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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 17:13

 

http://souriez.info/local/cache-vignettes/L280xH124/arton363-a9452.jpg


Suite à la répression du 15 janvier à Tours, témoignages et communiqués pleuvent sur la boite du C.L.A.P33

Voir ici :
http://0z.fr/Kh0bH

Et là :
http://0z.fr/BdXPp

Et maintenant ce témoignage transmis par le Codedo
http://codedo.blogspot.com/

J'ai été interpellé samedi 15 janvier, à 16h35 sur la place Jean Jaurès, en tentant d'échapper à une charge policière. Deux flics infiltrés dans la manif m'ont mis à terre, puis donné un coup de matraque sur la cuisse droite. (j'ai appris pendant ma garde à vue qu'ils étaient de la BAC de Rouen, détachés spécialement pour l'occasion). Un garçon de 20 ans portant un autocollant NPA est interpellé en même temps que moi. Nous sommes immediatement conduits au commissariat, où l'on nous signifie notre garde à vue.

Au bout de peut-être dix minutes, nous sommes interrogé, par deux personnes differentes, dans le même bureau. On nous accuse tous les deux d'avoir lancé des pavés sur les CRS. Si l'autre reconnait immediatement avoir lancé une canette de bière, je nie catégoriquement les faits : je n'ai rien lancé en direction de qui que ce soit. Pendant qu'une employée de police prend ma déposition, celle chargée d'auditioner l'autre garçon lance des commentaires dans ma direction: "je ne vous crois pas monsieur ; faute avouée est à moitié pardonnée; vous pouvez sortir d'ici rapidemment si vous vous montrez raisonable, etc.".

A la fin, mon interlocutrice me dit que j'ai le droit de voir un avocat et un médecin,  mais elle me le déconseille:  "c'est une perte de temps, ça ne changera rien et ne fera qu'allonger votre temps ici". Je décline pour le médecin mais accepte de voir un avocat. J'ai sur le bras le numéro de 2 avocats recommandés par la "legal team", mais je n'ai pas le reflexe de le dire, et on m'assigne donc un avocat commis d'office.

Je retourne en cellule. Seul au départ, je vois défiler 2 autres personnes en lien avec la manif : un cénétiste vendéen, qui sera relaché au bout de quelques heures, et un tourangeau souffrant visiblement de troubles psychiatriques (il me confie avoir un dossier "long comme le bras" à la police, et un autre de taille comparable à l'HP). Il partira au bout d'une dizaines d'heures, sans que je sache s'il a été liberé ou transferé dans une autre structure.

Il y aura beacoup de passage et d'agitation tout au long de la soirée. A un moment, j'entend un policier dire que toutes les cellules de garde à vue sont pleines (nous sommes alors 3 dans la mienne), et qu'il s'agit de faire de la place. La plupart partiront en effet dans les heures suivantes. L'attitude des flics est correcte, exceptée pour deux-trois d'entre eux, que le cénétiste reconnait comme étant les membres de la BAC qui l'ont arreté, et qui se comportent en cow-boys ("Toi, debout ! Viens ici ! Ton nom, ton adresse !", etc).

Je rencontre ensuite l'avocate commise d'office. Comme elle n'a pour l'instant pas accès au dossier, elle ne peut pas faire grand'chose. Elle me conseille néanmoins de demander à voir un médecin pour faire constater le bleu à ma cuisse droite, consécutif au coup de matraque. Elle part en me disant de ne pas m'inquieter et que je serais bientôt dehors.

Aprés un bref retour en cellule, on me crée une fiche (photo, empreintes digitales, mais pas de prelevement ADN). Je suis desormais "connu des services de police".

Vers la fin de ma première tranche de 24 heures de garde à vue, un avocat (Maitre Esmel, l'un de ceux recommandé spar la "legal team"), contacté par des camarades, vient me voir. Nous nous entretenons brievement. Lui aussi pense que je vais bientôt sortir. Il me dit qu'il va se renseigner sur mon cas auprés du parquet, puis qu'il repassera me voir dans la soirée, si du moins je suis encore au poste à ce moment. Je n'aurais plus de nouvelles de lui.


Quelques heures plus tard, on m'annonce que ma garde à vue va être prolongée, et que je passerais devant le juge demain (lundi 17), dans la matinée ou en début d'aprés-midi. J'ai alors encore une fois la possibilité de voir un médecin et un avocat. J'accepte pour les deux.

Le médecin passe, je lui fait constater le bleu. Il en prend note en me disant que j'ai "dû le sentir passer". En revanche, Maitre Esmel est injoignable, et le commis d'office n'aura pas le temps de venir me voir avant mon transfet au tribunal.

Je suis ensuite emmené voir "l'enqueteur social", chargé de dresser un tableau de ma personalité qui sera ajouté au dossier. Je lui demande s'il travaille pour la justice ou pour la police. Réponse : aucun des deux, c'est un independant. Je décide donc de ne rien lui dire que je ne dirais pas à un flic. Lors du procès, j'apprendrais qu'il m'a décrit, aprés un entretien de 10 minutes, comme étant quelqu'un "d'idéaliste, convaincu et determiné". Il part en me disant que mon combat contre le FN est juste mais qu'il y a d'autres moyens, etc...

Au lendemain de ma seconde nuit en cellule, je suis de nouveau auditionné. Je persiste dans ma version des faits. Mon interlocutrice m'annonce que j'ai été "formellement reconnu" par les flics qui m'ont interpellé comme étant l'auteur d'un jet de pavé.
 
Vers 15h, on me fait signer mon PV de fin de garde à vue, puis je suis reconduit en cellule pour environ une heure, avant d'être transferé au tribunal. On me rend alors mes affaires, à l'exception de mon téléphone portable.

Devant le bureau de la substitut du procureur, je retrouve deux personnes arretées lors des émeutes, dont le garçon ayant été arreté avec moi. Lui et l'autre ayant reconnu leur culpabilité, ils se sont vu proposés une Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (quelques mois de sursis et des TIG) qu'ils ont tous les deux acceptés. Celui qui a été arreté avec moi m'apprend que les flics croyaient qu'on était de mèche et qu'ils ont essayé de lui faire reconaitre qu'on avait lancé des objets ensembles.

Vient mon tour d'être reçu par la substitut. L'ambiance est glaciale. Elle m'annonce que je suis accusé de "violences aggravées sur personnes dépositaires de l'autorité publique", ce qui est passible de 3 ans fermes. Elle coupe court à mes dénégations : j'ai, de toutes manières, été formellement reconnu par les policiers, donc le cas est clos.

 

Mon seul choix est donc de me montrer raisonable et de reconaitre les faits. Je ne change pas ma version d'un iota, et argumente que l'on peut consulter les bandes d'enregistrement des cameras de videosurveillance de la place Jean Jaurès. Elle me dit que cela a déjà été envisagé, mais "qu'aucun de ces enregistrement n'est exploitable". Je sors de son bureau avec le moral dans les chaussettes, car si c'est juste ma parole contre celle des flics, la situation est critique... Heureusement, l'un des policier m'annonce qu'un "comité de soutien" est dans la salle pour moi, ce qui est quand même un reconfort.

Je rencontre l'avocat commis d'office quelques heures avant de passer en jugement. Je lui fait part de mon intention de demander un délai pour préparer ma défense, et notamment de demander au tribunal de consulter les bandes de vidéosurveillance. Sa réponse : c'est une mauvaise idée, cela nécéssiterait une expertise couteuse et le tribunal, disposant déjà de la parole d'un flic, n'allait pas s'embeter à aller chercher plus loin. Il faut mieux passer aujourd'hui, car je n'aurais pas d'éléments nouveaux à présenter dans quelques mois, ce qui risque d'aggraver mon cas. Je décide de suivre son avis.

La comparution devant la cour sera brève, moins d'une demi-heure. Le procureur veut montrer que je suis venu pour me castagner avec les flics ("Quand une manifestation commence à dégénerer, une personne normale quitte les lieux, vous ne l'avez pas fait, donc..." ; "Que pensez-vous des Black Blocs ?", "Faisiez-vous parti d'un groupe de manifestants ?"...). L'avocat rappelle que la déposition du flic qui m'accuse a été faite 24h aprés les faits, et non immediatement aprés, et que des incoherences s'y trouvent (ex : je suis décrit comme étant "porteur d'un haut noir", ce qui est exact, à ceci prés que ce haut était difficilement visible puisque je portais un blouson marron par dessus).

 

Le proc réclame finalement la même peine que pour les deux autres : 2 mois de sursis et 100 heures de TIG.


Au déliberé, la présidente dit qu'il lui faut plus d'élements pour juger l'affaire, et repousse le jugement à une nouvelle audience, le 24 fevrier. En attendant, j'ai l'interdiction de manifester.

A la sortie du tribinal, je suis accueilli par une délégation de la "legal team", qui se demène depuis samedi soir pour savoir combien de personnes ont été arretées et où en sont leurs procédures respectives. Ils m'annoncent avoir d'or et déjà lancé un appel à témoin au sujet de mon interpelation, et être en relation avec plusieurs militants ayant filmé ou photogrphié la manif pour me disculper. Je leur en suit extremement reconaissant.


Pour l'instant, affaire à, suivre...

Juste quelques remarques au sujet de tout ça : j'ai pris conscience que si j'avais une certaine connaissance théorique de ce qu'il convient de faire et de ne pas faire en GAV, celle-ci n'a pas vraiment fait le poids contre la grosse pressions des flics et mon ignorance du déroulement pratique des faits.

J'ai accepté un avocat commis d'office, j'ai initialement décliné l'offre de voir un médecin, j'ai accepté la comparution immediate... Un effort de formation dans le parti est à faire à ce sujet !

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 12:32

briqueBal tragique à Lille : un policier égratigné, 53 interpellations, écrit par Lille 43000 :Témoignage de Jack et B2B (à publier, à diffuser http://www.lille43000.com/content/view/387/263/ 

suivi du Communiqué de la brique à propos de la soirée du 14 janvier au ccl

Image La soirée du vendredi 14 janvier organisée au Centre Culturel Libertaire (CCL) en soutien au journal La Brique a rassemblé beaucoup de monde. Des habitués, des militants, mais aussi et surtout de nombreuses personnes étrangères à ce milieu, uniquement présentes pour le concert Hip Hop. A la fin de la soirée, la police a littéralement pris d’assaut les lieux et interpellé brutalement les 53 personnes qui s’y trouvaient encore. Pour plusieurs raisons, nous ne reviendrons que sur les agissements des policiers, depuis le moment où ils nous enfermaient dans le CCL comme des rats jusqu’à notre libération du commissariat. Voici ce que nous avons vu de nos propres yeux et entendu de nos propres oreilles, tant de la part de nos compagnons de cellule que des « fonctionnaires de l'Etat », véritable police idéologique et punitive.

   Entre 3 et 4 heures du matin, la police intervient aux portes du CCL. Avant qu’elles ne soient fermées et barricadées par nos soins, un policier réussit à décharger une grosse dose de lacrymogène poivrée à l’intérieur. Les yeux rougissent, larmoient, les poumons s’irritent, l’air s’opacifie, mais il est encore possible de tenir. Certaines personnes ouvrent la seule salle fermée jusqu’à présent pour s’y réfugier et respirer. Mais cela ne dure pas, car les policiers brisent sa vitre donnant sur la rue et gazent massivement, dans le but d’étouffer ses occupants. La situation est intenable, et l’on se décide à sortir.

