Le 13 juin 2013.
Deux ans de prison de ferme pour sa chanson « Boulicia Kleb », (les policiers sont des chiens), le rappeur Weld 15 est désormais en prison. La sévérité de sa peine a suscité une indignation parmi ses soutiens et des violences policières devant le tribunal ont clôturé la fin du procès.
Vers 10h30, Weld 15 a le sourire aux lèvres dans le café Chichkhan juste à côté du tribunal. Le jeune Alaa Eddine Yacoubi est depuis presque trois mois en cavale pour sa chanson et son clip Boulicia Kleb”. Aujourd’hui, entouré de ses amis rappeurs Emino, Madou MC, Klay BBJ, Lil’ K et de son comité de soutien, il se rend librement à la justice.
Sabrine Klibi, la figurante arrêtée quelques mois plus tôt et les autres rappeurs crédités à la fin du clip, qui avaient bénéficié d’un non-lieu, sont tous là pour soutenir leur ami. Le sourire tantôt spontané, tantôt un peu forcé, Weld 15, rasé de près et chemise marron bien repassée, semble aussi un peu angoissé :
« J’ai voulu me rendre librement à la justice. On a travaillé en équipe avec mes avocats et mon comité de soutien car les chefs d’inculpation ne sont pas réellement fondés et je pense que j’ai une chance de m’en sortir. »
Un manque de confiance en la justice
Mais sous son assurance, il confie à demi-mot qu’il n’a « toujours pas confiance en la justice ». Il avait prononcé exactement la même phrase au téléphone quelques mois plus tôt alors que ses camarades passaient devant le tribunal. Les chefs d’inculpation ne sont pas rassurants.
Les articles, 120, 121 : complot formé pour violences sur un fonctionnaire et appel à la rébellion, 125 et 128 : outrage à un fonctionnaire, 226 ainsi que 226 bis : outrage public à la pudeur ; sont retenus contre lui. Selon le rappeur, son procès est un « test » pour la loi tunisienne mais aussi pour la liberté d’expression. A ses côtés, le journaliste Thameur Mekki qui préside son comité de soutien n’est pas non plus rassuré :
« Nous voulions qu’il se présente à la justice et qu’il assume ce qu’il a fait afin de trouver une issue légale à tout ça. Il y a eu plusieurs vices de procédures dans le dossier qui peuvent laisser espérer une sortie à l’amiable. Mais pour ce qui est de la liberté d’expression, les différentes affaires depuis quelques mois donnent plutôt un message inquiétant. Il y a un climat de répression. Aujourd’hui, la justice a l’occasion de donner un signal fort avec ce procès en évitant de tomber dans le même piège que pour les autres affaires. On verra bien. »
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