Le 2 juillet 2019
L’autopsie ordonnée par le parquet Algérien après la mort de Zineb Redouane en marge d’une manifestation à Marseille conclut à une responsabilité des policiers.
Une contre-autopsie demandée par le procureur de la République d’Alger conclut à la responsabilité des policiers dans la mort de Zineb Redouane en décembre à Marseille.
Selon l’avocat de l’un de ses fils, maître Brice Grazzini, ce document « relance l’affaire », même s’il reste prudent.
Dans le même temps, aucun des cinq CRS présents au moment des tirs de grenade lacrymogène et auditionnés par l’IGPN n’est en mesure de savoir qui a tiré.
Un document « qui relance l’affaire » Zineb Redouane, cette octogénaire touchée par une grenade lacrymogène en plein visage dans son appartement du 4e étage en marge d’une manifestation à Marseille le 1er décembre dernier. La contre autopsie demandée par le procureur de la République d’Alger, après le rapatriement du corps de la défunte, le 25 décembre dernier, a été rendue publique par le site Le Média.
Dans leurs conclusions, les professeurs Rachid Belhadj et Radia Yala expliquent que la vieille dame « présentait un important traumatisme facial imputable à l’impact d’un projectile non pénétrant » et concluent ainsi : « L’importance de ce traumatisme est directement responsable de la mort par aggravation de l’état antérieur de la défunte, malgré les soins prodigués en urgence ».
Un document qui relance une affaire au point mort
Pour maître Brice Grazzini, avocat de Samy Redouane, l’un des six enfants à s’être constitué parties civiles, « ce document relance cette affaire qui était un peu au point mort ».
« Elle a le mérite de dire des choses que, peut-être, les uns et les autres pensaient. L’autopsie française a pris d’énormes précautions en venant dire qu’il n’était pas possible de se prononcer sur la cause de la mort de Zineb Redouane sans ses antécédents médicaux. Je reste néanmoins prudent sur celle réalisée en Algérie, ils expliquent avoir pu consulter des documents mais on ne connaît pas leur nature », confie-t-il à 20 Minutes.
Il compte désormais demander une nouvelle autopsie au juge et la saisie du dossier médical de l’octogénaire. « On va demander au juge d’instruction marseillais, pour l’instant toujours saisi, qu’il requiert auprès de l’Algérie l’autopsie intégrale et les documents sur lesquels se sont fondés les experts », précise-t-il.
« Une stratégie judiciaire »
Un nouveau document, alors même que les CRS présents lors du tir de grenade lacrymogène à l’origine de la mort de l’octogénaire, ont assuré devant les enquêteurs ne pas savoir qui d’eux avait tiré. Dans une audition, près de deux mois après les faits, dévoilée par Médiapart, trois récusent apparaître sur les images de vidéosurveillance sur lesquelles un CRS fait un tir en cloche en direction de l’immeuble de la victime.
Deux autres ne se prononcent ni dans un sens, ni dans l’autre.
« J’ai l’intime conviction qu’il y a une dissimulation. J’ai même une idée de stratégie judiciaire : si on ne se reconnaît pas, il y a un doute et quand il y a un doute, il profite toujours à l’accusé. C’est étonnant de ne pas se reconnaître sur des vidéos de surveillance, quand on sait à quel endroit on se trouvait, comment on était habillé », considère-t-il.
Milfet Redouane, la fille de Zineb avec qui elle était au téléphone avant d’aller refermer sa fenêtre, assure que sa maman a déclarée « il m’a visée, le policier m’a visée » juste après avoir été touchée. Le lendemain, l’octogénaire disait à une amie avoir été visée parce que les policiers pensaient peut-être qu’elle filmait.