, une vague de solidarité s’exprime avec les inculpé·e·s. Pour celles et ceux qui ont vécu le mouvement il s’agit de maintenir les liens tissés durant la mobilisation, face à la répression de l’État, ses bricolages romanesques, ses fables judiciaires et ses mensonges éhontés. Cantines de soutien, discussions, banderoles, actions directes, les moyens sont à l’image du mouvement, divers et variés.

Pendant la semaine du procès, cinq véhicules de la gendarmerie sont incendiés à Limoges.

Le communiqué revendiquant l’action, signé de « Gendarmes exilés », rappelle la violence des forces de l’ordre et les divers assassinats qu’elles ont pu perpétrer, Adama Traoré ou Rémi Fraisse en tête.

Ils y affirment

« Nous quittons la gendarmerie, car nous ne voulons plus tuer, mutiler, réprimer, contrôler, obéir.

Depuis l’assassinat de Rémi Fraisse nous nous sommes réunis pour réfléchir ensemble sur le sens de notre métier de gendarmes mobiles.

Le meurtre d’Adama Traoré a confirmé nos doutes sur la pertinence de notre mission.

Nous ne voulons plus tabasser les manifestant·e·s lors des manifestations.
Nous ne voulons plus terroriser la population en Nouvelle-Calédonie ou en Guyane.
Nous ne voulons plus servir de garde-chiourme dans les tribunaux.
Nous ne voulons plus faire office d’armée d’occupation en banlieue ou dans les anciennes colonies.
Nous ne voulons plus obéir aux politiciens et servir de bras armé du Capital.
Nous ne voulons plus de chef du tout. » [1]

Piteux contes policiers

Il va sans dire que ce n’est pas vraiment du goût de la maréchaussée. Une instruction est alors ouverte pour « association de malfaiteurs » sous la direction de Mme Catherine Dayre, juge d’instruction au tribunal de grande instance (TGI) de Limoges.

Le chef d’inculpation paraît presque banal tant il resurgit les dernières années pour épier et écraser les mouvements contestataires, à Paris, Rennes, Lyon ou encore Bure.

Datant de la fin du XIXe siècle, l’inculpation pour « association de malfaiteurs » est construite avec les « lois scélérates » pour casser le mouvement anarchiste et ses soutiens, alors galvanisés par l’expérience récente de la Commune de Paris. Ce qu’elle vise à réprimer ce ne sont pas des faits, mais bien des intentions. Définie comme « entente en vue de commettre » elle permet aux pouvoirs publics d’établir une surveillance très large, cartographiant les réseaux de solidarité, fantasmant de prétendues organisations révolutionnaires ou crapuleuses, loin de faits réellement établis et sans besoin de preuves matérielles. [2]

Pourtant, et malgré les moyens déployés, à Limoges, un mois après les incendies, l’enquête piétine.

Les prélèvements ADN ne donnent rien ou si peu. Quelques traces sur un portail extérieur de la gendarmerie qui, comparées au FNAEG [3], semblent correspondre à d’autres retrouvées en 2015 lors d’une action de solidarité avec les expulsés de Calais à Toulouse. [4]

Qui pouvait donc se trouver à Limoges en 2017 et à Toulouse en 2015 ? Après recoupement appuyé sur les fiches du renseignement, les gendarmes ont bien un suspect en vue : S., fiché comme militant depuis des années, ayant toujours refusé de donner son ADN, habitant près de la caserne Jourdan, installé à Limoges depuis près de deux ans mais ayant vécu à Toulouse. Cependant la surveillance ne donne rien, rien d’autre qu’une vie désespérément « normale ».

Les gendarmes sont survoltés, ils trépignent. Pris pour cible par l’action et son communiqué, ils en font une affaire personnelle, une revanche à prendre.

À la fois partie civile et enquêteurs, ils n’en sont pas à une mauvaise foi près. Ils supplient alors la juge de leur accorder une faveur : transgresser sa propre loi et autoriser la prise d’ADN sans consentement, tout en affirmant que cette vie si anodine ne peut que cacher des intentions criminelles. On croit marcher sur la tête.
Sensible au dépit des enquêteurs, la juge ne peut que satisfaire leur demande. Les gendarmes s’empressent alors de voler de l’ADN sur le vélo de S., alors qu’il est à un cours de salsa. Quand les résultats tombent, ils jubilent : l’ADN pris sur le vélo correspond bel et bien aux traces retrouvées sur le portail extérieur de la caserne. [5]

Malgré les largesses de la magistrate, les gendarmes en veulent plus, toujours. À Noël 2017, ils vont même jusqu’à sonoriser l’appartement du suspect, après avoir placé ses éventuels « complices » (entendre ici « ses amis » ) et leurs entourages sous écoute et surveillance.

Le 27 mars 2018 l’enquête se dévoile au plein jour. A 6 h 05 pétantes, les portes tombent, les perquisitions sont lancées - Limoges, Amiens, Toulouse -, l’action est coordonnée : ordinateurs, téléphones et clés USB sont, entre autres, mis sous scellés. Trois personnes sont placées en garde à vue (GAV) dans des gendarmeries de la Haute-Vienne (Limoges, Amabazac et Aixe-sur-Vienne) pour participation à la fameuse association de malfaiteurs sur la base de leurs profils militants et de leurs relations avec S. La machine à fantasme policière tourne à plein régime et chaque personne se voit attribuer un rôle : logisticien, informaticienne, messager, communiquante.

Durant l’interrogatoire, les questions posées sont bien loin des faits reprochés : amitiés, revenus, véhicules, opinions politiques, conversations téléphoniques, activités militantes, voyages, les vies sont passées au peigne fin. Tout semble pouvoir devenir incriminant.

Il faut bien qu’ils justifient salaires et moyens ces enquêteurs. Pour ça, ils sortent leur plus belle plume, sans grande originalité d’ailleurs. C’est ainsi que, remixant les éléments connus de la vie de S., ils rejouent le coup, bien connu maintenant, du parcours de radicalisation, remontant même dix ans en arrière à un mémoire universitaire dans lequel les brigades anticriminalité (BAC) étaient vivement critiquées.

Si deux personnes sont relâchées à l’issue de leurs garde à vue, par manque d’éléments probants, S. est lui retenu, principalement pour ces quelques traces d’ADN et son « appartenance idéologique ». Après près de quatre jours d’une GAV criminelle, il est incarcéré en détention provisoire et l’accusation est requalifiée en « destruction en bande organisée ».

Détention provisoire

Neuf mois que ça dure. Pas de date de procès. Pas la moindre explication. Toutes les demandes de mise en liberté (DML) ont été rejetées, au motif que des preuves pourraient disparaître, que des complices pourraient s’entendre ou que l’ordre public pourrait être troublé. Ce qui est sûr, c’est qu’ils cherchent encore les autres membres de cette supposée bande : au moins une personne est actuellement recherchée.

Les enquêteurs travaillent dans l’ombre, loin du raffut médiatique, évitant ainsi la mise en place d’une solidarité publique. Ils veulent à tout prix se protéger de l’amalgame avec l’affaire Tarnac, dont le procès a eu lieu la semaine des arrestations et qui a dévoilé le ridicule de la procédure judiciaire et ses constructions narratives. Pour eux, pas question que se mettent en place des comités de soutien. [6]

A l’heure actuelle, près de 30 % de la population carcérale est incarcérée sans avoir eu de procès, retenue en détention provisoire ou préventive, attendant un jugement qui confirmera souvent la peine déjà effectuée. S. est de ceux-ci.

En grande fan de Renaud, la juge le maintient en détention, seul inculpé d’une « bande organisée ». S. serait-il une « bande organisée à lui tout seul » ?

Depuis, toutes les initiatives de soutien sont dans le viseur. Rassemblements et soirées de solidarité sont surveillés, parfois photographiés et les nouvelles pièces ainsi créées versées au dossier. Les parloirs sont écoutés et les personnes qui s’y rendent sont filées à leur sortie. La liste des personnes sous surveillance dans cette affaire ne fait que s’allonger tandis qu’on apprend que les enquêteurs tentent de construire des liens à travers la France entière, reliant des affaires a priori sans lien.