   L’ouverture des portes permet aux agents de gazer davantage ce véritable piège qu’est devenu le CCL. Certaines personnes le sont au visage, comme celle qui tente d’expliquer à la police qu’« on va sortir ». Une fois dehors, nous sommes reçus à coups de matraques, bousculés, molestés, jetés au sol. Et, progressivement, nous nous retrouvons à terre, soit sur les trottoirs, soit sur la chaussée. Un mot de trop, un geste – comme lever la tête pour observer la scène –, et les policiers insultent – les hommes en particulier sont traités de « pédale », « tarlouze » – ou frappent – coups de pieds dans les bras, les côtes. Certains sont matraqués à la tête. Un homme a l'œil gonflé de sang. Est-ce un hasard s’il est basané ? Au moins deux personnes sont complètement aveuglées par le gaz. Une autre, asthmatique, s’asphyxie. Un type se retrouve à terre, la tête écrasée par le genou d’un jeune policier très excité, celui-là même qui le menotte brutalement en criant, mot pour mot, à ses collègues : « J’l’ai eu, c’est bon, j’me suis vengé ! »

   Plusieurs camions arrivent. Cela a manifestement tout l'air d'une rafle, avec son lot de personnes impuissantes, apeurées, paniquées et dans une complète incompréhension. Nous sommes menottés dans le dos à l’aide de « serre flex » et conduits par groupes au commissariat. Dans un des camions, un policier déclare à des « raflés » qu’ils sont interpellés parce que, ce soir, ils n’étaient « pas sortis au bon endroit ». D’autres apprennent de la police qu’ils ne sont que de « sales gauchistes ».

Arrivée au commico

   Au commissariat, les hommes sont parqués dans une seule cellule, les femmes dans une salle, toujours entravé-es. Nous sommes bientôt 53, et étouffons entre ces murs. Certains ont leurs liens trop serrés, dans le dos, et expriment leur douleur aux policiers. Ces derniers rigolent et insultent à nouveau. Comme dans la salle où sont enfermées les femmes, la colère monte dans la cellule des hommes. Quelques uns s’énervent, l’on crie, l’on tape dans la porte, ce qui vaut, pour l’un d’entre eux, d’être sorti de la cellule et tabassé au sol. Il ne se débat pas, tenu qu’il est par le « serre flex », et encaisse les coups.

   L’un après l’autre, nous passons un test d’alcoolémie. Les hommes sont déplacés, toujours les mains dans le dos, dans une autre cellule, un peu plus grande. Les femmes sont les premières à être fouillées, mises à nu une par une, puis déplacées dans les geôles de garde à vue. De là où les hommes sont parqués à présent, on peut observer les derniers interpellés arrivant au commissariat. Parmi eux, une jeune femme perd connaissance, juste devant la cellule. Elle s’écroule sans provoquer la moindre réaction des policiers. Ceux-ci la laissent au sol, inconsciente, durant au moins quinze minutes. Derrière les vitres de la cellule, les hommes protestent, en criant, tapant dans la porte. Ce qui amuse visiblement les agents, qui rigolent entre eux, droits dans leurs bottes autour de la gisante. Elle sera par la suite traînée sur le sol…

   Un type est très mal en point, il ne voit plus rien. On demande un médecin mais les policiers se marrent et attendent un long moment pour le faire examiner. Certains souhaitent que leurs liens dans le dos soient desserrés : ils en sortent un pour… les lui resserrer. L’énervement se fait de plus en plus sentir. Aucune notification, aucune information n’est donnée. Certes, certaines personnes ont trop d’alcool dans le sang, mais celles dont le taux est nul devront quand même patienter plusieurs heures – environ de 4h30 à 8h30 pour les premières – avant de savoir ce qu’elles font ici et connaître leurs droits. Un flic au crâne rasé perd son sang froid, ouvre la cellule des hommes et en frappe un durement au ventre. Il referme la porte. Quelques minutes après, il réitère dans la salle des femmes en infligeant plusieurs coups dans le tas, à l’aveugle. Ses collègues lui demandent manifestement d’aller voir ailleurs, car il vient de commettre, devant tout le monde, une bavure en bonne et due forme. Un autre policier explique aux hommes qu’ils ont « de la chance de pas être en Tunisie », car « là-bas, on aurait eu des armes ». Et à ceux qui lui demandent si c’est ce qu’il veut, utiliser son arme, il répond très sereinement « oui ». Pour justifier leurs agissements, les agents n’ont qu’un mot à la bouche : une « trentaine » de personnes parmi nous ont tabassé un des leurs qui est actuellement dans le coma… Nous apprendrons plus tard la vérité : ce n’est qu’un grossier mensonge.

   Pour les hommes, les mains dans le dos, l’attente dans cette cellule trop petite est très longue. C’est un peu avant 8 heures que le premier d’entre eux est fouillé, libéré du « serre flex », présenté au médecin puis placé en geôle de garde à vue. Les derniers y seront déplacés en milieu de matinée. Pendant une fouille, des policiers menacent et traitent plusieurs fois un interpellé dénudé de « connard ». Lors d’une autre, ils arrachent sans ménagement l’écarteur d’oreille d’un homme, qui arrive dans sa cellule avec un lobe ensanglanté. On lui donne quelques feuilles de papier toilette. Seize femmes sont placées dans une cellule immonde qui ne peut, humainement, même pas en contenir dix. Dans une autre, plus grande, où quinze hommes sont enfermés, le sol, à plusieurs endroits, est recouvert d’urine, l’air empuanti. Heureusement que le médecin du commissariat conseille à plusieurs d’entre nous d’arrêter de fumer, car c’est mauvais pour la santé…

 Dans l’attente d’une libération

   Nous sommes dans les sous-sols de la forteresse policière lilloise construite il y a trois ans aux portes de Lille Sud. Durant les révoltes de 2005, c’est dans ce quartier que les voitures avaient brûlé. La mesure de cette opération explique peut-être pour la première fois de façon concrète la démesure de l’architecture du bâtiment. Car dans l’ancien commissariat, il aurait été difficile de placer autant de monde en garde à vue simultanément… S’agissait-il d’« anticiper » les éventuelles révoltes des quartiers pauvres de Lille ?

   Tout est vitré, les lumières sont blafardes, les murs de béton, froids et épais, les moindres bruits se propagent en échos qui, à la longue, deviennent insupportables. Il ne se passe d’ailleurs pas dix minutes sans qu’un prisonnier cogne les vitres, ou crie, qu’une porte soit ouverte puis fermée par trois verrous. Il fait chaud mais la fatigue refroidit le corps. Ici, on perd vite la notion de l’espace et du temps. Beaucoup craignent une prolongation de vingt-quatre heures, le cauchemar s’éternise.

   Entre le milieu de matinée et 20 heures, c’est une longue attente où il faut crier, frapper dans les fenêtres et les portes des cellules pour ne serait-ce qu'avoir accès aux toilettes. En guise de repas, vers 10h30, un des policiers dépose une brique de jus de pomme et deux biscuits secs. Quand on leur demandera plus tard à manger, ce qui est un droit des plus élémentaires, ceux-ci hausseront les épaules et diront que les réserves de repas sont vides.

   Les femmes, toujours à seize dans leur cellule exiguë, doivent subir les regards pervers et rigolards des policiers. On ne leur donne pas de biscuits avant plusieurs heures. Et quand elles demandent, à maintes reprises, de pouvoir accéder aux toilettes, on les ignore. Elles réclament alors du papier toilette, et un jeune agent tout juste pubère répond, en cherchant du regard la complicité de son collègue : « Vous avez un petit problème, c'est ça ? C'est pas de chance. » Il continue de rigoler, tourne le dos. Vers 14 heures, les femmes se mettent à crier : elles ont chaud, suffoquent, l'une d'entre elles fait un malaise. Il faudra attendre cinq bonnes minutes avant qu'un des geôliers présents daigne jeter un œil, puis encore cinq longues minutes avant qu'une partie d'entre elles ne soit placée dans une autre cellule.

   Au moment de la notification de garde à vue, une policière demande à un interpellé s'il veut voir un médecin. L'homme hésite, ce qui la pousse à argumenter : « Dans tous les cas, si vous voulez sortir vite d'ici, il vaut mieux ne pas faire traîner ces histoires... » Message passé. Les notifications tardent à venir pour certains interpellés, les dernières d’entre elles arriveront aux alentours de 16 heures, avec pour heure officielle du début de la garde à vue 4h30… D’ailleurs certaines personnes refusent de les signer, choquées d’apprendre à leur lecture qu’elles sont gardées à vue pour « violence collective à agents des forces de police ». Environ la moitié des 53 interpellés demandent à consulter une avocate commise d’office. Rares sont ceux qui la verront avant leur interrogatoire.

   Viennent les auditions, très lentement. Au cours de l’une d’elles, un officier de la police judiciaire (OPJ) demande à un interpellé s'il connaît un certain « cochon ». Réponse négative, qui déçoit l'OPJ : pour le reste de l'interrogatoire, faisant preuve d’un humour très fin, il ne cessera de l'appeler « Monsieur Cochon ». Durant cette même audition, un autre policier entre dans la salle, regarde l’homme interrogé, et lui dit en posant son front juste au-dessus de lui : « Vous aussi, vous ne savez rien et vous n'avez rien vu ! Il n'empêche qu'on a un collègue sur le carreau et qu'on sera sans pitié ». Mais quand il le raccompagne dans sa cellule, l'OPJ, d'humeur plus bavarde, dit au gardé à vue que le collègue en question est sorti de l'hôpital, qu'en fait il n'a pas grand chose et que cette histoire fait beaucoup de bruit pour rien…

   Vers 16 heures, les premiers signes de libération possible apparaissent : les policiers s'agitent pour aller au plus pressé. Des renforts viennent de tous les services de la métropole lilloise, on y rencontre par exemple des officiers de la brigade des mineurs. Les auditions s'enchaînent de plus en plus vite. Durant l’une d’elles, un OPJ souffle à un interpellé qu’il en veut au procureur d'avoir ordonné le placement en garde à vue de tout le monde, il ne comprend pas tout ce raffut, il est d'astreinte, il « faut faire vite ». Dans sa déposition, l'interpellé lui signifie que l'assaut du CCL s'est opéré dans un climat de violence gratuite. Il relit la première version, mais aucune mention de la violence. Il exige alors la correction et l'OPJ réimprime le papier. Globalement, les auditions sont bâclées, certaines ne sont pas signées ce qui dérange nécessairement les officiers. Cela ressemble tellement à une mascarade qu’ils omettront même d’auditionner un type qui, après avoir consulté l’avocate commise d’office, était pourtant prêt à être écouté. Mascarade ? Pas vraiment, si l’on en croit les dires d’un officier qui se confie à une personne en audition : le commissaire aurait voulu marquer le coup, parce que le CCL constitue un milieu d’extrême gauche.

   Les premières empreintes sont prises vers 18h30. Un gardé à vue constate qu’un agent s'amuse tout en rire gras avec son collègue, à battre le record de fichage en une journée : ils en sont à 33 et approchent apparemment du chiffre record, ce qui a l'air de les exciter. Une personne demande pourquoi elle est fichée… « parce que c'est la loi », qu’elle est interpellée et que même sans être inculpée ou déférée, elle sera fichée. Le policier ajoute, sourire aux lèvres, que ce fichage sera effectif « pendant vingt-cinq ans ». Il aura au moins retenu ça de ses cours à l’école de police… Mais ils n'auront pas l'occasion de battre le record, les derniers interpellés ne seront pas fichés. Faute de temps ? Service terminé ?

Quand nous sortons vers 20 heures, l'air libre a un goût particulièrement bon. Quelques soutiens sont devant le commissariat. On se restaure un peu, prend des nouvelles. Il reste encore du monde dans le central – trois personnes. Un compagnon de cellule a été reconnu par le flic soi-disant blessé comme celui qui l'aurait « alpagué par le col ». Il risque cher, mais il aura pour lui le témoignage et le soutien de cinquante personnes qui ont vu en face la réalité de la violence policière. Inique, gratuite et sans discernement. Si ce n'est pour harceler ses ennemis, et leurs amis.

Jack et B2B

NB : nous ne rapportons évidemment pas tout ce qu’ont pu vivre les 53 interpellés, car nous ignorons encore beaucoup de choses. Signalons que les exactions dont nous témoignons ici ne concernent pas tous les policiers rencontrés pendant ce cauchemar. Il nous semble toutefois qu’une majorité d’entre eux a agi de la sorte. Pour les autres, nous parlerons de passivité, l’effroyable passivité qui a déjà fait tant de mal par le passé.

