Transmis par Janos
Le 10 février 2011
Mardi, trois jeunes ont porté plainte. Ils dénoncent, vidéos à l'appui, les violences policières dont ils se disent victimes.
ls s'appellent « Diper » et « Extrem » et sont la cause de la polémique qui enfle à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Sous ces patronymes, deux chiens policiers, jetés, muselières retirées, sur des jeunes de cette commune de la banlieue parisienne. Trois jeunes, dans un premier temps interpellés puis relâchés, viennent de porter plainte pour « violences et faux témoignage » à l'IGS. Ils ont apporté à la police des polices trois vidéos filmées à l'aide de téléphones portables par des témoins de la scène. France-Soir s'est procuré ces films amateurs. Et les images racontent une tout autre histoire que la version officielle livrée jusque-là par les forces de l'ordre.
Voir les vidéos :
http://www.francesoir.fr/actualite/faits-divers/videos-qui-accusent-police-71924.html
Rappel des faits :
il est 16 heures, ce vendredi 4 février, lorsque deux patrouilles circulent dans la cité HLM du Luth, à Gennevilliers, un quartier réputé sensible. Arrivées avenue Lénine, ça dérape. Dans la presse, « une source policière » expliquera que les fonctionnaires patrouillaient « comme à leur habitude » quand une quarantaine d'individus les ont insultés. Reçus par des jets de pierres et de cocktails Molotov, affirment les policiers, une véritable scène de guérilla urbaine s'en serait ensuivie. Bataille rangée durant laquelle les policiers auraient été obligés de faire usage de leurs armes, Flash-Ball et grenades lacrymogènes, pour se défendre.
Coups de poing au visage
Bilan de cette rixe : trois fonctionnaires légèrement blessés et un autre se voyant prescrire une incapacité totale de travail de dix jours. Dans la foulée, les trois jeunes sont arrêtés. D'autant que, si le premier interpellé présente un casier judiciaire vierge, les deux autres ont des antécédents, notamment des violences sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Trois jours plus tard, le 7 février, Alliance, second syndicat de gardiens de la paix, s'émeut : dans l'attente de leur procès, prévu le 24 février, les trois agresseurs présumés ont été remis en liberté par le juge des libertés et de la détention. Car les jeunes ont donné une autre version de l'agression et ils l'exposent dans leur plainte à l'IGS. Les victimes, assurent-ils, ce sont eux et non les policiers. Pour preuve, ils apportent trois vidéos.
Réalisées par des passants, les films ne montrent pas l'intégralité de la scène. C'est d'ailleurs leur limite. Mais ce qu'on y voit, ce qu'on y entend, suscite néanmoins des interrogations sur les déclarations des fonctionnaires.
D'abord, les jeunes ne sont pas « une quarantaine » mais une petite dizaine. Surtout, un agent assène deux coups de poing au visage d'un homme calme et menotté dans le dos.
Quelques secondes auparavant, un autre policier jette son chien à plusieurs reprises sur des jeunes adossés à un bâtiment. Et ce sont ces deux gestes qui causent, semble-t-il, l'embrasement de la cité. En outre, on perçoit la crainte d'une femme dans un appartement, qui implore son conjoint de ne pas filmer les violences, de peur que les policiers ne leur tirent dessus.
Une morsure « d'initiative »
Autre problème : sur procès-verbaux, les forces de l'ordre ont été moins catégoriques que dans les médias. Tout d'abord, ils reconnaissent que les jeunes interpellés n'ont pas été véhéments. Ce serait, disent-ils alors dans la procédure, lorsqu'ils se sont éloignés qu'ils ont été insultés. « Vous êtes chez nous, quittez les lieux, on nique la police », auraient-ils notamment entendu avant que deux de leurs collègues ne soient poussés au sol par leurs agresseurs. De surcroît, ils mentionnent le jet d'une seule pierre depuis un immeuble. Enfin, assurent les fonctionnaires, « Extrem », le chien policier, a mordu un des jeunes « d'initiative » alors que quelques minutes auparavant l'animal portait une muselière...
La polémique, que ne manquera pas de susciter les vidéos, fait d'autant plus tache qu'elle concerne une nouvelle brigade, la brigade spécialisée de terrain (BST), en fonction depuis une semaine au moment des faits. Elle remplace les unités territoriales de quartier (Uteq). Sa mission ? La commissaire en charge de la brigade la développait dans le dernier numéro de Gennevilliers magazine, le bulletin municipal ; il s'agit, selon elle, « de créer un lien durable avec la population ». Dans le même article, l'adjointe au maire assurait : « Cette brigade n'est pas une réponse de violence, mais une réponse de proximité à travers une présence humaine et rassurante. »
Par Matthieu Suc
Source :
http://www.francesoir.fr/actualite/faits-divers/gennevilliers-jeunes-accusent-police-71972.html