Bataille judiciaire

Un an jour pour jour après le prélèvement illégal de son ADN, S. et ses avocats ont déposé une requête en nullité à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Limoges. La requête s’appuie sur l’article 706-56, I al. 5 du CPP (code de procédure pénal) qui stipule qu’il est interdit d’obtenir l’ADN d’un individu sans son consentement, à moins qu’il n’ait été condamné pour des actes criminels, ce qui n’est pas le cas de S.

Le 29 novembre cette requête a été rejetée sans que l’on ne sache pourquoi.

L’affaire ne s’arrête pourtant pas là, une nouvelle demande de mise en liberté a été déposée le jeudi 13 décembre, tandis qu’un pourvoi en cassation est en cours et devrait être instruit début 2019. L’enjeu est de taille : faire sortir S. de l’isolement carcéral, enrayer la logique judiciaire, gagner une jurisprudence qui pourrait profiter à tout le monde et affirmer le refus du fichage génétique de la population.

Dans le droit, l’ADN seul ne peut pourtant pas constituer une preuve. Considéré comme un indice, il est néanmoins largement utilisé pour justifier des détentions, comme c’est le cas ici. En effet, l’indice ADN, articulé à une belle histoire consciencieusement bricolée par la police, suffit très souvent à faire preuve et à convaincre la juge. [7] Faut-il ici rappeler que si l’ADN a été introduit dans les procédures judiciaires sous prétexte de traquer les pédophiles, il est aujourd’hui étendu à l’ensemble de la population et prélevé à la moindre interpellation ?

La répression agit toujours de la même manière, se construisant depuis les marges pour ensuite s’étendre à l’ensemble du social. C’est par exemple le cas des brigades anticriminalités (BAC), ces bandes assermentées et ultra-violentes si nombreuses durant les manifestations. Elles sont en fait issues des anciennes brigades coloniales, importées en France pour faire du chiffre et gérer les damnés de la terre parqués dans les banlieues pauvres, véritables laboratoires de la répression d’État. [8]

À l’heure où l’État s’engage dans la construction de 33 nouvelles prisons, la justice enferme de plus en plus. Distribuant les peines à la chaîne dans les usines à gaz que sont les chambres de comparutions immédiates où, fabriquant des coupables dans des enquêtes aussi longues que hasardeuses, la logique reste la même. Le grand théâtre judiciaire rejoue inlassablement la même scène : écraser ce qui dépasse, briser des vies et rappeler à l’ordre tous les réfractaires à la marche de ce monde.

Rassemblons-nous

Leurs intimidations et leurs humiliations ne fonctionnent que jusqu’au moment où, brisant l’isolement répressif et refusant les catégories du pouvoir (bon ou mauvais militant/citoyen/... violent/non-violent...) nous nous tenons solidaires face aux constructions policiaro-judiciaires.

Sans surprise la demande de mise en liberté du 13 décembre 2018 a été refusée, S. et ses avocats ont fait appel de la décision et l’audience aura lieu le 10 janvier, à 8h30. En soutien, un appel est lancé à se rassembler devant la cour d’appel (place d’Aisne), l’audience sera ouverte selon le bon vouloir du juge.
Le pourvoi en cassation est lui aussi en cours. L’audience devrait avoir lieu d’ici au printemps.

D’ici là, soyons nombreux et nombreuses à se rassembler devant la cour d’appel de Limoges, 17, place d’Aine, et partout ailleurs pour l’appel de la demande de mise en liberté et pour soutenir S face à la mécanique judiciaire.

Si l’on récapitule cette affaire rocambolesque ça donne : un incendie de véhicules de gendarmerie la nuit du 17 septembre 2017 ; une instruction pour association de malfaiteurs ; des gendarmes enquêteurs ; le fantasme de l’ultragauche anarchiste ; les fiches de renseignements et des traces d’ADN qui ne font pas preuve ; une surveillance déployée tous azimuts qui ne donne rien qu’un dossier plein de vide ; des perquisitions, des gardes à vue et une personne inculpée seule dans une bande organisée.

Malgré tout, S. encore en détention pour une accusation bien fragile. Pour combien de temps encore ?

Pour plus d’infos ou pour envoyer du soutien : unebandeorganiseealuitoutseul@riseup.net

Plus de précisions concernant les dates d’audiences et les rassemblements de soutien à venir.

***
Ci-dessous, l’intégralité du communiqué revendiquant l’incendie de véhicules de gendarmerie dans la caserne Jourdan :

"Dans la nuit du 18 septembre 2017, nous, ex-gendarmes de l’escadron de gendarmerie mobile 41/2 avons décidé collectivement d’incendier trois fourgons de GM et deux bus de gendarmerie stationnés dans l’enceinte de la caserne Jourdan à Limoges.
Par ce geste, nous quittons définitivement la gendarmerie.

Nous souhaitons également adresser toute notre solidarité aux inculpé-e-s dans l’affaire de la voiture de police brulée quai Valmy, dont le procès commence aujourd’hui, 19 septembre 2017 à Paris.

Nous quittons la gendarmerie car nous ne voulons plus tuer, mutiler, réprimer, contrôler, obeir.
Depuis l’assassinat de Rémi Fraisse nous nous sommes réunis pour réfléchir ensemble sur le sens de notre métier de gendarmes mobiles.

Le meurtre d’Adama Traoré a confirmé nos doutes sur la pertinence de notre mission.

Nous ne voulons plus tabasser les manifestant-e-s lors des manifestations.
Nous ne voulons plus terroriser la population en Nouvelle-Calédonie ou en Guyane.
Nous ne voulons plus servir de garde-chiourme dans les tribunaux.
Nous ne voulons plus faire office d’armée d’occupation en banlieue ou dans les anciennes colonies.
Nous ne voulons plus obéir aux politiciens et servir de bras armé du Capital.
Nous ne voulons plus de chef du tout.
Notre caserne est une prison, cette mutinerie est un premier pas vers la conquête de notre liberté.
Nous appelons tous nos collègues, qui du haut de leur appartement de fonction, ont pu contempler le feu de joie de la nuit dernière, à nous rejoindre.

Répandez la RAGE !

Révolte Anarchiste des Gendarmes Exilés."


Notes

[1Pour lire le communiqué dans son intégralité :
https://www.nantes.indymedia.org/articles/38560.

[3FNAEG : Fichier national des empreintes génétiques.

[4En l’occurence le déménagement du siège toulousain de feu l’UMP.

[5A ce sujet, lire le texte Limoges, chronologie d’une farce judiciaire :
https://labogue.info/spip.php?article292&lang=fr

[6Voir les déclarations de la gendarmerie dans la presse au lendemain de la mise en examen :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/voitures-gendarmes-incendiees-limoges-affaire-sensible-1452967.html

[8Mathieu Rigouste, La Domination policière. Une violence industrielle, Paris, La Fabrique, 2012.

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29 mars 2019 5 29 /03 /mars /2019 16:23

Le 15 mars 2019

Une entreprise française sait beaucoup de choses sur vous : où vous habitez, quand vous déménagez, de combien de membres se compose votre famille, quel type de colis vous recevez et de qui… Cette entreprise, c’est La Poste, déjà connue pour revendre des fichiers d’adresses à des entreprises pour leurs prospections commerciales. Un nouveau cap pourrait être franchi : La Poste a racheté une start-up grenobloise spécialisée dans l’intelligence artificielle, qui permet de collecter et d’organiser des milliards de données personnelles. Le Postillon, journal local isérois partenaire de Basta !, a enquêté sur ces pratiques. Ou comment l’ex-établissement public utilise sa position pour s’approprier un gigantesque patrimoine de données privées.

Ça vous est sûrement déjà arrivé : déménagement, donc changement d’adresse. Vous voulez faire les choses bien alors vous signez un contrat avec La Poste pour que votre courrier soit réexpédié. Et puis les semaines suivantes, vous ne comprenez pas.

À peine arrivé dans votre nouveau chez-vous, vous recevez dans votre boîte aux lettres plusieurs publicités de grandes surfaces situées juste à côté.

Qui leur a donné votre nouvelle adresse ?

La Poste, bien sûr ! Car il y a de fortes chances pour que vous n’ayez pas coché dans le bon ordre les petites cases à côté des petits caractères qui permettent que « vos données personnelles soient utilisées à des fins de prospection commerciale ».

