Pioché sur Contre Tous Les Lieux d'Enfermement
Le 4 juillet 2012
MIRAGE JUDICIAIRE : le procès du policier responsable de la mort de Lakhamy et Moushin renvoyé à juin 2013
Par le Collectif Angles Morts
« Sérénité » et « paix publique », ou le mépris judiciaire
Le vendredi 29 juin 2012 s’est tenu, pendant quelques heures au tribunal de grande instance de Pontoise, un épisode supplémentaire de la mascarade judiciaire qui a débuté après les révoltes de Villiers-le-Bel en 2007. Le conducteur de la voiture de police, Frank Viallet, responsable de la mort de Lakhamy Samoura et Moushin Sehhouli le 25 novembre 2007, devait y être jugé pour homicide involontaire.
Trois heures après le début de l’audience, le procès a été renvoyé aux 6 et 7 juin 2013.
Cela fait déjà cinq ans que les familles Samoura et Sehhouli attendent que la justice se prononce sur les circonstances exactes de la mort de Lakhamy et Moushin.
Cinq ans qu’elles paient Me Mignard, leur avocat, pour qu’il participe à ce théâtre judiciaire en leur nom.
Cinq ans de deuil troublés par les humiliations, le mépris et les entraves des juges, du parquet et de l’État.
Le renvoi de ce procès au bout de quelques heures est une manière peu subtile de leur faire comprendre que leur douleur ne pèse rien dans la balance judiciaire, qu’ils devront attendre un an de plus, afin que chaque pièce du jeu soit bien en place pour que la justice puisse à nouveau innocenter un policier en toute « sérénité ».
« Sérénité ». Voilà le mot qui n’a cessé de revenir dans le bouche de tous ces agents judiciaires en robe noire. A l’inverse des procès contre les « caillasseurs » et les « tireurs » présumés de Villiers-le-Bel– où les déploiements massifs de policiers autour et à l’intérieur des tribunaux donnaient le ton des représailles étatiques –, quand ce sont les fonctionnaires de police qui sont mis en cause, on nous martèle que l’audience doit être un « instrument de la paix publique ».
Les collègues en civil de Viallet qui remplissaient les bancs du côté droit de la salle semblaient en effet sereins, avec raison sûrement, puisque la justice française a l’habitude d’acquitter ou de distribuer des peines de principe à ces fonctionnaires qui s’octroient le droit de vie et de mort sur les habitants de quartiers populaires.
Du côté gauche de la salle, les familles et les quelques soutiens, venus en majorité de Villiers-le-Bel, avaient des visages las et secouaient la tête par intervalle. L’espoir avait depuis longtemps quitté ces bancs.
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