Transmis par Janos, le 6 juin 2013.
Première des deux journéesd’audience dans le procès policer qui, en 2005, conduisait le véhicule de police qui a tué deux adolescents, Muhsim et Lakamy. Le policer est accusé d'"homicide involontaire".
La présidente ...
ouvre les débats et donne le ton, en s’adressant au policer accusé : ça fait longtemps que ça s'est passé, si vous ne vous souvenez pas de tous les événements ce n'est pas grave, c’est normal. Puis, tout au long de la journée elle lui facilite la vie : quand il y a, rarement, une question embarrassante [qui] est posée à l’accusé et [qu'] il cale, la présidente lui déroule la réponse, genre : vous vouliez dire cela, n'est ce pas ?
Le procureur...
il parle peu, quand il le fait, il prend la place des avocats de l’accusé, ils n'ont pas besoin de travailler, les autres le font a leur place.
L'accusé…
Est droit dans ses bottes, il est désolé pour les familles, mais il a fait ce qu'il devait faire, ne regrette rien. Il a obtenu une mutation dans un coin tranquille de la province, c’est un grand classique. Aucune sanction administrative. Sinon il fait du « maintien de l’ordre ».
Il peut être tranquille, il est bien entouré. Quand l’expert affirme qu’il ne roulait pas « entre 40 et 50km/h » comme il le prétend, mais à 64km/h, il dit calmement qu’il ne fait pas la différence entre 50km/h (la vitesse limite sans gyrophare et klaxon en ville) et 64 km/h !
La prochaine fois vous sortez ça lors d’un excès de vitesse. Quand l’expert dit que la moto, sans pot d’échappement, moto de course cross junior, faisait un bruit à assourdir tout le monde à un km, il affirme tranquillement, en dépit d’une vitre baissée, qu’il n’a rien entendu. Personne ne relève ces mensonges, contradictions évidentes, même pas la partie civile (les 3 avocats de la famille). On dirait que la victime c’est l’accusé.
L’expert…
Il démontre que les 50km/h des flics [sont] faux…. pour les dédouaner immédiatement. D’accord excès de vitesse, mais ça ne change rien. Ilprétend, en dépit des lois élémentaires de la cinétique que rouler à 40 à l’heure ou rouler à 64 à l’heure ca n’aurait rien changé pour Muhsim et Lakamy, puisque ils n’avaient pas de casque.
Or un élève de la 3ème sait que l’énergie cinétique augmente avec le carré de la vitesse, c'est-à-dire, si l’on double la vitesse les dégâts augmentent 4 fois, si on la triple ils augmentent 9 fois etc. De nouveau personne ne réagit.
Tout passe.
Pareil quand il affirme que les flics ne roulaient pas seulement à 64km/h mais aussi que l’accusé accélérait avant de passer le carrefour et écraser les jeunes. Il ne dit pas, et personne d’autre non plus que, si la police avait respecté la limite de 50km/h et si leur voiture n’avait pas accéléré, les jeunes auraient pu, peut-être, l’éviter en passant devant.
Les avocats de la partie civile :
c’est mou, c’est silencieux, des questions sans importance, surtout pas de bagarre, surtout ne pas enfoncer la pauvre « victime » : l’accusé. L’avocat le plus important dit après l’audience, l’expert, on le connait, il est nul, mais l’idée ne leur est pas venue de demander une contre-expertise ?
Les seuls dignes : les familles des victimes, le Papa, la sœur, le frère. Ils veulent juste la vérité
Demain l’audience continue. A moins d’un réveil salutaire mais hélas improbable (de toute façon l’expert » ne sera plus présent), de la partie civile, on s’achemine, à mon avis vers l’hypothèse d’un accident, certes « regrettable ». Non lieu, une amende, 3 points de permis en moins, au pire un mois avec sursis ? Mais la vérité on ne le saura pas.
Comédie de justice. Mais non.
C’est ça LA justice, un grand théâtre d’ombres où chacun joue son rôle dans un ordre prédéterminé.
le 6 juin 2013
Jànos