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Le 30 mai 2011
Si les établissements ont l’autorisation d’installer des caméras pour surveiller les extérieurs et les abords de l’école, il n’en est pas de même pour la vidéo à l’intérieur de l’enceinte. Dans un communiqué publié sur le site de la CNIL ce matin, l’institution fait remarquer que « depuis quelques mois, [elle] reçoit un nombre croissant de plaintes d’associations, de parents d’élèves ou d’enseignants concernant l’installation de caméras au sein même d’établissements scolaires et non plus seulement sur la voie publique ». Les systèmes de vidéosurveillance mis en cause donnent lieu à une « collecte massive de données » et portent « atteinte aux libertés des élèves et personnels ».
Pour cette raison, la CNIL a donc demandé à cinq établissements scolaires de retirer les caméras de surveillance qu’ils avaient installé dans leurs locaux, une information révélée par le Parisien de ce matin. Cette décision concerne tous les établissements de la maternelle au lycée et a valeur de jurisprudence et relance le débat en matière de vidéosurveillance.
Si le député UMP Eric Ciotti annonçait toujours dans le Parisien vouloir combattre la décision de la CNIL« par tous les moyens, y compris s’il le faut, en saisissant le Conseil d’Etat », tous les élus ne sont pas du même avis. Le sénateur UMP Jean-Patrick Courtois, rapporteur de la loi Loppsi 2 remarque qu’en général, « les caméras ont une utilité lorsqu’elles sont placées vers les entrées des écoles, pour empêcher des personnes indésirables de pénétrer dans les établissements. Une caméra pour voir si un enfant somnole en classe, ça n’a pas d’intérêt ». Et le sénateur de préconiser de bien envisager les situations au cas par cas, « une réflexion nationale étant difficile ».
Des caméras seulement en cas de circonstances exceptionnelles
A gauche, Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national socialiste en charge de la sécurité s’attache à clarifier le rôle des caméras. « Une caméra est un moyen et pas une fin. Filmer des enfants est malsain. Est-ce que les établissements concernés sont des maternelles ? Des primaires ? Est-ce que les maires des villages ont été informés ? Quelles sont les motivations à l’installation de ces caméras ? ».
La mise en place de la vidéosurveillance représente un coût souvent pris en charge par les communes. « Tout dépend du type de caméra mais il faut compter entre 10 000 et 12 000 euros pièce », détaille Jean-Patrick Courtois. Toujours selon la CNIL, « seules des circonstances exceptionnelles peuvent justifier la mise en place de tels dispositifs de surveillance », par exemple dans des « établissements scolaires victimes d’actes de malveillance fréquents et répétés ».
Mais attention souligne Jean-Jacques Urvoas, « les caméras sont plutôt des outils d’élucidation que des outils de prévention. Si c’était le cas, les braquages dans des bijouteries ou des banques (des lieux très surveillés) n’existeraient plus ! » Et pour être une technologie utile, les caméras doivent être considérées comme une aide au travail humain et non pas un remplacement.
Autrement dit, remplacer des surveillants scolaires, les fameux « pions » par de la vidéosurveillance n’est pas la solution. « Les enfants scolarisés ont besoin d’être encadrés par des adultes plus que par des machines. Les caméras montrent les problèmes mais il faut du personnel pour les solutionner », précise Jean-Jacques Urvoas.
Source :
http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/cnil-s-oppose-aux-cam-ras-coles-119414
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Et aussi :
Vidéosurveillance: la CNIL juge « excessifs » les dispositifs de vidéosurveillance de certains établissements scolaires
http://www.maire-info.com/article.asp?param=13817&PARAM2=PLUS