 
Communiqué de la brique à propos de la soirée du 14 janvier au ccl
Vendredi 14 janvier, au cours de la soirée de La Brique qui se déroulait au Centre Culturel Libertaire (CCL), une altercation a servi de prétexte à un exercice de harcèlement grandeur-nature : 53 personnes arrêtées, plus de 15h de garde à vue, jamais on n’a autant « embarqué » d’un coup. Rétablissons la vérité face aux versions policière, journaliste et fasciste qui circulent à propos de cette soirée.
On organise une fête hip-hop. Le début de soirée se passe bien. Les DJ et les rappeurs assurent, l’ambiance est bonne. Au delà des habitué-es du lieu, plein de personnes viennent pour la première fois. À l’extérieur, une banale embrouille comme on en voit tous les week-ends dans n’importe quel bar ou discothèque débouche sur l’arrivée de deux flics qui, comme à leur habitude, font dégénérer la situation en voulant embarquer des gens au hasard. La lacrymo est utilisée une première fois. Tout le monde se retranche dans le CCL. En bas, la fête continue. Certains ne sont toujours pas au courant de ce qui se passe en haut.
Avec une étonnante rapidité, les flics se jettent comme des enragés sur les lieux et assiègent le local fébrilement barricadé. Pour nous faire sortir, ils envoient du gaz lacrymogène par les extrémités de la porte d’entrée et par une fenêtre qu’ils ont cassée. L’atmosphère devient irrespirable. Asphyxiées, les premières personnes tentent de sortir mais sont directement frappées à coups de tonfa, jetées à terre, insultées, menottées. Les flics regazent un coup alors que l’on continue de sortir. L’intervention est d’une brutalité hallucinante. Nous sommes ensuite embarqués dans les fourgons, et on se retrouve toutes et tous dans les geôles du commissariat central de Lille-Sud. À ce moment l’incompréhension est totale. Les flics se défoulent. La violence atteint des sommets tristement ordinaires dans les geôles de France : injures racistes, sexistes, homophobes, humiliations, coups, mauvais traitements, pas d’eau ni d’alimentation pendant des dizaines d’heures, non assistance aux personnes évanouies ou suffocantes…
Au départ, le « pronostic vital » d’un flic serait engagé. Comme à leur habitude, les larbins de la presse régionale s’empressent de relayer la version policière, trop contents de semer le doute sur un graffiti « à caractère raciste et injurieux », et de taper sur notre journal et le CCL. Aucun policier n’« a été entraîné de force dans les locaux et molesté ». Au final, un flic serait en état de choc, sans même un ongle retourné. Conclusion : 53 arrestations, deux procès pour « jet de projectiles » et « violences sur agent »… pour rien.
Tous ces faits ne sont pas si exceptionnels. Surtout ici, à Wazemmes, dans ce quartier populaire et vivant attaqué depuis quelques années par une entreprise de nettoyage social menée conjointement par les flics, les urbanistes, la mairie et ses supplétifs sociaux. Le Centre Culturel Libertaire (CCL) fait partie des indésirables qu’il convient de faire déguerpir. Tout comme le raid policier organisé rue Jules Guesde il y a quelques mois, ce qui nous est arrivé vendredi soir est malheureusement récurrent à Wazemmes et dans les autres quartiers populaires lillois. Il s’ajoute à une présence policière continue dans le quartier et aux contrôles d’identité intempestifs…
Moins banal en revanche, c’est la rafle, le fichage, la rétention de plus de 50 personnes d’un seul coup, la réquisition d’affiches, brochures et littérature au sein d’un lieu politique. C’est dans un but politique, de contrôle et d’intimidation que cette opération a été menée. Bien évidemment, nous apportons tout notre soutien aux inculpés. Mais nous témoignons également notre soutien total aux personnes du quartier qui pourraient s’estimer blessées par des tags idiots 1, pour lesquels le CCL et La Brique déclinent toute implication.
Pour finir, le collectif de La Brique aurait un conseil à donner à celles et ceux que ça ne dérange pas de colporter l’image d’un collectif qui ne prendrait pas la mesure, voire qui en rajouterait, dans le racisme ordinaire et la guerre entre les pauvres : apprenez à lire et demandez-vous à qui servent ces amalgames trop faciles. Bien sûr, et comme tout le monde, on n’est pas sauvé-es de certains déterminismes sociaux. Et on est prêt-es à en discuter. Mais surtout, vous observerez dans nos pages qu’on a toujours défendu les enfants de colonisés stigmatisés par l’État et une presse aux ordres, qu’on s’est toujours positionné du côté des femmes – voilées ou non, des quartiers populaires, des victimes de bavures, des émeutiers, des engeôlé-es, des vandales, des crève-la-dalle…
Encore une fois : plus de hip-hop et moins de flics – dans la rue des Postes comme dans toutes les autres.
Allez, salut.
1 : Pour que les choses soient claires, un individu pose depuis plusieurs années « cochon » sur tous les murs de la métropole, y compris ceux de magasins tels que les kebabs ou autres épicerie arabes. Une signature salement inopportune dans une société raciste qui stigmatise sans relâche les musulman-es.
relayé par Hacktivismes - Relais associatif - Informations de l'autre monde - 33 (Fr) http://hacktivismes.org/

 

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 19:38

 

http://rhhr.files.wordpress.com/2009/08/copwatch1203.jpg

 

Première partie - Lire ici :

http://clap33.over-blog.com/article-sites-anti-flics-brice-hortefeux-va-porter-plainte-63659992.html

 

La suite depuis Indymedia Paris

LA VÉRITÉ FAIT MAL A CEUX QUI AIMENT LA TRANSFORMER

LA RAGE C’EST COMME UNE COCOTTE MINUTE, QUAND CA EXPLOSE, TU PEUX PAS REMETTRE LE BOUCHON.

Enfin, et oui enfin alliance est monté au créneau. Ça ne nous surprend plus. Alliance Police Nationale, ce syndicat de droite dure. Alliance, ce même syndicat qui il y a 3 semaines étaient le premier à manifester pour soutenir des policiers ripoux condamnés à de la prison ferme par le TGI de Bobigny.

Alliance passe son temps à dénoncer la délinquance des jeunes racailles, le manque de moyen des policiers, l’augmentation des suicides, les dépressions,blablabla.........

Alliance aime aussi transformer la réalité des choses.

Par exemple un coup de taser qui tue se transforme en malformation cardiaque.

Un tir de flashball qui pulvérise l’œil se transforme en une infection de l’œil.

Un point de compression sur le thorax tuant quelqu’un se transforme en oedem pulmonaire.

Bref Alliance Police Nationale c’est comme dans Ma sorcière bien aimée. Le secrétaire général Jean Claude Delage se transforme en Samantha Stevens, il trémousse son petit nez et hop on décrit à la télévision le monde merveilleux de la police nationale. C’est digne des plus grandes superproductions hollywoodiennes.

Petit rappel pour alliance. La police nationale doit se montrer exemplaire et chaque policier se doit de respecter de la manière la plus stricte le code de déontologie.

Voici la saisine numéro 2005-29 concernant les photographies

Avis de recommandations de la commission nationale de déontologie a la suite de la saisine le 23 mars 2005 par Marie Christine Blandin, Sénatrice du Nord

Recommandations

Il parait opportun qu’il soit rappelé aux force d’intervention notamment aux Crs qu’elles doivent considérer comme normale l’attention que des citoyens peuvent porter à leur mode d’action , le fait pour les policier ou les crs d’êtres photographiés ou filmés durant leur intervention, ne peut constituer aucune gêne pour des policiers soucieux du respect des règles déontologiques

Les journalistes et particuliers ont le droit de photographier et de diffuser des photos des forces de l’ordre si elles ne portent pas atteinte à la liberté de la personne ou au secret de l’instruction. Ces mêmes forces de l’ordre ne peuvent pas s’opposer à l’enregistrement de leur image ni confisquer les appareils ayant servi à cet enregistrement. Les seules exceptions sont les forces de l’ordre affectées dans des services d’intervention (Raid, GIGN, GIPN, BRI, sécurité du Président…), à la lutte anti-terrorisme ou au contre-espionnage, en vertu de l’arrêté du 27 juin 2008.

Concernant les captures facebook et autres, c’est du libre service donc rien à dire.

Alliance souhaite donc la création d’une unité pour traquer les copwatchers. Et bien les copwatchers traqueront cette unité de spotters. Bientôt Alliance Police Nationale demandera la création d’une unité spécialisée pour savoir qui a bien pu uriner sur les lunettes des chiottes publiques.

Nous souhaitons apporter quelques précisions à ce travail de fond sur la police nationale. Depuis toujours la hiérarchie policière a tout fait pour montrer une bonne image d’elle même. Nous souhaitons montrer SON vrai visage, celui que la presse, volontairement, ne montre jamais.

Oui la police nationale est une milice digne de celle de Joseph Darnand et alliance vire de plus en plus vers le FPIP (syndicat d’extrême droite de la police nationale).

Lorsque celle ci tabasse des lycéens à coup de flashball,

Quand la PAF exprime les pires insultes envers des immigrés clandestins comme à Calais ou à l’aéroport de Roissy,

Quand la BAC chope des manifestants au hasard pour les cloisonner dans un hall d’entrer,

Quand des civils jettent des canettes pour inciter les manifestants à faire de même et interpeller après afin de faire du chiffre,

Quand la police nationale exprime ouvertement son racisme et sa haine envers l’étranger comme avec le dénommé Michel Biguet,

Quand un ministre tient des propos racistes et soutien des policiers ayant commis des actes de violences volontaires,

Quand les unités anti émeutes tabassent un jeune de Clichy a coup de crosses de flashball comme l’a fait le dénommé David Lagraulet,

Quand la police lilloise diffuse les noms de 26 militants anarchistes gardés à vue au groupuscule néo nazis vlaams huis pour ensuite agresser une fille au couteau,

Enfin quand la police tue.

Nous ne pouvons laisser passer ce genre de comportements. Nous faisons cela pour dénoncer toutes les formes de violences policières et aider toutes personnes victimes de ces violences par des preuves visuelles.

Nous tenons encore à préciser que nous ne tenons pas compte de la très célèbre phrase « moi je fais juste mon travail, j’obéis à mes chefs ». C’est trop facile et surtout trop lâche. Quand tu es flics, tu choisis d’être flic, tu agis en flic et donc il faut assumer ce choix. Nous ne considérons pas un policier comme humain mais comme un individu protégeant les intérêts de la bourgeoisie. Dans chaque article diffusé, nous avons été soft et n’avons montrer qu’une infime partie de ce dont nous possédons. Oui, nous saurons identifiés chaque policier du simple ADS et jusqu’au DDSP.

Maintenant, la chose la plus stupide qu’il soit est de menacer indymedia Paris et indymedia Lille. N’oubliez surtout pas qu’à n’importe quel moment nous pouvons radicaliser les articles et être bien plus dur dans la diffusion des documents. Il y a de quoi et cela plairait bien à la presse au vu de la véracité des pièces. Nous n’avons jamais fait de spectacle ou autre propagande mais avons toujours agit. Nous connaissons parfaitement vos méthodes et techniques, vos unités et votre alphabet militaire, vos grades et vos vices et nous allons continuer notre travail de diffusion et d’identification comme si Alliance n’avait jamais existé.

Avoir si peur de caméras et d’appareils photos face à des flashballs, LBD et cougar.... Mais ou est le probleme ???

Que 1000 Indymédia paris et Indymédia Lille naissent,

Que 1000 copwatchers se créent,

VOUS NOUS AVEZ CRÉER, VOUS ALLEZ NOUS SUBIR, NOUS SOMMES TOUT VOUS N’ÊTES RIEN !

CONTRE TOUTES LES VIOLENCES POLICIERES, SOLIDARITE !

Quelques parisiens et quelques lillois

Pour plus de renseignement, voici le site officiel :
http://paris.indymedia.org/spip.php?article4798

A faire diffuser sur tous vos réseaux et partout.

Merci d’avance.

Grégory

06 48 90 03 43

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 12:13

 

http://www.leparisien.fr/images/2010/10/15/1109812_c4eddd52-d7dc-11df-9775-001517810e22.jpg

 

Transmis depuis Rue89

 

Pour la première fois depuis le 14 octobre 2010, Geoffrey, le lycéen blessé par un tir de flashball à Montreuil, s'est exprimé dans la presse. Sur Europe 1 et Le Parisien, l'adolescent est revenu sur cette journée et ses conséquences : après trois opérations de chirurgie réparatrice, il n'a toujours pas récupéré le plein usage de son œil gauche.