Avec les contrats de réexpédition, La Poste a le meilleur fichier d’adresses de France. Plein d’entreprises envoient des milliers de publicités à partir de leurs propres fichiers, bourrés d’adresses périmées.

La Poste, elle, se vante d’ « une base, actualisée mensuellement, de plus de 15 millions de foyers français », validée sur le terrain par les postiers qui doivent vérifier votre pièce d’identité au moindre geste.

Des « données enrichies de critères géographiques, socio-démographiques et comportementaux »

Sur le site internet de Médiapost, la filiale de La Poste qui revend vos données, on peut lire des accroches comme : « Partez à la conquête de nouveaux clients. Artisan, TPE, PME ou grand compte : vous devez régulièrement recruter de nouveaux clients pour entretenir et développer votre portefeuille. La location de nos fichiers d’adresses postales, régulièrement mis à jour, vous permet de vous faire connaître rapidement de vos cibles au meilleur coût. »

Mais La Poste ne vend pas simplement une adresse afin d’« optimiser votre budget communication », elle croise ses données avec « des sources fiables, répondant à une charte rigoureuse : Insee, Direction générale des finances publiques, LSA, référentiels La Poste, études terrain et base Médiapost », pour proposer des « données enrichies de critères géographiques, socio-démographiques et comportementaux (âge, pouvoir d’achat, composition du foyer, caractéristiques de l’habitat, habitudes de consommation, loisirs, taux d’équipement...) ».

La Poste peut ainsi satisfaire un « client » qui voudrait acquérir les coordonnées de – par exemple – femmes d’un quartier aisé âgées de 30 à 50 ans qui font des achats en ligne et possèdent une voiture.

« C’est un bonheur ! Une infinité de données clients, toutes celles qu’on peut collecter via nos échanges avec eux »

Depuis son passage en société anonyme en 2010, La Poste s’est « diversifiée ». C’est désormais une multitude de métiers et 350 filiales dans le monde entier : des banques, des assurances, un opérateur de téléphonie et des dizaines d’entreprises qu’on n’imagine pas liées à La Poste comme Asten Santé, société.com ou Kiss Kiss Bank Bank.

Chaque entreprise produit des milliards de données sur la vie et le comportement de ses utilisateurs, pas juste leur adresse et un mail.

La puissante Direction du numérique de La Poste déclare « rassembler ces données au sein d’un Data Lake (puits de données) » et par cet anglicisme esquive la réalité brutale : La Poste nourrit un méga-fichier sur presque toute la population. Et l’entreprise sait qu’il y a des profits à en tirer.

À la question « Qu’est-ce que la donnée à La Poste ? », Pierre-Étienne Bardin, « Chief Data Officer » de La Poste, répond avec enthousiasme dans une interview interne : « C’est un bonheur ! Une infinité de données clients, toutes celles qu’on peut collecter via nos échanges avec eux : quels produits ils consomment, quelle satisfaction, quelles réclamations… Des données relatives au service universel, industrielles, aux services à la personne, bancaires, assurantielles, immobilières… Un patrimoine inestimable que beaucoup nous envient ! »

Mais comment extraire l’or de cette mine de données sur laquelle La Poste est assise, et faire parler ces milliards d’informations décousues ? Grâce à l’intelligence artificielle (IA), évidemment !

L’analyse prédictive des données : proposer les bons produits et services au bon moment

En 2016 Médiapost, la filiale communication et marketing de La Poste, a racheté Probayes, une start-up grenobloise spécialisée en IA qui travaille étroitement avec l’industrie de l’armement. L’intérêt de Médiapost pour Probayes réside dans sa spécialité « d’analyse prédictive des données ».

Un document de la start-up intitulé « l’analyse prédictive au service de la performance de votre entreprise » se vante de pouvoir multiplier par sept l’efficacité des campagnes commerciales en « proposant les bons produits et services au bon moment ».

L’idée n’est plus seulement de divulguer vos coordonnées, mais de prédire vos comportements, de pouvoir dévoiler aux entreprises quels produits il faut vous proposer, quand et comment.

En partant d’informations récoltées minutieusement, vérifiées et actualisées sur le terrain par des salariés traqués et surveillés – un sujet pour un prochain numéro du Postillon ? –, l’efficacité serait d’autant plus redoutable.

Le « Gafa » français est-il jaune ? Bien entendu, tout cela n’est pas proclamé aussi clairement. Dans sa communication grand public, La Poste évoque l’intelligence artificielle et Probayes, mais pas le ciblage publicitaire.

Pour illustrer la nouvelle diversité des métiers postaux, La Poste a réalisé une campagne présentant plusieurs de ses salariés en fonction de leur lieu de travail.

Pour Grenoble, c’est forcément tombé sur les nouvelles technologies. Une pleine page présente ainsi Leslie et son charmant métier : « À Grenoble, j’analyse des datas pour votre entreprise, je suis postière. Leslie est data analyst chez Probayes, filiale de La Poste.

Elle utilise l’intelligence artificielle pour optimiser le transport et la livraison des colis. »

« Optimiser » le transport et la livraison de colis, qui peut être contre ? Ça passe forcément mieux que « Leslie utilise l’intelligence artificielle pour que La Poste vende des fichiers nominatifs à des entreprises dont le but est de vous faire acheter des choses dont vous n’avez pas besoin ».

Une base de données géante sur tous les Français pour faire comme Google et Facebook

Comme Leslie a l’air épanouie dans son travail, on a voulu en savoir un peu plus sur ces nouveaux métiers postaux et on est tombé sur des offres d’embauche étonnantes. La Poste recherche par exemple un chef de projet données client.

Son rôle : travailler sur « le Programme prioritaire commun Connaissance clients, qui a pour mission de constituer une base de données centralisant les données des clients du groupe La Poste (hors données bancaires) et à terme potentiellement de tous les Français » pour « faire de la connaissance clients le levier de la performance de chacune des branches du groupe ».

Une base de données géante sur tous les Français pour faire comme les Américains de Google et Facebook : transformer vos vies en données pour les revendre sur le marché de la connaissance client.

Mais le ciblage publicitaire, « l’optimisation » d’un des plus gros fichiers de France, c’est forcément un sujet sensible. Probayes et La Poste le savent. Jean-Michel Lefèvre, directeur général de Probayes, assure que sa boîte a « historiquement attaché beaucoup d’importance à l’éthique dans le traitement des données ».

Pourquoi pas ? Ça coûte rien de le dire et rien ne permet de le prouver. Aucun contrôle ne peut être fait sur la « valorisation » de ces millions de données.

Bien entendu, ce n’est pas un problème créé par Probayes ou La Poste, mais un danger global dans une société gouvernée par des algorithmes.

Double discours

La Poste et Probayes ont refusé de répondre à nos demandes d’interview, mais le PDG de La Poste lui-même paraît inquiet des dangers de la vie numérique. Dans un long texte sur le réseau social LinkedIn, Philippe Wahl, c’est son nom, regrette la « servitude volontaire » de ses contemporains : « Comme l’abordait Étienne de la Boétie, jeune écrivain et humaniste français, au 16ème siècle dans son Discours de la servitude volontaire, tout pouvoir ne peut dominer et exploiter durablement une société sans la collaboration, active ou résignée, d’une partie notable de ses membres. Si les technologies numériques ont investi notre vie quotidienne, il ne faut pas oublier leurs revers. (...) Accepter la servitude volontaire des technologies numériques n’est en aucun cas une obligation. Finalement, que faut-il laisser, ou ne pas laisser, de son intimité, de sa vie personnelle pour que l’ensemble des algorithmes fonctionne et nous rende la vie plus facile ? Nous sommes les seuls responsables de la mauvaise utilisation de nos données, de notre servitude volontaire. »

Après avoir lu La Boétie, Phillipe Wahl devrait se documenter sur la dissonance cognitive.

Car s’il semble déplorer cette « servitude volontaire », l’entreprise qu’il dirige fait tout pour la développer, en poussant ses clients à préférer les services numériques plutôt qu’humains, en finançant une série d’innovations plus ineptes les unes que les autres comme cette tirelire connectée conçue par Yellow Innovation, le « laboratoire numérique » du groupe La Poste, un gadget qui apprend aux tout petits à devenir capitalistes et technophiles avant de savoir lire, ou en transformant les facteurs en simples robots devant suivre les machines.

