Par Sophie Perchellet
A l’instar des derniers sommets de chefs d’Etat comme celui de l’OTAN à
Strasbourg en avril 2009, Pittsburgh qui accueillait le G20 fût sous
haute surveillance. Prétextant une possible attaque terroriste, le
quartier ou les grands dirigeants de ce monde se sont rassemblés est
totalement bouclé par les forces de l’ordre. Les commerces et les écoles
sont fermés par mesure de sécurité. La ville ressemble à une ville
fantôme ou personne ne rentre sans autorisation. Les points d’accès
(pont et routes) sont barrés par les forces de l’ordre et le ciel est
surveillé par des avions militaires et des hélicoptères. Durant tout le
sommet, des bruits de sirènes se font entendre jour et nuit. Pour
l’occasion, 18 millions de dollars seront dépensés pour que 4 000
policiers fédéraux[1] se joignent aux 900 policiers de
Pittsburgh. Ceux-ci largement équipés ressemblent au célèbre « Robocop »
hollywoodien. Aucun acte terroriste n’étant survenu, les forces de
l’ordre ont vite trouvé comment s’occuper et cela dès le jeudi ou la
première manifestation débute.
Un groupe de manifestants décide de se rassembler pour protester malgré
l’interdiction émise par la ville et se rejoignent dans un parc. Se
décrivant eux même comme des anarchistes, le porte parole du collectif
« résistance au G20 » Noah Williams déclarera que « l’on n’a pas besoin
de demander l’autorisation des gens au pouvoir pour manifester. On ne va
pas mendier auprès de ceux qui ont le pouvoir. On se fabrique notre
propre pouvoir ». Peu de temps après le début du rassemblement, des
véhicules militarisés annoncent l’illégalité de ce rassemblement et
demandent aux manifestants de se disperser. Ceux-ci n’obéissant pas, ils
seront dès lors attaqués et lorsqu’il s’agit de remettre de l’ordre, les
forces de police n’y vont pas de main morte. Comme on a pu le voir sur
de nombreuses vidéos disponibles sur internet ou reprises par les médias
traditionnels, le maintien de l’ordre se fera à l’aide d’armes dites non
létales, si chères à la défense étasunienne. Du gaz lacrymogène, du gaz
au poivre ou encore des canons à ultra son, tout est bon pour disperser
la foule et tous ces moyens seront utilisés[2].
Le soir, un autre rassemblement spontané aura lieu sur le campus de
l’université de Pittsburgh. Les manifestants sont surtout des étudiants
et de petits groupes de contestataires les rejoindront. Seulement cette
fois, les forces de l’ordre seront « moins cool » que le jour.
Déclarant encore une fois ce rassemblement illégal, les forces de
l’ordre vont cette fois s’en prendre à toutes les personnes ayant le
malheur d’être là en les aspergeant de gaz lacrymogène ou de gaz au
poivre. Peu importe s’ils sont là pour la manif ou bien juste de
passage, tout le monde sera mis dans le même sac ! Une vidéo montrant
des étudiants pris au piège par les forces de l’ordre dans les escaliers
d’un immeuble est mise en ligne sur Youtube[3]. On y voit que
la police ou plutôt la police militarisée les maintient dans les
escaliers alors même qu’ils les aspergent de gaz. Dans la rue,
l’ambiance s’échauffe. Dans un même temps un peu plus loin, des vitrines
de commerces ou de banques volent en éclat et 42 arrestations seront
faites. Le maire de ville en campagne pour sa réélection, Luke
Ravenstahl déclarera qu’il est fier du travail effectué par ses
hommes[4].
Le vendredi fut le jour de la marche officielle autorisée par la ville.
Rassemblant environ 10 000 manifestants tout se passa dans le calme et
le cortège fut stoppé à quelques mètres de l’endroit où les chefs
d’Etats étaient rassemblés. Les manifestants ont différentes
revendications mais tous marchent dans le calme. Le collectif
« résistance au G20 » fera sa marche parallèlement au cortège principal
en manifestant lui contre les grandes multinationales tels Mc Donald’s,
Starbuck ….
Enfin, le vendredi soir, de nouvelles échauffourées éclatent entre les
forces de l’ordre et des manifestants près de l’hôtel Schenley. Environ
110 personnes seront arrêtées portant le nombre total d’arrestation aux
environ de 200 personnes pour toute la durée du Sommet.
Les forces de l’ordre ont tiré des « bean bags », des billes de plastique,
pour disperser une quarantaine de protestataires réunis sur une place
pour un « rassemblement contre la brutalité policière » organisé via le
site de microblogging Twitter. Plusieurs centaines d’étudiants étaient
sortis de leurs dortoirs situés à proximité pour regarder les incidents
et ont également reçu l’ordre d’évacuer les lieux. La police a utilisé
du gaz au poivre et un appareil acoustique émettant des sons
insupportables pour l’oreille afin d’obliger les étudiants à quitter la
place.
Ce sommet n’a laissé que très peu de place à la contestation dûment
réprimée. Nous retiendrons l’agressivité des forces de polices
étasuniennes lorsqu’il s’agit de maintenir des contestataires au silence
et leur inquiétante militarisation. Plusieurs représentants de
mouvements sociaux accusent la police d’avoir eu un comportement
disproportionné et ils ont raison. En traitant les manifestants comme
des criminels, la démocratie étasunienne a montré son vrai visage.
Des photos de ce sommet sont disponibles à l’adresse suivante :
http://www.wpxi.com/slideshow/news/21084216/detail.html
[2] http://www.wpxi.com/politics/21102456/detail.html
[3] http://www.youtube.com/watch?v=Ju2Uhdj8Dhc
[4] http://www.wpxi.com/politics/21120737/detail.html
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