Ce 14 octobre, Geoffrey, 16 ans, manifeste contre les retraites devant le lycée Jean-Jaurès à Montreuil (93). La police, appelée en renfort pour l'expulsion d'un squat à proximité, charge les lycéens. Geoffrey reçoit un tir de flashball en pleine face. Il est gravement blessé : fractures de la pommette, du nez et de la mâchoire, et son œil gauche quasiment perdu.

La violence de la police reste inexplicable. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur l'incident et comprendre pourquoi le policier a tiré.

Sur une vidéo diffusée par Rue89, on voit le lycéen se tenir la joue gauche après avoir reçu un tir. Il titube, visiblement sonné. Avant le tir, il n'a pourtant aucun geste hostile. (Voir la vidéo)

 


Dans son témoignage publié dans Le Parisien, l'adolescent raconte sa perte de vue :
« J'ai d'énormes problèmes de vision. De mon œil gauche, je vois tout flou, et je ne suis pas sûr de récupérer ne serait-ce que quatre dixièmes. »

Ses problèmes de santé ont considérablement ralenti sa scolarité. Inscrit en première SEN (systèmes électroniques numériques) au lycée Condorcet de Montreuil, il a repris les cours mais a du mal à suivre. Il a déclaré sur Europe 1 ne pas regretter d'avoir participé aux manifestations, mais il ne comprend pas ce qui lui est arrivé :

« Je savais exactement ce que je faisais. Mais jamais je n'aurais pensé qu'on me tire dessus. Jamais je n'aurais cru avoir de l'agression de la part des policiers. Nous étions très très passifs. Je ne me sens pas responsable.

J'ai quand même une haine contre lui [le policier qui a tiré, ndlr] et contre tous ceux qui ont fait étouffer des affaires comme moi. » (Voir la vidéo)

 


C'est la deuxième fois qu'un accident grave lié à un tir de flashball des forces de l'ordre survient à Montreuil. En 2009, Joachim Gatti, 34 ans, réalisateur, avait perdu un œil à la suite d'un tir de flashball lors de l'évacuation d'un squat. L'IGS avait conclu au « non-respect des consignes d'utilisation de flashball ».

 

Source :

http://www.rue89.com/2010/12/22/le-temoignage-de-geoffrey-16-ans-blesse-par-un-tir-de-flashball-181978

 

L'interveiw de Geoffrey sur Le Parisien :

http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/video-je-veux-retrouver-mon-visage-et-ma-vie-d-avant-22-12-2010-1200537.php

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 01:11

 

http://c3.ac-images.myspacecdn.com/images01/3/l_443b744cfcc4b60283346b245b04a3e2.jpg

 

De Djizme

 

Considérations sur le 16 octobre, ses suites et la répression du mouvement.

À la suite des arrestations lors de l’action organisée le 16 octobre par l’assemblée « Grève-blocage-sabotage. Premier round, on continue ! », celle-ci a décidé d’écrire collectivement le texte qui suit.

Dans le mouvement en cours, la grève se heurte à certaines limites. L’encadrement législatif du « droit de grève » avec les réquisitions qui forcent les grévistes à travailler sous la menace de la prison, le service minimum et l'interdiction des occupations cherchent à limiter les effets de la grève. La légalisation de la part la moins efficace des luttes et la pénalisation de leur part la plus offensive est une des méthodes pour les contrôler - même si le mouvement, quand il est en recherche de puissance et de commun, ne se focalise pas sur ces distinctions et que pour lui la légalité n’est pas une frontière infranchissable ni l'illégalité un but en soi.

Il en va de même pour la manifestation. Le premier des dispositifs répressifs, c'est le parcours négocié et encadré par les flics, la collaboration des services d'ordre syndicaux et l'attention à ce que tout demeure sous contrôle. Chercher à sortir de ce dispositif, c'est tenter de constituer une force collective, se réapproprier la rue et sortir du simple comptage des forces en présence. C’est ce qui s’est passé le soir du samedi 16 octobre, lorsqu’un groupe de plusieurs centaines de personnes a quitté le rassemblement officiel pour tenter d’occuper l’opéra Bastille dans l'idée d'y tenir une assemblée générale et perturber la retransmission en direct du spectacle. Ce type d'action a eu lieu un peu partout et participait d'une dynamique générale. Ailleurs aussi, on cherchait à sortir du cadre institué des manifestations.

À l'issue de cette tentative, on compte une quarantaine de personnes interpellées et placées en garde à vue. La garde à vue (reconduite automatiquement à 48 heures) est utilisée par les flics comme une punition en tant que telle. Sur ces quarante personnes, huit sont poursuivies, certaines pour participation « à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens » et violences sur agents. Parmi les arrêtés se sont aussi trouvés des gens qui étaient déjà sous contrôle judiciaire pour des poursuites liées à des actions antérieures. Leur contrôle leur interdisait de se rencontrer : interpellés tous deux ce soir-là, ils auraient selon la justice violé cette obligation. L'argument ne tient pas : ils ont été arrêtés en compagnie de dizaines de personnes et l’action, appelée publiquement, rassemblait des centaines de personnes. Convoqués par un juge d'instruction, ils ont reçu un  avertissement avec menace de réincarcération « la prochaine fois ». Cinq des huit qui vont passer en jugement sont aussi placés sous contrôle judiciaire.

Au final, ce qu’on leur reproche, c’est d’avoir participé à une manifestation au lieu de faire profil bas et de rester chez eux. Le contrôle judiciaire est une méthode d’intimidation et d’isolement. Il s’agit d’interdire à certains de fréquenter certains lieux, de voir certaines personnes, d’avoir certaines attitudes : bref il revient à empêcher ceux qui sont dans le collimateur du pouvoir de participer à la contestation sociale sous peine d’emprisonnement. Au total, la répression, comme toujours, se décline en plusieurs versions, s'individualise de manière à briser les solidarités collectives.

Ce qui est juridiquement réprimé dans la participation à cette manifestation, c’est  d’avoir été partie prenante d'une action au cours de laquelle quelques vitrines de banque ont été brisées. L’idée, assez bien illustrée par l’usage de cette fameuse « loi sur les bandes » récemment votée, c’est que la simple participation à un rassemblement, un « attroupement » ou une action nous rend pénalement coresponsable de tout ce qui s’y passe. Pour autant, on le voit bien, c'est le fait même de sortir des cadres institués et des formes d'organisation habituelles qui est visé.

Soyons clairs : s’en prendre à un symbole du capitalisme en brisant une vitrine de banque n’a rien d’exceptionnel ni d’incompréhensible. Des pratiques offensives comme des sabotages ou des affrontements avec les flics font partie intégrante de la lutte d’hier comme de celle d’aujourd’hui. Mais on voit actuellement que la répression touche non seulement ceux qui sont directement accusés de mener ces attaques, mais aussi tous ceux qui les entourent. Ces lois ont pour objectif de ne rendre possible que les actions encadrées par des services d’ordre, où les participants doivent se fliquer eux-mêmes, et où rien ne peut jamais se passer. Tout vise à policer nos pratiques et nos esprits.

Dans le discours policier et médiatique, l’attaque d’une vitrine de banque devient l’œuvre des « casseurs ». Ce terme, utilisé exclusivement dans le but de disqualifier les pratiques d’action directe est une catégorie abstraite construite de part en part. Celle-ci gomme une réalité sociale complexe et la dessaisit de tout contenu politique. Ces pratiques deviennent de la destruction purement asociale, sans perspective ni sens.

Qu’on dise que les casseurs « ne sont que des voyous » ou qu’on imagine, comme c’est si souvent le cas aujourd’hui, qu’il s’agisse de flics déguisés et infiltrés dans les manifestations relève, au fond, d’un même raisonnement : le « casseur » est étranger à la lutte, extérieur au mouvement.

Il est vrai que, depuis quelques années, des flics en civils ont de moins en moins peur de venir au cœur des manifestations pour procéder à des interpellations. Il est important de ne pas les tolérer et, lorsqu’ils sont clairement identifiés, de les chasser dans la mesure du possible . Cependant, cela a fait monter la paranoïa au point que certains voient des flics partout. Surfant sur le complotisme ambiant, des politiciens ou des syndicalistes comme Mélenchon et Thibault ressortent un discours vieux comme le stalinisme : tout ce qui leur échappe et qu’ils ne peuvent contrôler est accusé d’être manipulé par les flics.

L’hystérie politicienne et médiatique a crû autour de l’épisode du « casseur ninja », comme l'a appelé la presse. A partir d’images confuses diffusées sur Internet, les théories les plus délirantes ont proliféré : l’action de l’opéra était organisée par des flics, ou en tout cas voulue par la préfecture, des journalistes étaient déjà positionnés pour diffuser des images de violence au 20 heures, etc. Sous couvert de complotisme  ressort l’idée que tout ce qui offensif et illégal ne peut avoir lieu que si le pouvoir en est à l’origine ou du moins laisse faire. On se persuade si bien de la toute-puissance de l’État que le moindre acte de révolte devient suspect. Le contrôle social est tel qu'il s’insinue dans les cervelles qu’il est impossible d’y échapper. On en arrive à une identification entre la barrière du légal et le champ du possible.

Cette frénésie, cette confusion, alimentent directement la répression : les flics se sont lancés, brigade criminelle en tête, à la recherche des protagonistes masqués de la vidéo et ont déjà incarcéré quelqu’un sous cette accusation.(Il est à Fleury-Mérogis jusqu'à son procès le 6 décembre prochain.) Dans d’autres villes aussi, par exemple à Nanterre et à Lyon, l'obsession des casseurs pousse la police à utiliser des moyens d’enquête sophistiqués, le plus souvent dédiés au grand banditisme, pour retrouver ceux qui se sont affrontés avec les CRS : photos haute résolution depuis un hélicoptère, recherche d’ADN sur des cailloux, etc.

Ainsi, tout concourt à ce qu’on devienne notre propre flic : la peur et la paranoïa, le soucis de la légitimité du mouvement, la répression ciblée sur tous ceux qui veulent sortir des sentiers battus.

Il nous faut rompre cette paranoïa et l'individualisation causée par la répression en s’organisant collectivement.

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 23:41

 

http://www.clan-panthera.com/images/swat4/armes/gaz_lacrymogene.png

 

Transmis par Résistons Ensemble
http://resistons.lautre.net/

 

Voir un bref résumé des faits :

http://rebellyon.info/Les-policiers-lyonnais-envoient.html


Un rassemblement de soutien et de protestation aura probablement lieu sous peu, l’information sera publiée sur rebellyon.info.

Vendredi 19 novem­bre 2010
17h30, nous arri­vons au 118 route de Vienne.


Ce sont des gara­ges aban­don­nés occu­pés par des famil­les qui étaient avant à Paul Bert. Il y a envi­ron 20 gara­ges occu­pés je pense, soit une tren­taine de per­son­nes dont une quin­zaine d’enfants.

Il y a un peu plus de monde ce soir. Des gens qui n’habi­tent pas là sont venus rendre visite à leurs pro­ches… Comme moi avec mes filles… L’ambiance est vrai­ment agréa­ble. Les enfants jouent dans la cour, ils s’amu­sent beau­coup. Les famil­les sont au com­plet. Le père et la mère de Claudia sont arri­vés hier pour fêter la nais­sance de la petite Cosmina…
Elle a 5 jours aujourd’hui.
Gilberte arrive avec quel­ques cou­ver­tu­res et nous échangeons des infor­ma­tions sur les famil­les les plus en dif­fi­cultés.