Mais aussi en donnant plus de pouvoir aux algorithmes grâce à Probayes.

Phillipe Wahl a beau jeu de renvoyer à la « servitude volontaire » de tout un chacun – par ailleurs réelle –, il n’empêche qu’en ce qui concerne nos adresses postales, il est le premier « responsable de la mauvaise utilisation de nos données ».

Le Postillon

Source :
https://www.bastamag.net/Comment-La-Poste-tente-de-constituer-une-base-de-donnees-geante-sur-tous-les

Cet article a été initialement publié dans le numéro de l’hiver 2019 du Postillon, journal régional de Grenoble et de sa région.

 

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 16:31

Le  19 octobre 2018

Les révélations des failles de sécurité touchant des services en ligne s’accumulent. Et la collecte de nos données fait peser un risque collectif d’envergure.

Analyse. C’est une litanie. Facebook a admis, vendredi 12 octobre, que des données personnelles de 29 millions d’internautes avaient été subtilisées par des pirates informatiques. Quatre jours auparavant, son concurrent Google confiait qu’une faille avait exposé un demi-million d’utilisateurs de Google+.

Il ne s’agit-là que des exemples les plus récents. Mais chaque jour, chaque mois, chaque année charrie son lot ininterrompu de piratages et de fuites de données. De l’entreprise de crédit américaine Equifax au grand groupe Yahoo!, en passant par Target, British Airways, Uber, Adidas, Exactis ou Ashley Madison.
Personne ne bouge, ou à de rares exceptions

L’affaire est simple : si vous avez utilisé Internet ces dix dernières années, une partie de votre intimité est accessible en ligne.

En premier lieu, pour les entreprises et les applications dont vous utilisez les services.

Au-delà des failles et des hacks (« piratage »), les données personnelles sont devenues le carburant de la société du XXIe siècle.

Toutes nos actions numériques sont captées, mesurées, identifiées, analysées, sauvegardé, alors que les services en ligne ne cessent de se multiplier, depuis l’apparition des ordinateurs jusqu’aux smartphones en passant désormais par vos télévisions, fours micro-ondes et voitures connectés.

Mais les données des utilisateurs sont aussi, parfois, accessibles à des malfaiteurs ou à des services tiers. Ils arrivent à contourner la sécurité des entreprises et des applications en question, ou à en explorer les limites, pour en tirer toujours plus d’informations.

Malgré les scandales à répétition et les intrusions toujours plus systématiques dans la vie des citoyens, face à ce constat personne ne bronche, ou à de rares exceptions, sauf des militants des libertés numériques ou quelques individus gênés par ce système intrusif.

En mars, l’affaire Cambridge Analytica – qui a participé à la campagne électorale de Donald Trump – dévoilait que l’entreprise avait eu accès aux informations privées de 87 millions d’utilisateurs.

A part une violente tempête politique, l’affaire n’a pas eu le moindre impact pour Facebook. Six mois ont passé et les utilisateurs y sont toujours d’une fidélité à toute épreuve. Ils sont toujours, chaque jour, 1,47 milliard à se connecter au réseau social.

Il serait commode de penser que l’humain du XXIe siècle a renoncé à sa vie privée. Mais il ne s’agit pourtant pas d’indifférence. Les sondages montrent avec insistance et sans ambiguïté que les internautes la chérissent encore à l’heure des réseaux sociaux et des smartphones. Comment, alors, expliquer cette apathie ? Très souvent, parler de la vie privée évoque l’image du héros du film La Vie des autres (2007), de Florian Henckel von Donnersmarck. On imagine cet agent de la police politique est-allemande, un casque vissé sur la tête, écouter avec soin les moindres soubresauts de la vie de ses voisins du dessous.

Or, pour l’immense majorité d’entre nous, il n’y a pas d’agent des services secrets derrière l’écran de notre smartphone. Personne, que ce soit chez Google, Facebook ou toute autre entreprise du numérique, ne va éplucher avec délectation le détail de nos déplacements, l’historique de nos recherches ou nos dernières photos de vacances. Même les pirates de Google ou de Facebook n’avaient sans doute que faire de l’intimité individuelle de leurs cibles.

L’invraisemblable machine à cibler

Pendant des décennies, à raison, défendre la vie privée revenait à protéger l’individu. Aujourd’hui encore, on s’obstine à rechercher et mesurer les conséquences individuelles de cette collecte effrénée de données personnelles et de ces piratages à répétition. Mais le paradigme a changé : la question des données personnelle n’est pas un problème d’intimité. C’est un enjeu de liberté collective.

Prenez l’affaire Cambridge Analytica : le problème n’est pas que Donald Trump et son équipe de campagne ont consulté méthodiquement la liste d’amis de 87 millions d’utilisateurs de Facebook (dont plus de 200 000 Français).

Mais qu’ils aient pu utiliser ces informations, agrégées à des millions d’autres, pour mener une campagne politique extrêmement personnalisée, quasi individualisée, en utilisant à plein l’invraisemblable machine à cibler des messages proposée par Facebook.

L’impact de cette fuite de données personnelles n’est plus individuel, il est collectif. Il ne s’agit pas de l’intimité de son existence vis-à-vis d’une organisation politique, mais de la liberté collégiale de choisir en conscience son dirigeant politique ou ses conditions de vie commune.

Les algorithmes enserrent nos vies : ils nous disent quoi acheter, où partir en vacances, qui rencontrer, quel article de presse lire, comment nous déplacer, décident ce que nous pouvons écrire. Cette trame nouée autour de nos vies est tissée de nos données personnelles.

Pas seulement des nôtres, individu connecté, mais de toutes les autres : les algorithmes ne fonctionnent qu’assis sur des masses de données.

C’est la somme, l’agrégat et la combinaison des données à l’échelle de milliers, voire de millions d’êtres humains, qui font leur puissance.

Les facteurs qui poussent une entreprise à orienter nos choix, en analysant nos données et celles des autres, seront perpétuellement obscurs.

Au bout du compte et si rien ne change, alors que ces entreprises s’immisceront de plus en plus dans nos activités quotidiennes, passant peu à peu de la « suggestion » à l’« injonction », nous serons sans doute pris au piège des données personnelles.

On décidera à notre place, d’une manière qu’on nous présentera comme optimale puisque conçue sur l’analyse de données de millions de personnes dont la vie nous est similaire, et en nous confisquant une part de notre libre arbitre. Il ne s’agit pas d’intimité vis-à-vis d’une quelconque entreprise de la Silicon Valley, mais de liberté individuelle.

Une urgence comparable à celle du climat

La seule solution est de limiter la dissémination aux quatre vents de nos données personnelles. Mais comment le faire sans se retirer des connexions, sociales et professionnelles, d’une société désormais numérisée ? Comment renoncer à tous ces avantages ?

La solution se trouve quelque part entre le collectif (des règles politiques pour limiter la collecte et l’exploitation des données) et l’individuel (le recours à une technologie plus frugale et plus décentralisée).

Ces questions ne vous rappellent rien ? La question de la vie privée se rapproche d’un autre problème aux sources individuelles et aux conséquences collectives : la pollution. Une photo postée sur Facebook ou un achat sur Amazon n’ébranle pas la démocratie ; pas plus qu’un unique trajet en voiture ne met, à lui seul, la planète en péril.

C’est lorsqu’on les agrège et qu’on les combine que les dégâts deviennent apparents et évidents.

Bien sûr, l’urgence climatique dépasse de loin les enjeux des données personnelles. Mais la comparaison montre l’ampleur du changement de modèle qui sera nécessaire pour défaire le piège que la collecte de données personnelles fait peser sur la démocratie.

Martin Untersinger

Source :
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/10/19/le-controle-des-donnees-numeriques-personnelles-est-un-enjeu-de-liberte-collective_5371789_4408996.html

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8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 15:59

Le 7 mars 2019

Le PDG de Facebook veut centrer le réseau social sur la vie privée, mais néglige tout un pan de ce concept, ce qui lui a valu, en 2018, le pire scandale de son histoire, rappelle, dans son analyse, Martin Untersinger, journaliste au « Monde ».

