Yep !
C'est officiel. Le contrôleur général Albert Doutre, récemment décoré des Palmes Académiques (!!) quitte Bordeaux pour s'installer à la tête de la sécurité publique de Lyon.
Ce que les bordelais/es ignoraient, c'est que c'est un grand humaniste qui nous quitte.
Il déclare en effet dans le Sud-Ouest en date du 3 septembre dernier que "l'injustice [lui] est insupportable".
Les cylcistes mis abusivement en garde à vue, les gamins de Floirac embarqués au commissariat à la sortie de l'école pour un vol de vélo qu'ils n'avaient pas commis, les crs de Toulouse renvoyés de Bordeaux parce qu'ils n'étaient pas assez répressifs seront sans doute ravis de l'apprendre.
Quant à moi, j'avoue que la bonté de ce haut personnage m'était complètement passée à côté quant à la suite des violences policières que j'ai subies le 19 mars 2009, il écrivait dans un courrier en réponse à une député qui l'avait interpellé sur mon cas que mes "éventuelles blessures" étaient vraisemblablement dûes à une chute.
Blessures éventuelles dûes sans doute à une glissade sur une peau de banane mal placée...
Autant vous dire que Monsieur Doutre ne nous manquera pas malgré son grand coeur.
Bon courage aux camarades lyonnais/es.
Quant à nous, nous héritons de monsieur Pierre-Marie Bourniquel qui nous vient directement de Nice, ville où un certain Estrosi exerce les fonctions de maire et où fleurissent à chaque coin de rue de belles caméras de vidéo-surveillance... euh... de vidéo-protection !
Pas sûr qu'on y gagne au change...
m.
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Albert Doutre : « L'injustice m'est insupportable »
Le contrôleur général Albert Doutre s'apprête à partir pour Lyon après plus de cinq ans passés à la tête de la DDSP de la Gironde.
« Sud Ouest ». Vous êtes directeur départemental de la sécurité publique depuis avril 2005. Quel bilan tirez-vous de votre action ?
Albert Doutre (1). Positif. Grâce à un travail d'équipe, nous sommes arrivés à faire chuter la délinquance et à augmenter le taux d'élucidation des affaires, en particulier sur Bordeaux. À mon arrivée, j'ai fait fermer 12 bureaux de police pour multiplier le nombre de patrouilles. Ce n'était pas pour faire de la « bâtonnite » mais pour justifier de l'activité policière au bénéfice de la population. À l'époque, dans chaque conseil de quartier, on m'interrogeait beaucoup sur l'insécurité. Aujourd'hui, les questions portent sur le bruit, l'environnement… En Gironde, j'ai eu la durée pour moi et faire aboutir les orientations que je m'étais fixées.
« Sud Ouest » Votre nom est associé à plusieurs affaires qui ont défrayé la chronique : des cyclistes en garde à vue, les vélos de Floirac. Comment avez-vous vécu ces tempêtes médiatiques ?
Albert Doutre Très mal mais l'histoire nous a donné raison. Pour les cyclistes, il faut savoir que 60 % des accidents corporels impliquent des deux-roues. Nous avons été beaucoup critiqués mais la ville de Paris nous a suivis quelques semaines plus tard. La police est là pour rappeler la règle. Trop souvent, les gens n'ont plus de notion de droit, ni de devoir. Quant à l'affaire de Floirac, j'ai vécu une véritable chasse à courre médiatique. Ce fut très éprouvant mais j'y ai gagné la confiance de mes personnels et l'enquête administrative a conforté notre action.
« Sud Ouest » Mais quand même, des écoliers de 6 et 10 ans, embarqués au poste pour des vélos volés…
Albert Doutre Cette affaire est devenue une affaire d'État qui a laissé des blessures profondes chez les fonctionnaires. L'un d'eux a demandé une mutation exceptionnelle car il n'en pouvait plus. J'ai soutenu mes policiers car ils ont agi dans le strict respect des textes et parce qu'il n'y avait pas, sur l'instant, d'autres moyens d'intervenir alors que la victime nous sollicitait. Je ne suis pas un directeur à géométrie variable. L'injustice m'est insupportable. J'ai assumé. Le préfet de région et le parquet nous ont soutenus. Aujourd'hui, je sais que tout ce qui ne détruit pas rend plus fort.
« Sud Ouest » Vous avez l'image d'un directeur à poigne, de tempérament. On vous surnomme parfois « le Bulldozer ». N'avez-vous pas le sentiment d'en faire trop ?
Albert Doutre Je suis commissaire depuis 1975 et j'ai toujours essayé d'avoir le souci du service public. Cela demande beaucoup de rigueur. Les choses sont claires : je suis un homme de principes, un technicien de la sécurité, qui travaille avec une équipe de commissaires et ceux qui ne sont pas dans la ligne s'excluent d'eux-mêmes. Au niveau de l'encadrement et des personnels de base, c'est pareil. Je pense être carré. Je ne fais aucun cadeau à celui qui porte atteinte au corps. La police a besoin de sentir qu'elle est dirigée mais je n'ai jamais considéré une personne comme un numéro. La majorité des personnels a d'ailleurs adhéré puisque, pendant 3 ans, 1 300 fonctionnaires ont été récompensés par une prime exceptionnelle conséquente pour les excellents résultats obtenus.
« Sud Ouest » Pourquoi avoir cherché à ouvrir la police vers le monde extérieur en organisant, par exemple, les rencontres de la Sécurité publique et du film policier ?
Albert Doutre Un commissariat doit être une maison de verre. Il est important de montrer notre savoir-faire. Nous n'avons rien à cacher. C'est pour cela que nous avons signé beaucoup de partenariats avec les municipalités, le rectorat, La Poste, etc.
(1) Albert Doutre, 56 ans, est promu inspecteur général à la Direction départementale de la Sécurité publique du Rhône à partir du 13 septembre. Son successeur est le DDSP de Nice, Pierre-Marie Bourniquel.
Source :
http://www.sudouest.fr/2010/09/03/albert-doutre-l-injustice-m-est-insupportable-175214-2780.php