Vers 18h30, je pense, alors que Gilberte est partie sur un autre squat et revient à mon appel, je dis­cute dans un garage avec la famille de Claudia. Il y a son père, sa mère, ses frères, la petite, les enfants qui ren­trent et qui sor­tent.
Soudain, nous enten­dons des voix inha­bi­tuel­les dehors. Les cris des enfants ces­sent.
C’est la police.
Ils deman­dent si quelqu’un parle fran­çais. Mes filles vien­nent me voir. Je leur dis qu’elles ne par­lent pas fran­çais. En me tour­nant vers Alexandru, je lui dis que moi non plus je ne parle pas fran­çais. Moi rou­main lui dis-je en plai­san­tant… Nous rigo­lons.
Nous conti­nuons de dis­cu­ter, un peu plus bas…
Dehors j’entends les poli­ciers expli­quer… « Il y a trop de bruit, il faut vous calmer… »
Je ne fais pas trop atten­tion.
J’entends aussi « Si vous conti­nuez, on va reve­nir et vous mettre dehors… »
Mes filles me racontent qu’un poli­cier donne des coups de pieds dans une porte pour l’ouvrir. Elles me disent qu’ils n’ont pas l’air très sym­pa­thi­ques…

Au bout de quel­ques minu­tes, c’est le silence. On n’entend plus les cris des enfants. Je me dis qu’ils ont du faire forte impres­sion et qu’ils sont partis.
Soudain, des cris et un homme qui rentre dans le garage com­plè­te­ment affolé…
« La foumé, la foumé, par­tout… ». Je sors du garage.
Des enfants et des adul­tes cou­rent dans tous les sens en se mas­quant le visage.
Je demande ce qui se passe : « La police, c’est la police… »
Je suis stu­pé­fait…

Il y a des femmes avec des bébés. Des enfants en bas âge et la police a gazé tout le monde ? Non, ce n’est pas pos­si­ble. Je décide de me ren­sei­gner auprès des poli­ciers et de les rat­tra­per.

Les gaz sont trop forts. Mes yeux me font pleu­rer et j’ai du mal à res­pi­rer. Je suis pour­tant devant le garage. Un léger brouillard pro­vo­qué par les gaz inonde l’endroit. Je cours vers la sortie. En pas­sant devant les buis­sons, à 5 mètres des gara­ges, ma res­pi­ra­tion se bloque tel­le­ment l’odeur est forte.

Dans la rue, aucun poli­cier.
Je me retourne et je vois les hommes qui sor­tent en cou­rant. Les femmes et les enfants sui­vent. Tout le monde pleure. Des enfants se met­tent à vomir.
La maman de Gaby, 52 ans, est traî­née par 2 per­son­nes. Elle est très mal et com­mence à perdre connais­sance.
Les femmes hur­lent, les enfants pous­sent des cris. Du monde se presse autour de la dame très mal en point.
Quelqu’un com­mence à lui mettre les mains dans la bouche pour lui res­sor­tir sa langue qu’elle est en train d’avaler. Un autre lui fait du bouche-à-bouche. J’ai vrai­ment l’impres­sion qu’elle est en train de mourir. C’est la confu­sion la plus totale. J’appelle le 15 ou le 18, je ne sais plus… Je donne l’adresse et expli­que qu’il faut envoyer des secours d’urgence. J’alerte un com­merce voisin en lui deman­dant d’appe­ler également les secours.

On com­mence à se comp­ter … Où est Claudia et son bébé ? c’est bon, elle est sortie… Et Bianca, tu l’as vue ? Non… Et toi ? Oui, elle est sortie.
Où est Marcella avec son bébé de 2 mois ? Elle arrive…

Les hommes m’entrai­nent dans la rue voi­sine. On y voit une voi­ture de police vide. Elle est imma­tri­cu­lée 69 N 2928 C. L’un d’entre eux me dit que c’est eux qui ont gazé tout le monde. Nous reve­nons sur nos pas. C’est tou­jours la pani­que. Beaucoup de cris, de pleurs.
Les pom­piers sont arri­vés assez vite. Un véhi­cule.
Ils essayent de trier ceux qui sont dans l’état le plus cri­ti­que
La maman de Gaby est emme­née dans le véhi­cule des pom­piers.
La police vient se placer devant le garage.
Se ren­dant compte de l’ampleur des dégâts, les pom­piers appel­lent des ren­forts : un autre camion arrive, puis un second. Il y en a 3 au total, plus une voi­ture.

Plusieurs témoins reconnais­sent les poli­ciers qui sont venus quel­ques ins­tants aupa­ra­vant pour répri­man­der les enfants. Pourquoi ont-ils mis si long­temps à venir ? Que fai­saient-ils dans la rue voi­sine hors de leur véhi­cule alors que 30 per­son­nes étaient sur le trot­toir juste à côté ?
D’autres poli­ciers, en civils, arri­vent cette fois… Ils met­tent un bras­sard.
Un troi­sième équipage de police est également là avec un civil.

Les habi­tants des gara­ges sont furieux, les noms d’oiseaux fusent à l’encontre des poli­ciers au fur et à mesure que des enfants ou des adul­tes font des malai­ses.

Un poli­cier me demande ce que je fais là. Je répond que je suis un pas­sant … « Alors passez » me dit-on… « Et si vous n’êtes pas content, vous pouvez tou­jours les emme­ner dormir chez vous… »
Tiens ? De quoi me parle-t-il ce poli­cier en civil ? Un peu hors sujet, mais bon…

Les pas­sants, les vrais, s’attrou­pent en se deman­dant ce qu’il se passe.

Les poli­ciers attra­pent celui qui parle le mieux fran­çais et alors que per­sonne ne leur demande rien, ils com­men­cent à lui expli­quer leur ver­sion des faits… J’appren­drai plus tard qu’il avait tout vu, y com­pris le moment du gazage.
En sor­tant des gara­ges, ils auraient été mena­cés par un chien, un gros chien dan­ge­reux… « on n’allait pas le tuer » dit un poli­cier en met­tant la main sur son pis­to­let. « Alors on l’a gazé ».

Personne ne croit à cette ver­sion.

Un vieux mon­sieur qui était venu ranger sa voi­ture dans un des gara­ges loués quel­ques ins­tants aupa­ra­vant lance : « Ca fait 20 ans que je gare ma voi­ture ici, je n’ai jamais vu un chien ». Un homme me dit que les enfants jouent dans la cour tous les après-midis depuis début novem­bre.
Ils n’ont jamais vu ni entendu le moin­dre chien.

J’essaye de me remé­mo­rer les dif­fé­ren­tes scènes. Au moment où le silence s’est fait et où j’ai sup­posé que les poli­ciers par­taient, je n’ai ensuite entendu aucun animal aboyer. Et puis, où est passé ce chien ? J’ai dû sortir une minute au maxi­mum après les poli­ciers. Je n’ai croisé aucun chien. Compte tenu de la puis­sance des gaz, il devrait encore être là, à moitié mort… Rien de rien.

Alors je me ren­sei­gne. Je retrouve 2 per­son­nes qui ont vu toute la scène et ont une ver­sion bien dif­fé­rente de celle des poli­ciers.
Un enfant qui parle très bien fran­çais, Marcel et aussi la maman de Gaby, celle qui a été le plus tou­chée par les gaz…
Après leurs mena­ces d’expul­sion qu’il y avait trop de bruit, les poli­ciers se sont arrê­tés à envi­ron 5 ou 6 mètres des der­niers gara­ges et là, 2 poli­ciers auraient sorti de leur blou­son les bombes et auraient aspergé de gaz les buis­sons de chaque côté du chemin et seraient partis en cou­rant.

La femme mime la scène, à côté des gara­ges, et non vers la sortie, à 40 mètres des gara­ges, là où les poli­ciers disent avoir actionné les bou­teilles de gaz.

Un homme me raconte la même chose : « ils nous ont dit au revoir et au moment de partir, à cet endroit (il montre l’endroit qui est à côté des gara­ges, au niveau des buis­sons) ils ont sorti des bou­teilles de gaz et ils ont appuyé. »

Plusieurs témoins me diront que les bou­teilles de gaz étaient encore dans la voi­ture, bien visi­bles. Il paraît que ce sont des sortes de « bon­bon­nes » de la taille d’un petit extinc­teur.
La police cher­che tou­jours l’arme du crime. Ils ne por­taient plus les bou­teilles sur eux, ils les avaient lais­sées sur le siège arrière de leur voi­ture. Pourquoi ?

Les poli­ciers sont restés un long moment, jusqu’à l’arri­vée des jour­na­lis­tes. France 3, Lyon Capitale et plus tard Le Progrès sont venus. Les poli­ciers auraient raconté qu’ils étaient là car il y avait une occu­pa­tion illé­gale et qu’il fal­lait partir… Ah bon ? La police peut deman­der à des squat­teurs de partir sans pro­cé­dure judi­ciaire dans le 8ème arron­dis­se­ment de Lyon ? Ils sont au cou­rant depuis le début du mois de leur pré­sence. La mairie également… Pourquoi venir main­te­nant ?


Juste avant de partir, alors que les pom­piers étaient partis et que la maman de Gaby fai­sait un autre malaise, quelqu’un a demandé aux poli­ciers d’appe­ler les secours. « On n’a pas de por­ta­ble a répondu l’un d’eux. » Il a ajouté… « Demandez lui à elle, elle s’en sert bien pour appe­ler les jour­na­lis­tes » en poin­tant un doigt accu­sa­teur vers Gilberte.

Un petit rayon de soleil est venu éclairer la nuit noire lors­que deux per­son­nes sont venues jouer de la musi­que devant les habi­tants tous médu­sés par ce qui venait de leur arri­ver. Le patron du bar d’en face est venu également. Tout le monde tapait dans ses mains au rythme de la musi­que et les poli­ciers se cachaient.
C’était un peu d’huma­nité de la part de sim­ples citoyens qui venaient appor­ter leur sou­tien à des famil­les en grande détresse.

Le bilan est inquié­tant. Je n’ose pas dire lourd car j’espère que tout se ter­mi­nera bien.

Les pom­piers ont emmené Claudia et sa petite qui a 5 jours.
Bienvenue à Lyon, ma fille… 5 jours et déjà bap­ti­sée par la police…
Bianca et sa fille de 2 ans ont été emme­nées à l’hôpi­tal.
Jenny, 17 ans qui vomis­sait et se trou­vait très mal également.
La maman de Gaby a fait 3 malai­ses. Une fois, elle est tombée par terre de tout son long.

Alors main­te­nant j’ai quel­ques ques­tions…

- Pourquoi 3 poli­ciers se pré­sen­tent dans un squat à 18h30 ou 19h et disent aux jour­na­lis­tes qu’ils étaient là car il y avait une occu­pa­tion illé­gale que tout le monde connaît : police, mairie, rive­rains, depuis plu­sieurs semai­nes ?

- Comment se fait-il que les poli­ciers étaient venus avec des bombes lacry­mo­gè­nes aussi puis­san­tes ? Ils les por­tent tou­jours sur eux ? Si oui, pour­quoi les avoir lais­sées sur les sièges de leur véhi­cule lorsqu’ils sont reve­nus et ne pas les avoir gar­dées sur eux ? Si non, pour­quoi sont-ils arri­vés sur le site équipés de ces bou­teilles ? Comment savaient-ils à l’avance qu’ils en aurait besoin pour se défen­dre contre un chien que per­sonne d’autre qu’eux n’avait jamais vu aupa­ra­vant ?

- Le site est à ciel ouvert. Les gaz étaient si puis­sants qu’ils ont même péné­tré dans les gara­ges fermés. Tout le monde a du s’enfuir, y com­pris ceux qui ont tenté de rester à l’inté­rieur pen­sant être pro­té­gés. Les poli­ciers à qui j’ai parlé de ma mésa­ven­ture m’ont dit qu’un chien qui pre­nait une telle dose de gaz ne devait plus bouger beau­coup après un tel trai­te­ment… Sur 30 à 40 per­son­nes, pas une seule n’a vu un chien en mau­vais état…

Les poli­ciers n’avaient-ils pas plutôt tout sim­ple­ment prévu de venir s’amuser un peu en gazant des Rroms et ils s’étaient donc équipés en consé­quence ?

Enfin, ces poli­ciers ont-ils agi sur ordre ? Ou sim­ple­ment de leur propre ini­tia­tive ? La mairie du 8ème était-elle au cou­rant de cette opé­ra­tion ? S’agis­sait-il d’une inti­mi­da­tion ou d’une réelle volonté de faire partir les gens ce soir en bafouant le droit ?