Analyse. Mark Zuckerberg veut faire de Facebook un réseau social centré sur la notion de vie privée. Cette volonté, détaillée, comme d’habitude, dans une note postée sur Facebook, mercredi 6 mars, nécessite davantage que des railleries, fussent-elles méritées.

Plus précisément, il dit vouloir changer de logique. Facebook est un réseau où le comportement par défaut tel qu’il est imaginé par ses dirigeants est de partager un maximum de choses avec un nombre d’individus le plus important possible. Mark Zuckerberg entend le transformer en un système où les utilisateurs parleraient et échangeraient entre proches. Facebook, dit-il, est une « place publique » et il veut le transformer en « salon ».

D’abord, dans les premières années du réseau social, il était persuadé que cette notion était totalement dépassée. Il anticipait très officiellement un futur où personne n’aurait rien à cacher, et où toute vie pouvait être documentée publiquement.

Cela lui valut, déjà, quelques déconvenues.

Il a fallu plusieurs années pour que le jeune diplômé de Harvard admette qu’il était nécessaire d’offrir aux utilisateurs des moyens de choisir qui pouvait accéder à ce qu’ils postaient.

Une vision partielle de la vie privée

Pour Mark Zuckerberg, la vie privée s’est toujours définie ainsi : par rapport aux autres utilisateurs. Le réseau social est un parangon de vertu en la matière, a-t-il martelé devant les parlementaires qui l’ont auditionné, en 2018, après le scandale Cambridge Analytica.

Et pour cause : Facebook offre bel et bien toute latitude à chacun de ses utilisateurs de choisir qui, de ses amis, pourra voir la dernière photo publiée ou le dernier lien partagé.

Le PDG oubliait une donnée fondamentale : l’utilisateur n’est pas seulement inquiet de ce que peuvent, ou non, voir ses amis. Il est aussi inquiet de ce que Facebook peut savoir de lui, de la quantité de données personnelles qu’il aspire, de la manière dont cela affecte son expérience du réseau. Et, comme les pouvoirs publics, de la puissance que cette entreprise en retire.

Un récent sondage a révélé qu’aux Etats-Unis les trois quarts des utilisateurs de Facebook ignoraient qu’ils étaient classés et rangés par le réseau social dans d’innombrables catégories publicitaires, comme autant d’affinités réelles ou supposées. L’apprendre a mis mal à l’aise la moitié des personnes interrogées.

 

L’annonce de Mark Zuckerberg de se recentrer sur les conversations privées procède, semble-t-il, de cette même erreur de diagnostic. Peut-être le fondateur du réseau social en est-il lui-même persuadé : Facebook va mieux respecter ses utilisateurs et leur vie privée en leur permettant de partager en cercle plus restreint.

D’abord, précisons que le désamour des utilisateurs avec les aspects les plus ouverts de Facebook est ancien. Le temps passé sur l’application Facebook décroît.

Les plus jeunes délaissent le réseau social traditionnel pour sa filiale consacrée à l’image, Instagram. WhatsApp est devenu l’application de base de communication directe ou en petit groupe pour plus de 1 milliard d’internautes.

Les groupes Facebook, rassemblant des utilisateurs par affinité, sont devenus, en quelques années, extrêmement populaires. Les utilisateurs n’ont pas attendu le message de Mark Zuckerberg pour préférer le salon à la place publique.

Pas forcément une bonne nouvelle

Pourquoi présenter cette nouvelle priorité comme une victoire pour la vie privée ? Peut-être pour faire oublier que la fusion des messageries d’Instagram, de WhatsApp et de Messenger pourrait justement être une mauvaise nouvelle.

A ce stade, il faut rappeler que le régulateur allemand de la concurrence a justement interdit à l’entreprise de procéder au partage de données entre WhatsApp et Facebook, que l’autorité britannique de protection des données a fait promettre à WhatsApp qu’il ne partagerait pas les données personnelles de ses utilisateurs avec Facebook avant de s’être mis dans les clous de la loi, et qu’en France la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a accusé, fin décembre 2017, WhatsApp de méconnaître le droit en partageant certaines données avec sa maison mère.

Il n’est donc pas surprenant de remarquer que sur l’aspect du respect de la vie privée qui a valu à Facebook le pire scandale de son existence – la quantité de données personnelles que le réseau récupère auprès de ses utilisateurs et avec qui il les partage – l’article de Mark Zuckerberg reste muet.

Renoncera-t-il à ficher les internautes qui ne disposent pas de profil sur le réseau ? Cessera-t-il de récupérer des données automatiquement de la part d’applications tierces ? Encadrera-t-il les publicités politiques ultraciblées ? Cet aspect, pour le PDG, ne semble toujours pas relever du respect de la vie privée.

Sur le strict plan du respect de ce principe, deux choses sont cependant à mettre au crédit du fondateur du réseau social.

D’une part, l’implémentation, à une date non encore spécifiée, du chiffrement des conversations. Facebook ne pourra plus lire ce que s’écrivent ses utilisateurs. Une myopie qui pourrait de toute façon être compensée, du point de vue de la collecte de données, par la mise en commun de toutes les métadonnées – qui parle à qui –, et ce même si Mark Zuckerberg envisage d’en limiter la conservation.

D’autre part, la volonté de ne pas implanter de serveurs dans des pays dotés de « mauvais bilans en matière de vie privée et de liberté d’expression », quitte à renoncer à certains marchés, comme la Chine.

Deux évolutions qui, si elles vont dans le sens d’un meilleur respect de la vie privée, sont en conflit avec d’autres impératifs du réseau social : mieux réguler les abus de ses utilisateurs et continuer sa croissance.

Source :
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/03/07/mark-zuckerberg-n-a-toujours-rien-compris-a-la-vie-privee_5432822_4408996.html

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8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 15:13

Le 26 février 2019

Le procureur de Paris, nommé explicitement par Emmanuel Macron, a envoyé aux procureurs parisiens une note précisant la conduite à tenir les jours de manifestations des Gilets jaunes. Le syndicat de la magistrature dénonce une violation « des principes fondamentaux d’une enquête ».

Privilégier les levées de garde à vue le samedi soir ou le dimanche matin, même si l’affaire est classée sans suite, et inscrire les gardés à vue sur le fichier du Traitement des antécédents judiciaires (TAJ), telles sont les consignes qui ont données en janvier par le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, aux membres du parquet à propos de la mobilisation des Gilets jaunes.

Le procureur Heitz, nommé explicitement par Emmanuel Macron, a envoyé le 12 janvier une note interne à tous les procureurs, intitulée « permanence Gilets jaunes ». Ce texte contient des conseils pratiques pour gérer la masse de protestataires interpellés au cours des manifestations.

Cette note a été mentionnée pour la première fois fin janvier, dans un article du Canard Enchaîné.

Le conseil de relâcher les gardés à vue le samedi soir ou le dimanche matin est dicté par le désir d’empêcher ces personnes de retourner dans la rue « grossir les rangs des fauteurs de troubles» .

Le fichier TAJ, auquel les Gilets jaunes peuvent être inscrits, d’après la note du procureur, contient des données à caractère personnel et permet notamment d’obtenir un historique sur les placements en garde à vue passés. Cette base est consultée non seulement dans les enquêtes judiciaires, mais aussi dans les enquêtes administratives concernant des emplois sensibles (casinos, sécurité privée, aéroports, etc.).

« Il y a une atteinte à la liberté individuelle lorsqu'on donne pour instruction de maintenir les gardés à vue sur des gens dont on sait qu'ils ne seront pas poursuivis, et qu'on les maintient privés de liberté pendant plusieurs heures, voire pendant la nuit suivante, pour de pures nécessités de maintien de l'ordre. On est sur un détournement de l'objet de la garde à vue. De même lorsqu'on demande un fichage sur des gens dont on sait qu'il n'y a pas d'infraction caractérisée », a indiqué à Franceinfo Vincent Charmoillaux, secrétaire national du Syndicat de la magistrature.

Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, a pour sa part indiqué qu’il n’était pas surpris de cette consigne de sévérité au vu du contexte actuel.

