Le 11 avril 2013.
Détenu depuis onze ans à Guantanamo et déclaré “libérable” par les administrations Bush et Obama, Nabil Hadjarab mène une grève de la faim qui inquiète ses défenseurs. Ce citoyen algérien, dont les proches possèdent la nationalité française, implore la France de le rapatrier. Le Quai d’Orsay et le ministère de l’Intérieur préfèrent se murer dans le silence.
Onze années qu’il croupit dans les geôles de Guantanamo. Nabil Hadjarab, Algérien de 33 ans, reste enfermé dans une cage alors qu’aucune charge n’est retenue contre lui. Pire, il a été déclaré “libérable” par les administrations Bush et Obama, en 2007 et 2009. Encore faut-il qu’un pays veuille bien de lui.
Ce ne peut être l’Algérie, où les Etats-Unis refusent désormais d’extrader des détenus, le pays étant jugé peu “sûr”. Ce peut en revanche être la France, où Nabil Hadjarab a vécu et dont il parle la langue mieux que l’arabe. Ses proches, qui y vivent depuis longtemps et possèdent la nationalité française, se battent pour le ramener. Mais depuis 2007 et la première demande du matricule AG238, la France s’abrite derrière un étrange silence.
“Je crains que Nabil ne tienne pas le coup”
Parallèlement, la situation de Nabil Hadjarab empire. Depuis février, il s’est joint à un mouvement de protestation des détenus de Guantanamo en entamant une grève de la faim. Les autorités américaines répondent par la force, usant d’une technique particulièrement douloureuse : le gavage. Ses “repas” prennent ainsi la forme d’une sonde, enfoncée dans le nez jusqu’à l’estomac.
Personne ne sait dans quel état physique se trouve Nabil Hadjarab. Le seul indice est inquiétant : il n’a pas pu honorer l’entretien téléphonique prévu avec son oncle, la semaine dernière. “Il est trop faible“, ont expliqué les autorités américaines.
Une situation qui alarme l’association juridique Reprieve, basée en Angleterre, qui suit les dossiers de certains détenus à Guantanamo, dont celui de Nabil Hadjarab. Polly Rossdale, membre de Reprieve, nous expose ses craintes :
“On est très inquiet. Nabil n’avait pas cet état d’esprit là auparavant. Son but était de survivre. Il prenait soin de lui, faisait de l’exercice et refusait de provoquer les autorités américaines. S’il fait une grève de la faim maintenant, c’est qu’il est vraiment désespéré.”
L’un de ses avocats français, Joseph Breham va plus loin : “Si on n’arrive pas à le sortir, je crains que Nabil ne tienne pas le coup.“
Lire la suite :
http://www.lesinrocks.com/2013/04/11/actualite/ignore-du-gouvernement-francais-nabil-hadjarab-se-meurt-a-guantanamo-11384458/