Quelqu’un peut-il m’expli­quer com­ment on peut parler de jus­tice aux enfants ? Comment leur expli­quer que notre pays est celui de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité quand des poli­ciers se condui­sent ainsi ?


Quand on crache sur un dra­peau fran­çais, c’est un outrage. Soit.


Quand des poli­ciers en uni­forme envoient de telles quan­ti­tés de gaz lacry­mo­gè­nes sur des hommes, des femmes, des enfants, des nour­ris­sons de quel­ques jours, qu’est ce que c’est, alors ?

Des mem­bres des Collectifs de sou­tiens aux Rroms

 

Source :

http://rebellyon.info/Rroms-gazes-a-Lyon-temoignage.html

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 21:59

 

http://www.saintnazaire.net/images/azilis1/codelib3.jpg

 

Transmis par le CODELIB de St Nazaire

http://www.codelib.info/

 

Le Codelib fait le point sur la répression, les violences policières et la justice

Mercredi matin [le 17 novembre] devant la presse, le Codelib (comité de défense des libertés fondamentales contre les dérives sécuritaires) a souhaité faire le point sur la répression, les violences policières et la justice, après les manifestations qui se sont déroulées au cours des deux derniers mois. L'occasion aussi d'entendre le témoignage accablant de "Violette", victime selon ses dires de coups et blessures volontaires de la part d'un policier et ayant entraîné une ITT de 45 jours.

Au cours de cette conférence de presse, le Codelib par la voix de son président a exposé le bilan de la situation sur les arrestations qui ont fait suite à cinq manifestations qui se sont terminées par des heurts entre les forces de l'ordre et les manifestants. A ce jour, l'association dénombre 64 interpellations (dont une vingtaine de mineurs), 60 gardes à vue, 16 personnes traduites au tribunal au cours de cinq audiences en comparution immédiate, 17 personnes jugées et 17 peines de prison ferme prononcées, 12 prévenus incarcérés avec mandat de dépôt (dont une détention préventive pour avoir refusé la comparution immédiate, sans oublier des procès à suivre en novembre, décembre et jusqu'en mars.

 

L'occasion aussi de rappeler la terrible situation de Pascal Vaillant qui en 2009 a perdu l'usage d'un pied dans des circonstances que l'enquête en cours tentera d'établir. Aujourd'hui, cet homme vit dans une terrible souffrance physique et avec la modique somme de 699 euros d'allocation d'adulte handicapé. Son combat pour faire reconnaître les préjudices subis, il le mène depuis 20 longs mois avec l'aide du Codelib et accompagné de son avocat Erwann Le Moigne.

 

Mais le chemin est long et parsemé d'embûches.

 

Malgré tout, Pascal Vaillant demeure confiant : "Une instruction a été ouverte le 21 octobre dernier et devrait durer une bonne année. Le juge d'instruction Stéphane Lorenz me semble impartial et bien déterminé à faire la vérité, mais m'a signifié qu'il ne retrouvera jamais le tireur cougar. Aujourd'hui, je suis obligé de me réadapter par rapport à mon handicap, mais je garde espoir dans la justice de mon pays. J'attends seulement que justice soit faite et que les coupables soient sanctionnés".


L'affaire "Violette"

 

http://www.media-web.fr/upload-saintnazaire-infos/cms/paragraphes/img/l/le-codelib-fait-le-point-sur-la-repression,-les-violences-policieres-et-la-justice--732.jpg


À ce jour, l'affaire concernant Violette est restée dans la discrétion.

 

Ce n'est qu'après concertation avec son avocat et le Codelib et près d'un mois de réflexion que cette Nazairienne de 48 ans a décidé de dévoiler son histoire.

 

Auxiliaire de vie à Saint-Nazaire, cette mère de famille s'est retrouvée victime selon ses dires, d'une violente agression de la part d'un policier alors qu'elle se trouvait à proximité de la rue des Caboteurs.

 

"Le 12 octobre dernier, j'ai participé à la manifestation.

 

Après la dislocation je me suis retrouvée dans le secteur de la rue des caboteurs, il était environ 17h30. Je cherchais mon fils et il y avait une cinquantaine de personnes dans les environs, ainsi que deux policiers en faction dans le secteur.

 

Ces derniers ne portaient ni casque ni bouclier.

 

Soudain, alors que je me trouvais derrière eux, l'un des deux s'est retourné brusquement et m'a projetée à terre. Je suis tombée sur les deux mains et cela m'a occasionné des fractures ouvertes sur chaque poignet.

 

Son collègue a alors tenté de le calmer.

 

Un témoin s'est empressé d'appeler les urgences, j'ai été hospitalisée et l'on m'a prescrit une ITT de 45 jours.

 

Pour moi, il s'agit d'un geste délibéré et volontaire de la part de ce policier.

 

Trois témoins ont assisté à la scène et l'un d'eux serait en mesure d'identifier formellement l'auteur de cette agression. Aujourd'hui, je suis marquée physiquement et psychologiquement. Je souffre énormément. Qui plus est, je subis une importante perte financière, car je n'ai pas été payée depuis le 12 octobre".

 

Compte tenu de ces éléments "Violette" a décidé après concertation de déposer plainte dans les prochains jours.

Une journée nationale contre la répression


Dans la salle, une dame visiblement émue, raconte également l'histoire de son fils qu'elle est parvenue à arracher des mains des forces de l'ordre sur le lieu symbolique de la place des droits de l'homme. Avec une émotion certaine, elle regrette de n'avoir pu venir en aide à Paul, un copain de son fils qui lui, a été interpellé.

 

La maman de ce dernier confie que son fils a été traumatisé par cette arrestation et qu'aujourd'hui, il ne trouve plus le sommeil. La dame qui apporte ce témoignage ne mâche ses mots et dénonce une véritable chasse à l'homme des forces de l'ordre, et plus spécialement une "chasse aux jeunes" dit-elle. Et d'ajouter : "Je me pose la question de savoir si le maire est au courant de tels agissements de la part des forces de l'ordre ? Celles-ci sont dans une logique sécuritaire et pour ces manifestations, il leur fallait un quota d'arrestations".

 

En fin de séance, le Codelib a appelé toutes les personnes qui ont assisté à des scènes de violences à se manifester auprès du Codelib. "Nous devons continuer le travail de résistance face aux dérives sécuritaires et nous appelons à une journée nationale contre la répression au mois de mars prochain" a déclaré le porte-parole de l'association.

 

Source :

http://www.saintnazaire-infos.fr/le-codelib-fait-le-point-sur-la-repression-les-violences-policieres-et-la-justice-23-48-513.html

 

LA CONFERENCE DE PRESSE AU JOURNAL FRANCE3 LOCAL

http://info.francetelevisions.fr/video-info/index-fr.php?id-video=cafe_cafe3_HD_1850_nantes_locale_171110_245_17112010193422_F3

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 14:33

 

http://www.microcassandre.org/wp-content/uploads/2010/10/banderole3.gif

 

Transmis par le Collectif anti-délation

http://antidelation.lautre.net/

 

Avignon, 6 novembre tout le monde s'attendait à l'enterrement du mouvement et à la manif la plus planplan de l'année. Et bien non, manif sauvage, confrontation avec des CRS débordés, gazage et tabassage de manifestants allaient être au programme !

Tout débute à 14 h à la gare à l'appel de l'intersyndical, tout au plus un millier de personnes sont rassemblés au départ de la manif (les syndicats avaient annoncé 20 000 manifestants lors de la dernière journée). Puis le cortège s'ébranle et se met à grossir superbement. Combien de manifestants à l'arrivée devant le Pont d'Avignon ? Plusieurs milliers mais en tout cas bien plus que les pronostiqueurs de tout poils ne l'avaient prédit.
Première surprise.

Puis, à la fin des traditionnelles prises de paroles, une personne (peut-être de SUD) appelle les manifestants à se rendre au Palais des papes (en centre-ville) où s'achève le « Forum d'Avignon » (« rencontres internationales de la culture, de l'économie et des médias ») en présence de toutes les crapules cultureuses imaginables et de leur ministre Frédéric Mitterrand . C'est environ un millier de manifestants qui vers 16h converge vers le lieu par petits groupes, sans étiquettes ou syndicalistes (CGT ou SUD).

Le secteur en question est verrouillé par un imposant dispositif de CRS et gardes mobiles. Un premier petit groupe de manifestants (SUD, CGT ou sans étiquette) cherche à rejoindre la place du Palais des Papes par une ruelle/escalier mais se trouve face à un léger barrage de gardes mobiles et repousse alors ces derniers pour passer.. Les militaires ripostent par des tirs de grenades lacrymo et un viril matraquage (qui voit un manifestant repartir la tête en sang) et reprennent la rue .

D'autres groupes, profitant d'un labyrinthe de ruelles, réussissent à déjouer le dispositif policier pour accéder à la Place du Palais ; ils sont bientôt plusieurs centaines à s'y installer. D'autres centaines de manifestants, dans les deux principales rues d'accès à la place font face à des cordons de gardes mobiles débordés par la situation. Pendant plus d'une heure.

Les nombreux participants au Forum de la culture ayant fini leur champagne et devant prendre un TGV pour retourner sur Paris, des renforts de CRS sont dépêchés sur la place pour libérer le passage des berlines avec chauffeur qui attendent. Les manifestants présents sur la place sont gazés, bousculés et matraqués. Les rumeurs parlent de deux arrestations (dont un relaché peu après).

Puis vient le tour des participants du forum de seconde zone (sans berline avec chauffeur) se regroupant dans des cars et minibus sous les sifflets et huées des manifestants qui bloquent ensuite le départ des véhicules vers la gare TGV. Nouvelle intervention des CRS qui repoussent les trouble-fêtes avec leurs boucliers.

Puis c'est le préfet du Vaucluse, en grand uniforme et escorté de flics de la DCRI et de la BAC, qui veut se frayer un passage pour rejoindre la préfecture distante de 300 m. Les manifestants, l'ayant repéré, accourent et l'insultent. C'est quoi son nom déjà ? « Enculé ! » me répond un responsable cégétiste (un peu homophobe mais bon.). Les CRS doivent speeder pour assurer sa protection jusqu'à la préfecture.

A ce moment-là tout devient très confus et en plus il commence à faire nuit (il est plus de 18 h). Les CRS amorcent un mouvement sur la place de l'Horloge où sont massés les manifestants et se rassemblent devant des camions situés sur une rue perpendiculaire (rue Favart). Personne ne comprend ce qu'ils vont faire, mais environ deux cents manifestants se rassemblent devant les fourgons ; on trouve beaucoup moins de syndicalistes badgés, plus de sans étiquettes, mais aussi pas mal de jeunes lascars qui trainaient sur la rue de la République : tout le monde gueule « police partout, justice nulle part ! », « Libérez Avignon ! » mais surtout un vibrant et répétitif « cassez-vous ! ». En fait les CRS s'étaient rassemblés à cet endroit pour décrocher de la place ; une haie de bouclier doit se déployer pour faire un passage aux fourgons qui se replient sous les insultes, huées, sifflets et jets de quelques projectiles de fortune.

 

Dernier « incident » lorsqu'une manifestante ouvre la porte du dernier camion (logistique) des flics ; les CRS gazent alors pour se dégager mais sont talonnés un bon moment par les manifestants hurlant « cassez-vous ! ». Victoire non militaire mais au moins morale si ce n'est politique.

Bref, du jamais vu pour une petite ville paisible comme Avignon ! La lutte
continue ! Pas de retraite à l'attaque !

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 04:54

http://img541.imageshack.us/img541/1089/policeiq.jpg

L'affiche en + grand :

http://img541.imageshack.us/img541/1089/policeiq.jpg

 

Transmis par Résistons Ensemble

 

Le 6 novembre 2010

 

Il y a deux ans j'étais restée sur le cul quand des CRS nous obligeaient à retirer nos autocollants en quittant la manif. Jamais je n'avais vu cela
 
Et puis j'ai reçu et diffusé la pièce jointe et oui j'avais bien raison d'être sur le cul... (voir image : http://img541.imageshack.us/img541/1089/policeiq.jpg)
 
Et voilà que ce soir, à l'issue d'une manif bien gentille ils ont remis le couvert... Et je te fais chier, et j'abuse de mon pouvoir et je fais monter la pression....
 