Selon le Canard enchaîné, fin janvier, lors de la première divulgation de ce document, un porte-parole du parquet aurait déclaré : « Ne laissez pas penser que le parquet de Paris prolonge les GAV de gens qui n'ont rien fait ».

Source :
https://fr.sputniknews.com/france/201902261040172548-paris-procureur-note-gilets-jaunes/

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8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 11:13

Depuis L'U.J.F.P, le 2 mars 2019

On le sait, et ses présidents ne cessent de nous le répéter, l’Université de Rennes 1 se veut être l’une des meilleures universités françaises dans les domaines des télécommunications, des réseaux et du cyber. Ces domaines de recherches, qui pourraient pourtant avoir de vraies résonances sociales et publiques, sont depuis longtemps étroitement liés aux entreprises et industries de l’armement, du contrôle social et sécuritaire ou de la banque.

Ainsi, l’institut d’électronique et de télécommunications de Rennes (IETR) travaille avec Thalès (branche Alenia Space) sur de la recherche sur les antennes satellitaires.

L’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (IRISA), se fait lui le champion de la cybersécurité et met en avant sa collaboration une fois de plus avec l’entreprise Thalès (" La formation est donc stratégique et elle doit correspondre à la fois aux besoins des industriels et des chercheurs." peut-on lire dans la brochure de présentation de la formation).

Thalès, multinationale française tentaculaire de l’armement, travaille avec le groupe Elbit System, entreprise d’armement israélienne, qui commercialise le drone Hermes 450 équipant l’armée israélienne. Depuis quelques années, l’armée israélienne a transformé ces drones en drones de combat équipés de missiles et ont été utilisés dans les guerres contre le Liban en 2006 (1200 morts civils), Gaza en 2008/2009 (1330 morts) et Gaza 2014 (2200 morts dont 1/4 d’enfants).

On comprend donc bien que la recherche sur les satellites de l’IETR et Thalès a une implication concrète dans l’utilisation de ces drones.

L’Université de Rennes 1 travaille aussi avec l’entreprise Check-point (tout un programme), acteur mondial de la cybersécurité au chiffre d’affaires insolent de deux milliards de dollars. Cette entreprise, possédée entre autres par le maire de Jérusalem, travaille en étroite collaboration avec l’armée israélienne.

On le voit, à travers ses projets de recherches, de partenariats et de conventions, l’Université de Rennes 1 travaille avec des entreprises meurtrières comme Thalès et Elbit System qui ont participé de près ou de loin aux dernières guerres sanglantes menées par l’armée israélienne contre la population civile palestinienne, ou en soutenant et encourageant financièrement la colonisation israélienne en Cisjordanie.

Pourquoi ne pas parler aussi des liens (conventions / partenariats) que l’Université de Rennes 1 tisse et privilégie avec des Banques comme la BNP ou encore Axa (IUT de St Brieuc). Chacune de ces sociétés détiennent plusieurs participations dans des banques ou entreprises actives dans les colonies israéliennes. Au delà̀ de ces participations, ces sociétés financent des projets d’entreprises directement impliquées dans la colonisation. Ce fut notamment le cas lors de l’octroi d’un prêt en 2004 de 288 millions d’euros par un consortium de banques (dont BNP Paribas), à l’Israel Electric Corporation. Cette entreprise approvisionne directement les colonies en électricité́ .

Non contente de fournir de la recherche à des entreprises israéliennes d’armement et de contrôle sécuritaire, l’université de Rennes 1 via l’IRISA et l’OSUR construit des partenariat avec la Ben Gurion University et la Tel Aviv University (TAU).

Les universités israéliennes sont de véritables rouages dans la recherche et la formation des politiques sécuritaires, militaires... de l’État d’Israël pour assurer le contrôle sur la population palestinienne. Tout ceci est intolérable et nous exigeons que l’Université de Rennes 1 n’accorde pas de légitimité institutionnelle à l’occupation, à la colonisation et à l’apartheid israélien dont la TAU est complice.

Dans le cadre de la campagne internationale BDS, il est primordial de ne pas oublier les liaisons dangereuses qu’entretient notre université avec le système colonial et d’apartheid israélien.

LAURDIP, l’Association des Universitaires pour le Respect et le Droit International en Palestine est un très bon outil militant pour engager la bataille pour le Boycott Universitaire sur nos campus.

La Campagne BDS France, pourquoi ?

La campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) a été lancée par la société civile palestinienne en 2005, suite à des dizaines d’années de lutte contre Israël et sa politique d’apartheid. Les Palestinien·ne·s font appel aux citoyen·ne·s de conscience du monde, afin que prenne fin le plus long conflit de l’histoire récente, en leur demandant de boycotter tous les produits israéliens, mais aussi de pratiquer un boycott sportif, culturel et universitaire. Ils nous demandent également de faire pression sur les entreprises étrangères, notamment européennes, afin qu’elles arrêtent leur collaboration avec cet État criminel.

Enfin, ils nous demandent de faire appliquer par nos Etats les sanctions qui auraient dû être appliquées depuis des dizaines d’années devant ce déni de droit intolérable. Il apparaît aujourd’hui que, loin des grands débats théoriques, la campagne BDS est une arme efficace pour faire plier Israël, d’autant que nous ne pouvons rien attendre de l’Onu ou des autres pays.

Source :
http://www.ujfp.org/spip.php?article6988

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25 février 2019 1 25 /02 /février /2019 16:51

Le 20 février 2019

Valérie Pécresse, présidente d’Île-de-France Mobilités, envisage de faire appel à la reconnaissance faciale pour renforcer la sécurité dans les transports en commun franciliens. Mais cette technologie pourrait aussi aller au-delà de ce rôle sécuritaire, en remplaçant tout simplement le Pass Navigo.

Valérie Pécresse a expliqué lors d’une audition devant les sénateurs début février qu'elle souhaiterait "expérimenter la reconnaissance faciale dans les transports d’Île-de-France". Selon Le Parisien, l'élue a justifié sa position en ajoutant "Il n’y a pas de raison qu’il y ait des degrés de protection différents entre les avions et les trains. Et le fait qu’un terroriste recherché puisse passer devant les caméras sans être empêché de prendre le métro me paraît une source d’insécurité".

Toutefois, cette proposition également présentée lors du conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités ne fait pas l'unanimité. Céline Malaisé, présidente du groupe Front de gauche, déplore "Il y a un vrai risque d’atteintes aux libertés individuelles d’aller et venir". Elle craint entre autres les dérives "Qui nous garantira que ça ne sera pas utilisé pour d’autres motifs. Par exemple pour suivre des Gilets Jaunes qui vont manifester?", ajoute-t-elle.

La CNIL, Commission nationale Informatique et Libertés, met de son côté en garde la région "les enjeux de protection des données et les risques d’atteintes aux libertés individuelles sont considérables (…). Tout projet d’y recourir devra à tout le moins faire l’objet d’une analyse d’impact relative à la protection des données".

Concernant l'axe sécuritaire, les caméras installées dans les couloirs pourraient filmer aléatoirement les usagers et reconnaître ainsi les personnes recherchées. Elles pourraient aussi être placées aux portiques et vérifier que le visage de la personne qui se présente est bien identique à la photo du Pass Navigo.

La reconnaissance faciale pourrait également être utilisée à d'autres fins que la sécurité et finalement remplacer les titres de transport. L'usager qui accepterait que sa photo intègre une base de données, aurait simplement à présenter son visage devant la caméra d'un portique dédié pour être identifié et poursuivre son voyage sans perdre une seconde.

Si cette nouvelle solution – qui pourrait être prochainement testée dans le métro de Londres – arrivait à Paris, elle rendrait rapidement obsolète l'expérimentation de dématérialisation des titres menée actuellement avec les smartphones et l'application Navigo LAB.

Source :
https://www.deplacementspros.com/Le-Pass-Navigo-remplace-par-la-reconnaissance-faciale%C2%A0_a52614.html

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25 janvier 2019 5 25 /01 /janvier /2019 11:02

Depuis Médiapart, le 9 janvier 2019 - Par David Nakache

La ville de Nice s’apprête à tester un logiciel permettant d'analyser les émotions des passagers du tramway pour décider d'éventuelles interventions de la police municipale. Nous basculons dans une biopolitique contrôlant les corps, les comportements et les émotions des individus et qui constitue une atteinte manifeste à la vie privée et aux libertés individuelles.

