Le 30 avril 2013.
Immersion dans l'univers de ces drôles de dames.
Casquette mauve, veste assortie estampillée: gardien de la paix. Ce matin, elles sont trois dans le bureau de la cellule de prévention de Nivelles, prêtes à s’égailler dans la ville.
Aurore, 28 ans, diplômée en environnement. Murielle, 39 ans, "sans qualification particulière". Véronique, 43 ans, études d’employée de bureau.
Trois drôles de dames, entre pervenches et assistantes sociales. Si la plus jeune a intégré la cellule il y a trois ans, les deux autres ont dix ans de métier. Elles étaient déjà agents de prévention et de sécurité quand la loi de 2004 a instauré les premières sanctions administratives communales.
Murielle sécurise les entrées et sorties d’école : "On fait de la prévention près des passages pour piétons, pour assurer la sécurité des enfants." Mais son quotidien est surtout balisé de poubelles sorties le mauvais jour, de dépôts clandestins à identifier, de chiens à tenir en laisse "Quand j’arrive à prévenir la personne que c’est interdit, je le fais.
C’est plus notre rôle que de mettre des constats. N’empêche. On est poussés à le faire, de plus en plus. Il ne faut pas se leurrer : ce sont des rentrées financières "
La machine qui décide
Le produit des sanctions administratives aboutit directement dans les caisses communales. D’où la pression, plus ou moins explicite, plus ou moins appuyée, d’en faire plus. En particulier pour le contrôle du stationnement en zone bleue et en zone payante. "Parfois, on peut faire preuve d’empathie, mais une fois que le ticket est imprimé, on n’a plus la maîtrise."
"C’est le but , enchaîne Aurore : On nous enlève la responsabilité de décider de le faire sauter." La jeune gardienne de la paix ne mâche pas ses mots : "En trois ans, les choses ont changé. On affiche les statistiques de chacun, pour comparer les résultats individuels. On aura bientôt un tableau avec l’employé du mois" , raille-t-elle. Les chiffres sont édifiants : en moyenne, chaque gardien de la paix colle 35 redevances par jour aux automobilistes distraits (ou négligents) dans les zones bleues ou payantes.
Pour les constats d’infractions au règlement de police administrative de la commune (RGPA), c’est un peu différent. Depuis le début de l’année, Murielle en a dressé 17, Véronique, 14 et Aurore, "pas beaucoup" . C’est peu, en près de quatre mois.
"Je préfère être en contact avec les gens, discuter et prévenir : si on élargit les sanctions, ce sera comme si on ne devait mettre que des PV. Ça ne va pas être positif. Autant coller dans notre dos : auxiliaire de police" , commente Véronique.
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