Arrivés assez tôt, on passe le barrage de CRS pour quitter la place de la Nation sans encombre, nos autocollants bien collés.
 
Mais quand les manifestants se firent plus nombreux à quitter la place pour bien gentiment s'envoyer une bière ou un chocolat chaud ou aller prendre le métro, nos musclors se sont sentis investis d'une mission : tu ne quitteras pas la place avec un signe distinctif d'appartenance à la manif.... Banderole roulée, refoulé.. autocollant, tu l'arraches....
On aurait pu imaginer que leur mission aurait été une dispersion rapide et fluide... que nenni..
 
Et seule une dame aux cheveux blancs leur a tenu tête. Ne vous laissez pas faire qu'elle s'indignait.
 
Une jeune femme aussi, sommée de retirer son autocollant l'a aussitôt collé dans le dos du CRS qui a eu un geste vers sa matraque et un regard noir... mais il a peut-être compris qu'un coup de matraque serait disproportionné car on le regardait....  Mais ce fut à deux doigts
 
Merci à vous deux, inconnues, pour qui resister a du sens. Pour qui résister ne se réfléchit pas toujours mais se vit dans l'instant, comme une necessité, comme un impossible vivre autrement.
 
Alors faut savoir que non, ils n'ont absolument pas le droit de nous faire enlever nos autocollants, de nous refouler avec nos banderoles....
 
C'est la première manif contre la réforme des retraites où je vois la chose se produire, courante au moment de la mobilisation des universités. Signe qu'ils pensent qu'à nouveau tout leur est permis;
 
Signe que quand on ne leur fait pas peur ils nous prennent pour des moutons.
 
Ben non ! La prochaine fois on pourrait leur montrer....
 
J.

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 12:59

4 villes, 4 témoignages de provocations policières

(paru dans l'hebdomadaire du NPA "Tout est à nous")

 

Des agents de police à Bayonne en septembre 2008 (Olivier Pon/Reuters).

 

 

Lyon.

Je voulais vous signaler un incident qui nous a été rapporté par notre secrétaire de syndicat. Il était sur la place Bellecour avant le début de la manif du 19 octobre avec ses collègues pompiers et des groupes de jeunes, quand ils ont assisté à une agression verbale et physique de la part d'individus qui portaient des badges CGT, vis-à-vis d'un groupe de jeunes. Les pompiers se sontinterposés et ont réussi à ceinturer les agresseurs (ce sont des pompiers et ils sont costauds ! J. Tant et si bien qu'ils ont eu la surprise de voir ces individus sortir leur carte de police pour se défendre car c'était des flics de la BAC !

 

 

Chambéry.

 Le 19 octobre à 18 heures avenue De Boigne, des jeunes encagoulés jettent des pierres sur un cordon de robocops (CRS ou gendarmes mobiles). Ça dure un bon moment...

Puis trois des ces jeunes, l'instant d'avant les plus hardis à jeter des pierres, remontent un brassard orange [police] sur leur manche droite, foncent sur l'un d'entre eux et l'immobilisent. Remarquable coordination car immédiatement surgissent une dizaine de robocops qui protègent le groupe. Et devant les commerçants médusés on voit trois jeunes encagoulés embarquer un de leurs potes sous la protection des robocops.

 

Rennes.

Le 20 octobre à 4 heures, environ soixante étudiants de l'IUT Carrières sociales ont bloqué l'entrée du dépôt de bus. 300 conducteurs attendaient. Vers 9h30, les CRS sont arrivés. Après de rapides sommations d'usage, ils ont avancé sur les barrières et les étudiants ont reculé dans le calme et se sont réfugiés vers le bâtiment, encouragés par les conducteurs voulant les protéger. Un fort mouvement de foule s'est alors produit. Les barrières dépassées, les CRS ont continué à avancer. Des CRS ont coincé et matraqué les conducteurs qui n'avaient pas réussi à s'échapper, trois ont pris des coups de matraque. Ils ont gazé tous ceux qui n'avaient pu entrer se mettre à l'abri, beaucoup plus de conducteurs que d'étudiants. Les CRS ont aussi dirigé leurs gaz sur ceux réfugiés derrière la grille d'enceinte. Après des pourparlers entre les instances présentes, et tandis que l'infirmière de la Star prodiguait les premiers soins, les étudiants ont évacué les lieux. Les conducteurs les ont encadrés protégés et applaudis pour qu'ils puissent sortir des lieux sans encombres.

Les conducteurs révoltés par les violences des CRS, se sont réunis en AG. Une grève intégrale a été votée pour la journée, à 95% des votants.

 

Saint-Denis.

Le 22 octobre, alors que je sortais du travail, j'ai aperçu un groupe de policiers en civil qui contrôlait des jeunes. J'ai vu le policier le plus proche de moi insulter un jeune et lui mettre une claque. J'ai demandé au policier de se calmer. Tout à coup, plusieurs policiers ont surgi derrière mon dos et m'ont plaqué violemment contre le mur:  « Qu'est-ce que t'as? T'es avec eux ? » Je leur ai répondu que je sortais du lycée où je travaille et leur ai répété qu'ils n'avaient pas le droit de se comporter ainsi. Un des policiers m'a dit alors: «  Tu fermes ta gueule », puis il m'a mis une claque pour que je me taise et a continué de m'insulter. Comme je leur ai répété que j'allai témoigner contre leur attitude, l'un des policiers m'a pris par le col et m'a dit: Il Maintenant tu dégages et tu fermes ta gueule.) J'ai retrouvé les trois jeunes contrôlés sur le quai du métro qui m'ont dit qu'ils venaient à peine d'arriver de Gennevilliers pour aller chez le coiffeur à Saint-Denis quand ils ont été violemment contrôlés par les policiers.

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 23:25

 

http://medias.lepost.fr/ill/2010/10/13/h-4-2262886-1286977074.jpg

 

Pioché sur Le Post

 

Mis à jour le 14/10/2010

"La scène se passe hier (mardi, ndlr), vers 19h30-20h à Bastille à Paris", explique au Post Hugo Hayat, l'homme qui a filmé la séquence ci-dessous. Sur cette vidéo postée sur le compte Dailymotion de l'agence de presse Moas Press, on voit un journaliste recevoir des coups de matraque de la part des CRS.

Ce journaliste travaille à Canal +, il s'appelle Thierry Vincent. Il témoigne pour Le Post.

 

1. Le journaliste de Canal + : "Je n'avais jamais vécu ça"

Thierry Vincent, journaliste à Canal +, raconte: "Je suis souvent allé dans des manifs violentes dans le cadre de mon métier, je n'avais jamais vécu ça".

Expliquez-nous le contexte de cette vidéo..


"Cette scène s'est passée mardi vers 20 heures à Bastille (à Paris, ndlr). J'étais allé manifester en tant que simple citoyen. Puis on s'est retrouvé avec des amis. D'un coup, j'ai vu qu'il y avait des échauffourées de l'autre côté, alors j'ai sorti ma carte de presse. On m'a laissé passer derrière, mais c'est lorsque j'ai voulu repartir que cela s'est compliqué."

C'est-à-dire ?


"Sur cette vidéo, je suis énervé car avant j'ai déjà pris des coups de matraque. J'ai vu Hugo Hayat (le cameraman qui a filmé les images), et je lui ai donné l'autorisation de filmer."

Avez-vous déjà vécu ça lors de précédentes manifestations ?


"Je suis souvent allé dans des manifs violentes dans le cadre de mon métier, mais je n'avais jamais vécu ça. D'habitude, les CRS nous laissent passer, au pire ils nous demandent de nous mettre sur le bord. Je pensais que la carte de presse était censée protéger les journalistes.... Car je répète, je n'étais pas du côté de ces manifestants, je n'en faisais pas partie."

Quelles suites voulez-vous donner à cette affaire ?


"Aucune je pense. Ce matin, je suis arrivé tranquillement à la rédaction. J'ai un peu mal au genou, mais c'est plus de la violence psychologique. J'ai été choqué. Pour tout vous dire, j'ai mal dormi cette nuit."


2. Le caméraman: "Les policiers ont tout de suite chargé"

Joint par Le Post, Hugo Hayat, celui qui a filmé la scène pour Moas Press, revient également sur le contexte dans lequel s'est déroulée cette scène. "Cela s'est passé vers 19h30-20 heures hier à Bastille à Paris. Il y avait environ 300 manifestants qui restaient sur cette place. Ils étaient réunis autour d'un feu de joie. Les pompiers sont arrivés pour éteindre le feu, mais ils ont été bloqués par les manifestants. Mais c'était pacifiste".

Le caméraman poursuit: "Les policiers ont tout de suite chargé. La consigne c'était on dégage tout le monde, et on frappe tout de suite. C'était assez violent".

"Quand je vois Thierry Vincent, je le filme, on comprend qu'il s'est déjà fait molester avant. Beaucoup de photographes et d'autres personnes ont aussi été victimes de ces violences", explique Hugo Hayat, qui précise qu'il diffusera d'autres vidéos dans la journée.

3. La préfecture de police, pas encore (?) au courant d'échauffourées

Contactée par Le Post, la préfecture de police de Paris nous a indiqué ne pas avoir eu connaissance "pour l'instant" d'échauffourées dans ce quartier de Paris, mardi soir, mais qu'elle compte refaire un point rapidement.


Mise à jour mercredi 13 octobre à 15h50 : Moas Presse vient de publier une autre vidéo sur laquelle on voit un journaliste de TF1 (selon l'agence de presse) pris lui aussi à partie par les CRS mardi

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 14:59

Pioché sur le site du Codedo

http://codedo.blogspot.com/

 

A l'heure où le sarkozysme aux abois livre les Roms en patûre à l’électorat frontiste, l’ami Maurice Rajsfus vient de publier aux éditions Tartamudo, une bande dessinée illustrée par Mario et Michel d’Agostini, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Le petit Maurice dans la tourmente raconte comment, âgé de 14 ans à l'époque, il échappa à la rafle du Vel d’hiv’, au cours de laquelle plus de 13.000 Juifs furent arrêtés par la police française.


Voici la bande annonce du livre…

 

 

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 13:26

 

http://img825.imageshack.us/img825/8610/29194904.jpg

 

Transmis par Gérard

 

"Je ne sais pas si celui qui est roué de coups par la police perd sa « dignité humaine ». Mais ce dont je suis certain c'est qu'avec le premier coup qui s'abat sur lui, il est dépossédé de ce que nous appellerons provisoirement la confiance dans le monde. Confiance dans le monde. Beaucoup de choses la constituent : par exemple la foi en une causalité à toute épreuve, foi irrationnelle, impossible à justifier logiquement, ou encore la conviction également aveugle de la validité de la conclusion inductive. Un autre élément plus important dans cette confiance -et seul pertinent ici- est la certitude que l'autre va me ménager en fonction de contrats sociaux écrits ou non-écrits, plus exactement qu'il va respecter mon existence physique et dès lors métaphysique. Les frontières de mon corps sont les frontières de mon Moi. La surface de ma peau m'isole du monde étranger : au niveau de cette surface j'ai le droit, si l'on veut que j'aie confiance, de n'avoir à sentir que ce que je veux sentir."

Jean Améry, résistant et juif, analysait ainsi la violence qu'il avait subi de la part de la Gestapo belge en 1943 dans son livre « Par delà le crime et le châtiment ».

Dans la semaine du 27 septembre au 3 octobre 2010, plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées tout à fait arbitrairement dans les rues de Bruxelles à l'occasion d'un campement de protestation contre les politiques migratoires et le régime de contrôle et de répression qui les accompagne.

