Depuis Le Monde, le 11 mars 2012
Un homme déambule entre les allées d'un parking et s'attarde "anormalement" près d'une voiture. A 3 kilomètres de là, devant son mur d'écrans relié à une trentaine de caméras, un opérateur se lasse de voir passer des anonymes et s'assoupit.
Mais un signal d'alarme attire son attention sur l'écran 15, où la silhouette du maraudeur est cerclée de rouge. Si l'opérateur en croit l'"intelligence" de la caméra, cet homme s'apprête à voler un véhicule. Il avertit donc la police, qui sera sur les lieux cinq minutes plus tard. Et trouvera un voleur... ou un rêveur.
Après avoir été présentées comme la panacée pour lutter contre la délinquance, les caméras de vidéosurveillance sont jugées assez inefficaces par les professionnels de la sécurité : la capacité d'attention d'un opérateur ne dépasserait pas deux heures pour huit écrans. Les caméras ont sans doute un effet dissuasif, mais n'ont pas fait chuter la délinquance (Le Monde du 29 octobre 2011).
Les logiciels de "détection des comportements anormaux" vont changer la donne, assurent les promoteurs de la vidéosurveillance intelligente (VSI).
En 2006, l'Agence nationale de la recherche (ANR) finance un projet du laboratoire d'informatique de Lille (LIFL-CNRS) : CAnADA, acronyme de "comportements anormaux : analyse, détection, alerte"...
Objectif : "Classer les comportements d'individus afin de les interpréter en termes de menace", et "établir une typologie des signaux visuels de dangerosité".
Dès le départ, des chercheurs en droit et sciences politiques sont associés au projet, coordonné par l'Ecole des mines de Douai, pour en discuter les questions éthiques. Leurs réflexions ont bien été publiées, mais, sur le terrain, elles ne font plus l'objet de débat...
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http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/03/11/videosurveillance-trop-de-cameras-pas-assez-d-yeux_1654447_651865.html