La Ville de Nice, comme plusieurs villes de France, bascule dans le tout sécuritaire. La tentation des élus locaux de vouloir tout contrôler à chaque instant n'est pas nouvelle, mais les progrès de la technologie leur donnent désormais les moyens de leur démesure et, parfois, de leur démence.

L'époque où il fallait avoir la police municipale la plus nombreuse et la plus armée est révolue. L'époque où il fallait être le premier à quadriller chaque recoin de "sa" ville de caméra de vidéo-surveillance est passée. L'époque où les pouvoirs publics intervenaient uniquement en cas de délit ou de crime est dépassée. Il ne faut plus seulement juger les actes mais les individus eux-mêmes. Non pas simplement évaluer le comportement d'une personne parce qu'elle a commis un acte dangereux, mais évaluer les comportements de toutes les personnes, partout, tout le temps, car tout individu devient un danger potentiel.

Nous basculons dans ce que Michel Foucault appelait la biopolitique, ou le biopouvoir : contrôler la vie des individus, exercer le pouvoir sur leur corps. Et Christian Estrosi veut désormais l’exercer sur leurs émotions.

En effet, les Niçois, français parmi les plus vidéo-surveillés de France, vont dorénavant voir leurs émotions décryptées dès qu'ils emprunteront le tramway. La start-up messine "Two-i" développe un logiciel permettant d'analyser "la cartographie émotionnelle" des voyageurs "en temps réel" qui va être testé et permettra à la police municipale d'intervenir si "une situation potentiellement problématique voire dangereuse" est mise en évidence.

En quoi le fait que vous soyez triste, joyeux, anxieux ou en colère regarde-t-il les pouvoirs publiques ?

Un jeune homme et une jeune femme entrent dans le tram avec des visages crispés. La lèvre inférieure de la jeune femme tremble. Le regard du jeune homme est furieux. Et alors ? En quoi la scène de ménage de ce jeune couple regarde-t-elle la police municipale ? Ce vieux monsieur a le regard sévère et parle d'une voix très ferme. Pire, il fait un geste brusque. Et après ? En quoi le comportement de ce grand-père grondant son petit fils qui a fait une bêtise regarde-t-il le maire de Nice ? Elle pleure. Oui, cette dame pleure à chaude larmes, en silence, mais elle pleure et son corps est secoué de petits spasmes qui la font légèrement vaciller. Elle vient d'apprendre la perte d'un être cher. En quoi ce malheur qui frappe cette dame devrait-il être filmé et décrypté ? Pourquoi l'image de sa souffrance devrait-elle être conservée, stockée, analysée ?

Nous avons le droit de vivre, de ressentir, d'aimer ou de pleurer, sans que nos émotions ne soient analysées, filmées et conservées.

L'expérimentation à Nice du logiciel de "Two-i " constituerait une atteinte manifeste à la vie privée et aux libertés individuelles.

L'idée selon laquelle on peut prédire de la "carte émotionnelle" d'une personne les actes qu'elle va commettre est erronée. C'est de la mauvaise science-fiction, financée avec nos impôts locaux, pour scruter nos visages et interpeller celles et ceux qui seront jugés déviants.

Décider de l'intervention des forces de l'ordre à partir d'un algorithme informatique scrutant nos émotions semble tellement absurde que l'on a du mal à y croire. C'est la porte ouverte à toutes les dérives, toutes les bavures, la bascule dans un monde où toutes les exactions deviennent possibles.

La prévention de la délinquance ne peut être détournée en obsession sécuritaire des détenteurs des pouvoirs publics locaux.

Nous avons été nombreux à nous élever contre l'expérimentation à Nice de l'application "Reporty" qui encourageait le citoyen à filmer toute scène qu'il estimait anormale en la transférant en temps réel aux forces de polices et cette expérimentation a été stoppée par la CNIL.

Christian Estrosi cherche par tous moyens à équiper son dispositif de vidéosurveillance d'un système de reconnaissance faciale.

La Ville de Nice dit « étudier » la mise en œuvre de ce logiciel de contrôle émotionnel. Si elle décidait de lancer son expérimentation, nous saisirions à nouveau la CNIL.

En aucun cas nous ne laisserons le maire de Nice mettre en place un système sécuritaire permettant d'interpeller les citoyens à partir d'une prétendue "carte émotionnelle" analysée informatiquement.

Source :
https://blogs.mediapart.fr/david-nakache/blog/090119/two-i-la-biopolitique-au-pouvoir-nice

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21 janvier 2019 1 21 /01 /janvier /2019 21:48

Le 17 décembre 2018

Deux lycées à Nice et à Marseille testeront ce dispositif dès janvier 2019.

Des portiques à l'entrée des lycées ! La reconnaissance faciale sera testée dès janvier 2019 à l'entrée de deux établissements : le lycée des Eucalyptus, à Nice, dans le quartier Caucade, et le lycée Ampère, à Marseille dans le quartier Pont-de-Vivaux, indique le quotidien "Nice Matin", vendredi 14 décembre. Trois questions sur cette expérimentation, qui fait déjà polémique.

#Comment ça marche ?

Des portiques sont installés à l'entrée des lycées. Développés par Cisco, une société américaine, ils fonctionnent sur le même principe que ceux déjà en cours d'expérimentation, depuis juillet, dans les aéroports de Nice et de Paris (Roissy et Orly). Il s'agit d'abord de détecter le visage de la personne qui entre dans l'établissement. Puis, le programme crée un modèle 3D qui est comparé automatiquement aux données enregistrées. La personne est reconnue à partir de données tels que la forme de la bouche, l'écartement des yeux… Si son visage ne correspond pas à la base de données détenue par l'établissement, le personnel de surveillance est alerté.

Une technologie comparable existe en domotique, dans certains smartphones pour déverrouiller l'appareil, ou encore sur les réseaux sociaux (Facebook ou Google+) afin de détecter l'identité des personnes qui apparaissent sur une photo ou une vidéo.

#Pourquoi ces expérimentations ?

Les portiques de reconnaissance faciale visent à renforcer la sécurité à l'entrée des établissements. Ils permettent "d'apporter une assistance aux agents assurant l'accueil du lycée", de "réduire la durée des contrôles, lutter contre l'usurpation d'identité et détecter le déplacement non souhaité d'un visiteur non identifié", selon la région Sud (ex-Provence-Alpes-Côte d'Azur), citée par "Nice Matin".

Le conseil régional a donné son feu vert par un vote en séance plénière vendredi 14 décembre. Mais l'expérimentation a été longuement préparée avec la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés), qui veille au respect du cadre législatif, et en particulier du règlement général sur la protection des données (RGPD).
"Ce projet de portiques virtuels a pour but d'évaluer l'efficacité d'un contrôle d'accès par comparaison faciale à l'entrée des deux lycées concernés", ajoute la Cnil, jointe par BFM Tech."

#Quels sont les problèmes que cela pose ?

Le Syndicat national des enseignements de second degré (Snes) s'inquiète non seulement du coût du dispositif mais aussi de l'utilisation des fichiers. Il considère également que remplacer le personnel par des portiques automatiques ne réglera pas les questions de sécurité. Sa secrétaire générale, Frédérique Rolet, estime : "On n'endiguera pas la violence dans les établissements avec des portiques de sécurité."
https://www.lejdd.fr/Societe/Education/tribune-violence-scolaire-sortons-du-deni-3788756

La Région Sud, que nous avons notamment interrogée sur le coût du dispositif et la sécurisation des données numériques, ne nous avait pas encore répondus lundi en fin de journée.

Autre question : la plupart des élèves étant mineurs, peuvent-ils refuser la reconnaissance faciale ? Pour l'instant, oui, explique la Cnil, qui souligne que l'expérimentation a lieu sur la base du volontariat :
""Les personnes qui n'auront pas accepté le traitement de leurs données biométriques ne seront pas concernées.""

Les lycéens qui refusent la reconnaissance faciale feront l'objet d'un contrôle classique. A Nice, seulement deux classes sont concernées par l'expérimentation, soit une soixantaine d'élèves.