Toléré par les autorités, ce type de rassemblement ne peut se faire qu'en faisant un certain nombre de compromis avec les forces de police (obtention d'un terrain, parcours de manifestation, contacts quotidiens avec la préfecture...). C'est un fait que nous déplorons, mais que nous acceptons pour avoir la possibilité de sensibiliser un minimum la population à nos inquiétudes et nos analyses du monde existant. Mais par ces compromis, nous savons qu'il nous est impossible de combattre effectivement le régime en place, étant donné qu'aucune action directe ne saurait souffrir d'une négociation avec l'ennemi : on ne combat pas un pouvoir avec son autorisation. La manifestation « familiale » et festive du samedi est donc la seule forme de « contestation » réellement autorisée – et non réprimée - par le pouvoir, bien que cela s'apparente davantage à un carnaval qu'à un acte de révolte. Il est difficile de croire à la portée révolutionnaire de ces représentations médiatiques et spectaculaires.

Devant la violence quotidienne et le racisme décomplexé du système actuel, face au saccage des structures sociales, l'exploitation et la destruction des vies qu'il implique, nous sommes pourtant nombreux à vouloir nous opposer sans attendre que le pouvoir nous y autorise. Ces campements sont donc l'occasion de mener des actions, symboliques ou non, contre les acteurs de notre oppression, en ciblant des institutions, entreprises et organisations non gouvernementales qui participent à la gestion du contrôle que nous subissons continuellement et de façon chaque jour plus inquiétante. Il s'agit pour nous d'exprimer notre opposition de façon radicale. Et on ne saurait parler de violence, puisqu'aucune personne physique n'est jamais prise pour cibles dans nos actions, sauf si elle s'oppose elle-même avec violence à ce que nous entreprenons (policiers). Qu'on se le dise une fois pour toute : nous croyons au sabotage, mais rejetons comme tout-un-chacun la violence physique. Contrairement aux communistes autoritaires, nous désaprouvons toute forme de justice populaire visant à punir collectivement nos détracteurs et opposants. Nous n'avons et ne voulons exercer aucun pouvoir ni aucune autorité, car nous sommes contre toute forme de hiérarchie.


Ceci étant dit, en dehors de toute considération idéologique, je souhaiterais aborder de façon plus personnelle ce qui s'est produit à Bruxelles durant la semaine passée et qui, je n'en doute pas, me laissera des marques profondes et pour longtemps. Pour dire la vérité, j'ai eu du mal à ne pas pleurer une fois rentré chez moi, tant j'ai été secoué par ce que j'ai vu et subi là-bas.

Bien que ces violences aient eu lieu toute la semaine à l'encontre des personnes investies dans le campement, je voudrais focaliser mon récit sur les douze heures durant lesquelles j'ai moi-même été arrêté et placé en prison au cours de la nuit du vendredi 1er au samedi 2 octobre. Ces quelques heures ont eu sur moi comme un effet de marteau, tant ce que j'ai vu n'avait pas de commune mesure avec les violences policières dont j'ai eu l'occasion d'être souvent témoin auparavant. Et à ce propos, je veux dénoncer le relativisme des copains et copines de lutte qui estiment qu'il n'y avait là rien de plus ordinaire. Pour moi, il n'y a pas de banalité du mal à laquelle il faudrait s'habituer ou devant laquelle il faudrait rester de marbre. Il ne suffit pas de dire « Ce ne sont pas des abus, ces flics ont agit en tant que flics, avec une violence qui leur est propre et qui appartient au rôle social et à la fonction répressive du flic » pour expliquer le comportement barbare des policiers. Il existe des paliers dans l'utilisation de la violence. Le coup de matraque en manif n'est pas comparable aux traitements humiliant dans l'enceinte d'un commissariat. Le déchainement isolé des policiers pris individuellement dans la mêlée au cours d'une charge et la torture appliquée collectivement et dans une atmosphère « détendue » à l'abri des regards sont deux choses complètement différentes.

Et ce que nous avons subi au cours de notre arrestation et de notre mise en détention tient pour moi davantage de la torture.

A contrario de la manif-parade du samedi, la manifestation radicale du vendredi prévue au départ de la gare du midi faisait l'objet d'une interdiction de la part des autorités. Si les révolutionnaires avaient attendu l'autorisation des seigneurs pour prendre la Bastille, la République n'aurait jamais existé (et on n'aurait pas eu à s'en plaindre au vu de ce qu'elle nous fait subir). Bien qu'on ne se considère pas comme des révolutionnaires (nous n'avons ni programme, ni solution « prêt-à-adopter » pour changer le système, mais seulement des pistes expérimentales et des idées à faire évoluer), il est pour nous hors de question de négocier avec la police le droit d'occuper la rue (qui soit appartient à tous, soit à personne). C'est pourquoi les autorités avaient à craindre notre présence et ont publié un arrêté interdisant tout rassemblement de plus de cinq personnes aux abords de la gare du Midi et permettant l'arrestation administrative de tous les contrevenants à cet arrêté dictatorial.

Tous les alentours de la gare, à partir de quinze heures, étaient sous blocus policier. Les véhicules de polices étaient stationnés partout, girophares allumés, pour traquer les manifestants. Des centaines de personnes ont été arrêtées, même lorsqu'elles marchaient en groupes de moins de cinq. Si l'on veut être fidèle à l'encyclopédie, le terme « rafle » convient tout a fait à ce type d'opération de police, quoi qu'en disent les plus frileux. L'arbitraire s'est abbatu, bânissant de l'espace public l'expression de certaines idées trop gênantes pour le pouvoir. On peut manifester si cela n'ébranle pas le système. Seul faire semblant est autorisé. Une grande majorité des interpellations a fait l'objet de violences gratuites et d'humiliations, non seulement près de la gare, mais aussi a proximité de la porte de Hal où certains se sont repliés pour échapper à l'étau policier et tenter de manifester quand même. Tout s'est fait dans un calme assourdissant, sans courses poursuites ni opposition physique de la part des personnes interpellées. Echappant aux arrestations de la porte de Hal, quelques personnes dont je faisais partie se sont faites arrêter après avoir rencontré des copains et copines tout juste arrivé.e.s sur Bruxelles.

A partir de là, et dés l'arrêt des véhicules à nos côtés le long du trottoir, les agents de la police fédérale belge, pour certains originaire de Anvers, se sont comportés avec nous de façon arbitraire et humiliante, nous menaçant verbalement et physiquement, plaquant nos visages contre le mur et exerçant des pressions physiques sur certains d'entre nous. Refuser pour une fille d'être palpée par un homme ou protester contre la rudesse du traitement infligé nous a exposé à des coups et des pinces au niveau de la gorge. Les menottes en plastique ont été serrées dans le dos jusqu'au sang de façon à ce que la plupart d'entre nous ait les membres ankylosés. Ils nous ont ensuite assis les uns derrière les autres dans les flaques d'eau, puis ont proféré des insultes et vexations à notre égard pendant près de quarante-cinq minutes, tenant des propos injurieux : « ferme ta gueule !», « on va faire du sexe avec lui... avec ma matraque » (à propos de moi, en flamand), « ça fait longtemps qu'elle n'ont pas vu une bite » (aux filles), « dis au bougnoul de contourner le camion » (à propos d'un passant), « ici, c'est pas la République, c'est la monarchie. Si ça vous plait pas, retournez dans votre pays ! », « tu ressembles à un clochard » (à propos d'un copain), « je hais les gens qui ne travaillent pas »...

Pour la première fois de ma vie, je me suis mis dans la peau des personnes soumises à l'arbitraire des nazis durant la seconde guerre mondiale, le droit de mort constituant la seule différence notable. Ils nous entouraient tous, en nous insultant et en se moquant de nous. Nous étions assis à leur pieds, dans l'eau, les mains entravées et douloureuses, sans que quoi que ce soit ne puisse nous être reproché. Au moment de nous transporter dans le panier à salade, ils m'ont penché en avant et m'ont suspendu avec les mains vers le haut. L'un d'eux m'a mis des coups de genoux dans le torax, pendant qu'un autre me mettait un coup de pied dans la cuisse. Lorsque j'étais assis dans le bus, le premier m'a mis encore une claque. Un copain belge qui nous a rejoint dans le bus a reçu un coup de poing au visage au moment de son arrestation. Une copine qui refusait de se faire palper par un homme a été jetée au sol, la tête écrasée contre le trottoir, tandis qu'un policier lui palpait ostenciblement les fesses. Ces violences faisaient écho à celles déjà subies par d'autres les jours d'avant : un copain anglais recevant un coup de tête dans le visage pour avoir refusé de se laisser prendre en photo, un copain français frappé contre une table pour n'avoir pas voulu signer un papier reconnaissant des faits inventés de « troubles à l'ordre public », des camarades frappés au visage et à la nuque durant la manifestation du mercredi, etc. Il ne s'agissait pas ici d'abus isolés, étant donné que les faits étaient commis en réunion, au vu et au su des officiers, voire avec leur assentiment.

Une fois parvenues au dépôt de police, les centaines de personnes arrêtées ont été rassemblées dans des cellules de vingt personnes (parmi lesquelles des mineurs d'un mouvement de jeunes juifs antisionistes de gauche), tout d'abord avec leurs affaires, puis amenées une par une à la fouille. De notre cellule, on pouvait voir distinctement les conditions de ces fouilles. Un certain nombre de personnes, dés lors qu'elles refusaient d'être palpées par un agent de l'autre sexe, ont reçu des coups. Une fille a ainsi été plaquée avec force sur la table et a reçu des coups de poings. Nous étions invités à signer un papier en flamand sur lequel nous reconnaissions avoir donné nos affaires et du même coup admettions être les auteurs de « troubles à l'ordre public ». J'ai exigé d'avoir la traduction du document avant de signer, mais on m'a enlevé la feuille des mains et signifié de « dégager ». Nous étions 26 dans ma cellule. Il y avait plus de 25 cellules de cette capacité (dont une qualifiée de V.I.P.). L'arrêté affiché sur les murs des cellules nous informait qu'il « ne saurait nous être donné un avocat ». Nous n'avons eu ni repas, ni eau, malgré nos demandes répétées. Injustice à laquelle beaucoup ont répondu en saccageant l'intérieur de leur cellule (lampes, urinoirs, murs et porte). Légitime révolte face à l'arbitraire.

Ce n'est qu'à 5 heures du matin que nous avons été relâchés, ramenés au camp en bus escortés par des fourgons de police.

Nous vivons des heures inquiétantes. L'extrême-droite reprend du poil de la bête. Le fascisme non seulement n'est jamais mort, mais il revient au galop. Les arrestations administratives signalent que le pouvoir n'a plus à s'embarrasser de formalités, il peut réprimer en silence, embarquer tout-un-chacun sans avoir à s'en justifier. Des passants sont traités comme les opposants politiques. Ils reçoivent du gaz et des coups, juste parce qu'il sont dans la rue. Dommages collatéraux, ils n'avaient qu'à pas être là : on est mieux chez soi, seul devant sa télé. La rue, c'est juste pour aller travailler et consommer. Les policiers y règnent en maîtres. Les photographes qui veulent montrer l'inmontrable se font agresser par des policiers en civil qui les menacent de détruire leurs appareils. Les médias font l'impasse sur la répression, servent le pouvoir en place, déversent des statistiques incipides et se réjouissent des laspsus des puissants. Aucune info ne perce, tandis qu'à l'ombre on frappe les indociles et on expulse les indésirables. De toute façon, ce sont des parasites. On leur a construit des prisons spéciales et des cellules à part. A force de coups, ils finiront bien par comprendre qu'il faut fermer sa gueule et marcher droit, consommer et produire, être rentables.

Pour la première fois j'ai eu peur. Pour la première fois, j'ai baissé la tête par peur de me faire casser le nez. Pour la première fois, ma colère s'est transformée en haine. Pourtant, j'étais venu par amour. Par amour pour ces gens que l'Europe veut foutre dehors sans raison, juste parce qu'ils sont nés ailleurs ou vivent différement. Ce que le pouvoir y gagnera, c'est d'avoir face à lui des personnes qui agissent dans l'ombre et qui seront prêtes à tout, parce qu'elles ont tout perdu. Qu'il en soit ainsi, nous ne sommes pas contre. Tant qu'il n'y aura pas de justice, il n'y aura pas de paix.

Dans la nuit du 1er octobre 2010, j'ai perdu ma confiance dans le monde...


Thx

Ian

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