Source :
https://www.nouvelobs.com/education/20181217.OBS7274/reconnaissance-faciale-a-l-entree-des-lycees-3-questions-sur-une-experimentation-contestee.html

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24 mars 2017 5 24 /03 /mars /2017 11:28

Le 27 février 2017

Le dossier du Courrier de l'ACAT n°342 est consacré à "La sécurité à tout prix ?". Alors que la ruée vers le "tout sécuritaire" se généralise et que la France est sous état d'urgence depuis 15 mois, l'ACAT ouvre le débat sur le juste équilibre entre exigence de sécurité et respect des droits et libertés.

Face à la montée de la menace terroriste, la ruée vers le "tout sécuritaire" s'est généralisée. Certes, la sécurité est un droit et une exigence, que l'ACAT ne remet pas en question.

Néanmoins, les pouvoirs publics semblent en faire une priorité qui éclipse les autres droits, en s'appuyant sur une instrumentalisation de la peur, comme si la fin justifiait les moyens.

Tant pis si les dérives de ce "tout sécuritaire" sont nombreuses : banalisation des mesures d'exception, atteintes aux libertés et aux droits, à la vie privée et à la présomption d'innocence.

La sécurité est un droit, mais doit-elle prévaloir sur les autres droits fondamentaux ? Ne faut-il pas, au contraire, trouver le juste équilibre entre exigence de sécurité et respect des droits et libertés ?

Ce dossier du Courrier de l'ACAT propose plusieurs pistes de réflexion afin d'ouvrir le débat, dans un contexte où le discours sécuritaire est érigé en pensée unique.
Sommaire du dossier "La sécurité à tout prix ?"

Au nom de la sécurité (Sylvie Bukhari-de Pontual)

Les États ont progressivement développé une politique sécuritaire, qui fait de la sécurité, ainsi que de la lutte contre la délinquance et le terrorisme une priorité. Ce discours semble incontestable au sein du débat public, à tel point qu'il est érigé en "pensée unique".

Bienvenue dans l'ère sécuritaire

Sociologue et militant anti-sécuritaire, Mathieu Rigouste est notamment l'auteur de État d'urgence et business de la sécurité, paru en 2016 chez Niet Éditions. Il revient sur le rôle de la peur dans l'avènement de ce qu'il nomme "l'ère sécuritaire".

L'urgence de libérer le temps

Voilà 15 mois que la France est sous État d'urgence. Mais cet état d'exception tient-il toutes ces promesses en matière de lutte contre le terrorisme ? La réponse en une infographie, éclairée par les propos de la magistrate Odile Barral qui rappelle les dérives d'une gouvernance par et dans l'urgence.

Tous sur écoute ?

Les avancées technologiques et législatives ont permis une surveillance accrue de nos moindres faits et gestes. Pourtant, la collecte et l'exploitation massives de nos données personnelles sont des pratiques qui portent en elles l'atteinte aux droits fondamentaux.

Tour du monde des mesures sécuritaires

Partout dans le monde, la lutte contre le terrorisme et le crime armé justifie le recours à des mesures restreignant les libertés. Tour d'horizon de l'arsenal mis en place dans certains pays, dont des grandes démocraties et dont on ne cesse de repousser les limites.

Télécharger le dossier "La sécurité à tout prix ?" (Courrier de l'ACAT n°342)
https://www.acatfrance.fr/public/c342-dossier_3.pdf

Source :
https://www.acatfrance.fr/actualite/la-securite-a-tout-prix--

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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 10:59

Le 9 janvier 2017

Un développeur propose depuis quelques jours une extension Chrome capable de montrer sur les photos Facebook ce que le réseau social y devine.

Des étiquettes apparaissent ainsi, montrant l’analyse faite des clichés. Pour l’auteur, il s’agit surtout de provoquer une prise de conscience.

Le développeur Adam Geitgey propose depuis peu de faire afficher sur Facebook les étiquettes correspondant aux informations trouvées par le réseau social. Une fonctionnalité que l’entreprise a ajoutée en avril 2016.

D’après Geitgey, ces étiquettes sont pratiques dans le cadre d’une utilisation par des personnes aveugles ou ayant des difficultés à lire un écran. Les moteurs de synthèse vocale peuvent ainsi prononcer ces informations.

Une extension qui pioche les étiquettes dans le code HTML

Cependant, le développeur cherche également à attirer l’attention sur la manière dont Facebook analyse les photos, et donc récolte des informations plus ou moins précises sur les utilisateurs.

« Je ne pense pas que les internautes réalisent la quantité de données qui sont systématiquement extraites des photos » indique l’auteur de l’extension.

Facebook, Google, Apple, Amazon et autres peuvent savoir si vous avez un chien, ce que vous utilisez comme appareils photo, si vous jouez au golf, si vous avez des enfants ou encore si vous aimez les lunettes de soleil.

L’extension ne fait finalement que lire le code HTML de la page contenant la photo, qui présente un texte alternatif attaché à chaque photo, de cet acabit :

Les étiquettes « golf », « grass » (herbe), « outdoor » (extérieur) et « nature » s’afficheront donc en haut à droite de la photo.

Selon le cliché, on pourra trouver de nombreuses autres informations, mais la qualité de la photo influe largement sur l’analyse.

Rien n'empêcherait une utilisation pour de la publicité

Sur son dépôt GitHub, le développeur fournit plusieurs exemples.

On remarque rapidement qu’en fonction des clichés, la liste des labels peut largement varier.

Facebook semble plus prolixe sur les scènes en extérieur ou quand il remarque de la nourriture et des boissons.

Il n’a aucun mal à reconnaître un stade de baseball ou la présence d’une foule, à compter le nombre de personnes sur une photo de groupe, où à coller des étiquettes « océan, ciel, crépuscule, nuage, extérieur, nature, eau » sur un cliché de coucher de soleil depuis une plage.

En l'état, et comme l'indique Adam Geitgey, les étiquettes sont plutôt généralistes et inoffensives.

Demain par contre, Facebook pourrait s’en servir pour cibler encore davantage ses contenus publicitaires.

« Rien ne les empêche de les utiliser pour vous montrer des publicités basées sur vos photos, même si un autre utilisateur a envoyé la photo et ne vous a pas directement tagué » ajoute-t-il.

L’extension peut être installée directement depuis le lien-dessous :
https://chrome.google.com/webstore/detail/show-facebook-computer-vi/elafbihhbfmfihdflghclaclcilcnmie?hl=en-US&gl=US

Attention, deux conditions sont nécessaires à son fonctionnement : le mode « Développeur » doit être activé (case en haut à droite de la liste des extensions) et Facebook doit être en anglais (Paramètres, Langue).

Source :
https://www.nextinpact.com/news/102789-une-extension-chrome-devoile-ce-que-facebook-lit-vos-photos.htm

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27 février 2017 1 27 /02 /février /2017 10:53

Amnesty International toujours sur la brèche !

Mercredi 22 février 2017, l'association a rendu un rapport dans lequel elle dénonce une année "terrible" pour les droits de l'Homme dans le monde, et "très préoccupante" en France.

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France, vos droits en danger

Etat d’urgence, crise de l’accueil des réfugiés, ventes d’armes, discriminations des Roms… revue de détail d’un sombre bilan en matière de droits humains.

La France vit sous état d’urgence depuis plus d’un an. Un état d’exception qui menace les droits fondamentaux. Des catégories de personnes sont particulièrement visées mais c’est toute la société qui subit cette restriction des droits et des libertés.

Lire la suite :
https://www.amnesty.fr/actualites/rapport-france

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"Injustifiable", "dangereux"... Amnesty étrille l'état d'urgence en France
http://www.lci.fr/societe/injustifiable-dangereux-amnesty-international-etrille-l-etat-d-urgence-en-france-dans-son-rapport-annuel-2026922.html

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Documentation

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Guides juridiques - C.L.A.P33
Porter plainte contre la police
Garde A Vue, manifs - Conseils

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Soutien à m.
Nous n'oublierons pas
le 19 Mars 2009 à Bordeaux !

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Violences Policières

France - Quatre rapports
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L'impact disproportionné
de l'état d'urgence

Un rapport d'Amnesty  : klik !

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Hommage aux victimes

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